Perçu comme une machine à business, le football est aussi vu comme un sport d’émancipation et de passion. Véritable scène de spectacle lors des grandes compétitions (coupe du monde, ligue des champions…), le chef d’orchestre (l’arbitre) est souvent critiqué et montré du doigt. Mauvais placements et mauvais jugements créent des erreurs d’arbitrage qui font basculer le résultat d’un match. Des outils comme la GLT (Goal Line Technology) et la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) sont mis à sa disposition pour dédramatiser son rôle.

Evolution du nombre de fans de football sur 3 zones
Fan de football (en million)

« Certains pensent que le football est une question de vie ou de mort. Cette attitude me déçoit. Je peux vous assurer que c’est bien plus important que ça. » 


Bill Shankly, entraîneur de Liverpool et amateur de bons mots.

Que veut-on éviter ?

Sport mondial avec des millions de fans sur tout le globe, le football réunit autour du ballon rond. Droits TV, achats de maillot, d’abonnement et de produits dérivés d’un club font fonctionner les rouages du football. Notons qu’en France, un supporter dépense en moyenne 786€ par an (selon l’étude de  Statista European Football Benchmark 2018).

Avec des sommes assez conséquentes en jeu, il est donc nécessaire de lutter contre le mécontentement des fans en proposant un jeu où les erreurs doivent être minimalistes et un riche niveau de jeu. Les supporteurs d’une même équipe victime d’erreurs crient à l’injustice allant jusqu’à qualifier l’équipe bénéficiaire de « tricheur ». Ces comportements créent de la haine provoquant des affrontements entre passionnés adverses, ce qui n’est pas valorisant pour l’image du club et qui peut créer des sanctions des fédérations.

La rapidité de jeu et le déplacement des footballeurs sont des éléments qui peuvent obstruer la vue de l’arbitre. Il ne peut donc pas siffler et sanctionner ce qu’il ne voit pas. Conscient de l’erreur arbitral possible, certains joueurs tentent également de duper l’arbitre pour changer le cours du match en utilisant des vis de jeu: simulations, fautes de main et agressions physiques de l’adversaire à l’abris des regards. 

Le sujet le plus délicat à traiter est celui de la corruption. Difficile à prouver mais évident dans le fond, voir un arbitre ne jamais siffler,et ne jamais voir ce qu’il se passe reste suspicieux. De même qu’une équipe qui ne se donne pas à fond et qui donne l’impression de perdre volontairement. Comment lutter contre cela?


Quels sont les moyens mis en place contre cela et quelles sont leurs limites?

La Goal-Line Technology (GLT)

La Goal-Line Technology permet de savoir quand le ballon franchit entièrement la ligne de but afin d’éviter des cas litigieux. A vitesse réelle, il est difficile de juger de certaines situations par exemple un sauvetage raté sur la ligne de but où on est incapable de dire si il y a eu « but » alors que c’est le cas. Cette technologie indiquera qu’il y a eu un but et l’arbitre devrait recevoir sur sa montre connectée le message « GOAL ». Mais comment est-ce possible?

Tout d’abord, il y a deux types de technologie de GLT. Le premier type est le suivi du ballon à l’aide de 14 caméras et d’un logiciel. Le deuxième type de technologie est le champ magnétique sur le cadre de but, l’introduction de capteurs dans le ballon (par exemple des puces NFC) et le suivi via un logiciel. En introduisant des câbles dans les cages et sous la ligne de but, il est possible de connaitre avec précision si le ballon à franchi la ligne à l’aide d’un logiciel. Ainsi, le logiciel connait la position du ballon (les coordonnées) à chaque instant et il est capable de créer de façon automatisée une animation en 3D en montrant très clairement la position du ballon en fonction de la ligne de but.

Sur le papier, ces innovations sont des solutions ultimes au manque des arbitres mais il y a eu débat voir polémique sur ces outils technologiques où il était question de corruption.

Malheureusement, la faiblesse de la GLT demeure dans la main de celui qui l’utilise car lors d’un but validé par le logiciel, c’est un individu qui envoie manuellement sur la montre de l’arbitre présent sur le terrain. De plus, il est possible de modifier la position du ballon sur les animations créées par le logiciel. 

https://www.youtube.com/watch?v=rilUXE5-ido

L’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR)

La VAR complète l’arbitre et lui permet d’avoir un champ de vision plus large sur le terrain. En effet, il est aidé par une équipe qui se sert des différentes caméras présentes sur l’aire de jeu afin de scruter tous les faits et gestes des joueurs ainsi que les déplacements du ballon. L’appui technologique est sollicité uniquement dans 4 situations: pour valider ou annuler un but, pour accorder ou non un penalty, pour exclure un joueur et pour identifier un joueur.

On est amené à croire que les injustices et les écarts de conduite vont disparaître avec ce dispositif mais la faiblesse de cet outil est qu’il est utilisé à la volonté de l’arbitre central. L’arbitre veut être celui qui contrôle le match de peur d’être remplacé un jour mais la menace n’existe que si il s’obstine à refuser l’aide de la technologie.

Pourquoi est-ce si important de se digitaliser?

De leur côté, les clubs de football font en sortent de mettre les meilleurs équipes sur le terrain avec l’étude des statistiques des joueurs via l’EPTS (systèmes électroniques de suivi et d’évaluation des performances). Avec l’EPTS, il est possible d’obtenir la vitesse de course, le rythme cardiaque, la distance parcourue, activité du joueur… C’est ainsi que la data, or noir des entreprises, est créée et exploitée en temps réel à l’entrainement comme en match par l’équipe technique.

Systèmes électroniques de suivi et d'évaluation des performances
Source: fifa.com

Que nous réserve l’avenir?

La digitalisation des clubs de football a déjà commencé. L’importance de la data crée une activité de vente et d’achat de données notamment des entreprises de paris en ligne, de certains médias et d’autres clubs.
Le futur annonce que l’IA (intelligence artificielle) pourrait prévoir le résultat des matchs de football avec ces données.

Le corps arbitral prendra-il le risque de ne pas s’intégrer à la digitalisation à l’époque où les robots et l’IA sont en plein essor?


Source: Fifa – Le Monde – Passion-Arbitrage