L’imprimante 3D se considère comme la prochaine révolution en terme de consommation vestimentaire, l’est-elle réellement ?

 

Vers une Mode 3.0

Aujourd’hui la mode évolue à vitesse grand V entre l’achat en boutique et sur Internet en accédant, à porter de mains ou de clics, aux marques et styles au quatre coins du monde.

Si Internet a déjà changé la façon de consommer dans un premier temps sur ordinateur puis sur mobile, l’imprimante 3D pourrait devenir la prochaine étape disruptive dans l’industrie de la mode.

Et il suffit d’aller sur Pinterest pour comprendre l’intérêt des vêtements imprimés en 3D.

 

L’imprimante 3D chez les créateurs

Création Iris Van Herpen

Collection 3D – Iris Van Herpen

Certains grands créateurs ont compris l’intérêt de l’imprimante 3D et nous avons pu apprécier depuis quelques années leurs modèles. Un exemple, Alexander McQueen, avec la création de la “Dragon Shoe” en 2010, fut précurseur dans l’industrie de la Mode.

Les collections d’Iris Van Herpen réalisées par la prouesse de l’imprimante 3D sont des plus remarquables avec des robes en forme de squelette. Ces réalisations figurent aujourd’hui comme symbole de la mode 3D.

 

 La démocratisation de l’imprimante 3D

Démocratisation… le terme est un peu fort. Je ne vous parle pas de se procurer des pièces de création mais de pouvoir confectionner ses propres vêtements via son imprimante 3D, c’est à dire d’être son propre designer !

Si vous ne possédez pas d’imprimante 3D, ce n’est pas un problème puisque les FabLabs donnent accès à des imprimantes 3D  dans leurs locaux parfois gratuitement ou moyennant une adhésion. Vous pouvez vérifier si un Fablab existe près de chez vous sur le site de Markertour qui recense 50 Fablabs en France et en Europe.

Si vous n’avez pas l’inspiration créative, vous pouvez toujours utiliser des fichiers Open Source sur Internet comme Thingiverse ou Yeggi permettant ensuite de modifier les pièces sous le logiciel SketchUp.

Dans un registre plus proche de la mode, Jweel rend la création et la personnalisation de bijoux 3D accessible. Parfait pour les idées de cadeaux de fin d’année !

 

Danit Peleg

Danit Peleg au TedYouth2015 à Brooklyn,NY

Danit Peleg a d’ailleurs démontré tout le potentiel de ce nouvel outil en créant, pour son projet de fin d’étude en Fashion Design, une collection entièrement réalisée à l’aide d’imprimante 3D accessible au grand public.

En effet, elle explique que cette innovation deviendra notre propre boutique ou même dressing. Par exemple, on peut s’imaginer partir en voyage sans valise et imprimer nos vêtements à l’hôtel.

Non seulement fini l’angoisse de payer un supplément de bagage à l’aéroport mais en plus on pourra choisir ses vêtements selon ses envies et à la dernière minute. Bon, j’admets le dernier point a encore besoin de s’ajuster afin de réduire le temps d’impression, mais pourquoi pas ?

Par ailleurs, s’ajoute la taille qui grâce à l’imprimante 3D se réalise sur-mesure et s’adapte à chaque morphologie ! Complètement disruptif !

 

Post Couture Collective, une start-up hollandaise, va même plus loin en proposant de télécharger les patrons de robes, jupes et T-shirts en indiquant au préalable les mensurations.

Laser-cutting-snowflakes

Imprimante de découpe laser utilisée en Fablab

Une fois le patron téléchargé, le vêtement est modifiable et customisable puisqu’il se trouve en format Open Source. Ensuite, il suffit simplement de l’imprimer en Fablab en utilisant un tissu recyclé que l’on peut se procurer sur le site Post Couture Collective. 

L’impression est différente du concept 3D qui se confectionne à base de plastique, puisque cette méthode utilise l’imprimante laser afin de découper un tissu plus confortable que la matière plastique.

 

Les axes d’amélioration

Avant de court-circuiter les différents canaux de commercialisation liés à la mode, l’imprimante 3D a encore des progrès à faire afin d’être optimum.

Tout d’abord le temps d’impression est encore trop lent. J’ai pu vite m’en rendre compte en souhaitant imprimant de petites pièces customisant les robots humanoïdes RQ-Huno. Deux heures pour une tête de robot de 4 centimètres de hauteur, c’est un peu long.

La technique de Post Couture Collective se limite pour l’instant aux Pays-Bas et peu de créations 3D sont accessibles sur la toile. Cela limite au plastique et aux couleurs uniformes et peu variés.
On commence à parler de l’imprimante 4D avec des matériaux intelligents et modulables. Imaginez-vous avoir un bout de tissu et il s’adapte automatiquement à votre morphologie!

Et enfin le coût de l’imprimante 3D, de l’adhésion à la Fablab et des matières premières utilisées à la fabrication est encore un frein pour de nombreuses personnes.

Peut-on dire que l’imprimante 4D sera la véritable innovation attendue dans la mode ?