Pourquoi utiliser le numérique en classe ? (5 bénéfices)

Depuis la crise sanitaire, le numérique a fait son entrée à l’école. On parle de “numérique éducatif ». Blogs de classe, cahiers de texte numérique (Pronote), environnement numériques de travail (ENT), classe hybride, visio, téléchargement d’applis éducatives, montée en puissance de l’EdTech… Le paysage éducatif français se remodèle. Avec les vagues successives de la pandémie, les usages évoluent et s’ancrent dans les habitudes. Mais quels sont exactement les bénéfices du numérique éducatif  en classe, pour les élèves  ?

Il n’est plus question de se passer des technologies comme au temps du tout présentiel. Ni de passer définitivement au tout numérique : l’école est un lieu de rencontres. L’école intègre simplement le numérique dans sa palette d’outils, pour fonctionner avec son temps.

 

La question préalable des écrans 

J’ai rédigé un précédent article sur les effets des écrans. Je vous invite à le lire si vous  vous demandez que penser… Entre la diabolisation des écrans (ils vont ruiner le cerveau des enfants) et le fatalisme ultra-résigné (les écrans sont partout, on ne peut pas lutter), la vérité est peut-être ailleurs.

Si vous n’avez pas lu cet article, alerte spoiler ! Après de nombreuses recherches sur le sujet, la conclusion de cette vaste question est…

NON, les écrans ne sont pas intrinsèquement dangereux pour les enfants. 

Certes, il y a des règles de bon sens à respecter (les balises 3-6-9-12, la règle des 3C, les « 4 PAS »), mais regarder un écran n’est pas, en soi, nocif . Ça dépend de beaucoup de facteurs et notamment du contexte, du contenu… en somme et pour faire simple, de l’usage qu’on en fait.

Pourquoi ai-je voulu clarifier ce point ? 

Parce que pour beaucoup d’éducateurs, professeurs et parents, la nocivité présumée des écrans était souvent un frein à l’utilisation du numérique en classe. 

 

5 bénéfices du numérique à l’école

Pour les élèves, les bénéfices des technologies au service de l’éducation sont nombreux. Enjeux éthiques, sociétaux, informationnels, économiques, techniques, sociaux… 

Mais surtout, c’est un appui pour les apprentissages.

Le numérique peut aider à mieux apprendre au quotidien, et à se préparer à apprendre tout au long de la vie. 

Dans son ouvrage “Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines”, le neuroscientifique Stanislas Dehaene identifie 4 piliers de l’apprentissage : 

  • l’attention 
  • l’engagement actif
  • le feedback / retour sur erreur
  • la consolidation 

Comment le numérique peut venir en appui de certaines activités d’apprentissage ?

Comme l’illustre le tableau ci-dessous, le logiciel peut :

  • capter l’attention des élèves
  • créer plus d’engagement des élèves dans l’activité
  • fournir un feedback immédiat, aussi souvent que nécessaire (ce qu’un enseignant ne peut pas faire avec 30 élèves !)
  • automatiser et répéter les exercices à l’infini, sans jugement, pour consolider les apprentissages

 

1. Adaptive learning : des apprentissages personnalisés

Un des problèmes de l’école réside dans son caractère trop standardisé : « one size fits all ». L’école ne s’adapte pas aux spécificités des individus. Les pays qui pratiquent une éducation innovante personnalisent les parcours d’apprentissage avec l’adaptive learning. On ne peut pas reprocher à l’enseignant de ne pas donner un cours particulier à chaque élève lorsqu’il a devant lui 30 profils différents, mais le numérique et surtout l’Intelligence artificielle peut le faire. Et non pas ponctuellement mais tout au long de la séance de travail !

Le numérique permet de faciliter la différenciation pédagogique

Pour les élèves à besoins éducatifs spécifiques (ponctuellement tels les élèves ne parlant pas couramment français ou étant malades… ou bien des élèves avec des blocages persistants), cette différenciation ne suffit pas et il faut aller plus loin. On parle alors d’adaptation et de personnalisation des apprentissages. Il existe même des solutions avec IA qui détectent les expressions des enfants  pour identifier leurs difficultés, ou leur manque de concentration…  L’élève baille ? On change le contenu du cours !

Avec le numérique, on apprend selon son rythme et son niveau, on peut aussi traiter différents sujets selon l’intérêt de chacun. Personnaliser les apprentissages et tenir compte des singularités de chaque élève, c’est un facteur de bien-être à l’école.

2. Une école plus inclusive

La personnalisation des apprentissages amène plus d’inclusion.

Et les outils pédagogiques numériques permettent de mieux prendre en charge des élèves à besoins spécifiques (comme les troubles DYS, TDA/H, TSA…).

Les enfants ne sont pas tous sur la même trajectoire : il est inutile de chercher à imposer “la tyrannie des programmes”, en délaissant nombres d’entre eux. Il vaut mieux leur proposer des activités dans leur “zone proximale de développement” (concept du pédagogue psychologue Lev Vygotski). Le but ? Que l’élève ne s’ennuie pas, ni ne soit découragé par une trop grande difficulté.

Chaque année, on évalue désormais les CP et CE1 en début d’année pour donner une cartographie de sa classe à l’enseignant et qu’il s’adapte au mieux aux besoins de son public (sa classe). De la même manière, le numérique peut aider l’enseignant à repérer (vs exclure) les élèves aux besoins spécifiques. Une fois repéré, l’élève à besoins spécifique pourra bénéficier de logiciels qui l’aident à progresser à son rythme et malgré ses difficultés. Les possibilités sont décuplées avec le numérique.

Un exemple avec Kaligo une application qui aide à l’apprentissage de l’écriture : Kaligo détecte le tracé des doigts sur la tablette, la pression exercée… Les enfants s’entraînent et l’enseignant peut savoir avec beaucoup de précision là où son aide est requise.

3. Apprendre en autonomie

Avec le numérique, on apprend autrement. On ne demande plus à toute une classe d’écouter dans un silence religieux (et dans la plus grande passivité !), un enseignant qui fait cours magistralement au tableau.

Le numérique permet à l’élève de devenir acteur de son apprentissage.

A l’inverse des pédagogies de la découverte où l’enfant fait ce qu’il veut – mais dont on a démontré qu’elles étaient peu efficaces en réalité – l’enseignant peut travailler en montrant plusieurs activités à l’enfant, qui choisit vers lesquelles il a envie d’aller, selon où le pousse sa curiosité. L’élève choisit une activité numérique choisie et démontrée par l’enseignant et ensuite il la mène en autonomie. Cela crée de la confiance en soi. D’autant plus qu’il n’y a pas de jugement du logiciel. Il n’a pas à craindre le regard des camarades ou le jugement du professeur.

D’autre part, les logiciels permettent à l’enfant de s’auto-évaluer, il progresse donc en autonomie.

4. Développer les compétences du 21e siècle

Le numérique contribue à développer les compétences douces ou soft skills qui seront indispensables aux élèves demain. Ces par exemple le cas en travaillant en mode projet, en classe flexible…

Ces “méta-compétences” sont traditionnellement opposées aux compétences techniques ou académiques (or les connaissances, autrefois hégémoniques, sont amenées à être supplantées par des compétences plus intemporelles).

En effet, le monde du travail est remodelé par la technologie. On devra de plus en plus souvent changer de métier au cours d’une carrière, les cycles professionnels seront de plus en plus courts. Cela nécessitera des compétences transférables, utilisables tout au long de la vie professionnelle. Par ailleurs, face à l’essor de l’intelligence artificielle, ce sont les compétences humaines – non informatisables – qui prennent de la valeur. 

Quelles sont donc ces compétences du 21e siècle ? 

Elles recouvrent un ensemble de compétences cognitives et d’habiletés psychosociales (compétences socio-comportementales) :

  • autonomie
  • coopération / collaboration 
  • résolution de problème
  • confiance en soi
  • créativité
  • interdisciplinarité
  • communication
  • pensée critique 
  • empathie
  • adaptabilité
  • capacité d’agir…

Ces compétences du 21e siècle garantissent aux élèves une meilleure employabilité future, et favorisent la réussite scolaire. Elles permettent d’instaurer un meilleur climat en classe, plus favorable aux apprentissages.

Mais elles ne s’apprennent pas de façon théorique en cours magistral. Elles s’expérimentent et s’acquièrent dans la pratique. 

5. Acquérir une culture numérique et de bonnes pratiques 

Apprendre les sciences numériques en tant que discipline, revient à donner aux élèves le pouvoir sur la technologie. 

Le mythe persiste mais il n’y a pas de génération de digital natives qui sache, par essence, tout du numérique. La culture numérique résulte d’un apprentissage, qui devient essentiel pour former de futurs citoyens éclairés et responsables. 

  • Apprendre à coder

Pas pour former des programmateurs, mais pour permettre aux élèves de comprendre la technologie. Le code développe de nombreuses autres compétences : la capacité d’abstraction et de résolution de problème, la pensée logique comme pour les mathématiques et la grammaire… 

  • Apprendre la pensée informatique

C’est capacité de résolution de problème. L’élève doit décomposer un problème en sous-problèmes à résoudre comme le ferait un ordinateur. Cela nécessite : de très bien connaître le problème qu’on veut résoudre, de prévoir tous les cas de figures … Cette compétence est jugée indispensable pour former les citoyens du 21e siècle. C’est ce que font les startups Colori et Magic Makers,  en apprenant aux enfants à coder dès la maternelle, même sans écrans !

  • Comprendre l’IA

Afin de l’utiliser pour ses forces et déjouer ses risques. On dit que l’IA est la nouvelle électricité. Si seulement certains y sont formés, et d’autres laissés dans l’ignorance, cela créera une fracture sociale et beaucoup d’inégalité. Il faut démystifier la technologie et former les élèves à la connaissance des différentes IA (l’intelligence artificielle symbolique, qui fonctionne sur des règles de logique ; l’intelligence artificielle connexionniste capable d’apprentissage automatique, basée sur les réseaux de neurones artificiels…).

Maîtriser  la technologie permettra d’éviter les biais (involontaires) tout comme une utilisation néfaste de cet extraordinaire outil. Comprendre l’IA, c’est aussi utile que de comprendre la programmation sans pour autant vouloir que tous les enfants finissent codeurs. Il s’agit d’y être acculturé, de savoir que ce n’est pas magique mais d’en comprendre le fonctionnement, pour faire des élèves de futurs acteurs responsables.

  • Eduquer aux médias et à l’information

L’éducation aux médias et à l’information (EIM) est une matière au programme à l’école primaire, au collège et au lycée.

A l’ère des fake news, des théories du complot véhiculées par Internet et les réseaux sociaux, il est indispensable que les élèves puissent naviguer de façon éclairée dans le vaste océan d’informations.

Rien de mieux que de soi-même expérimenter des usages numériques (création de podcast, tenu d’un blog) pour :

  • se forger un avis et  jugement moral
  • développer sa citoyenneté éthique
  • pratiquer l’esprit critique (une compétence du 21e siècle). 

⇒ Des scénarios et ressources à utiliser en classe sont proposés sur les sites d’EDUSCOL et du CLEMI, le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information. Il existe de nombreux tutos et blogs  sur le sujet. 

Un exemple avec cette conférence TED d’une enseignante de primaire, qui apprend à ses élèves à débusquer les fake news : Info ou Intox ? | Rose-Marie Farinella | TEDxIMTLilleDouai 

 

Des enjeux qui dépassent le numérique éducatif

Pour conclure : le sujet du numérique éducatif ou numérique pour l’éducation, c’est aussi le sujet plus vaste de l’avenir de l’école à l’ère du numérique

C’est-à-dire que parmi les divers leviers envisageables, le numérique peut aider l’école à atteindre plus facilement ses objectifs. 

La modernisation de l’école par et grâce au numérique est à portée de clic !

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Pour aller plus loin :