A la rencontre de Thierry Pires expert en stratégie mobile, country manager chez Snapfish, auteur de deux livres Marketing Mobile en 2013 et M-Commerce en 2016, major de sa promo du MBAMCI, blogger, speaker et enseignant en école de commerce.

 

L’année 2016 confirme la relation fusionnelle entre les Français et le smartphone et consacre le mobile au coeur de la stratégie digitale avec 2 aboutissements importants :

  • le mobile arrive pour la première fois en tête des équipements digitaux
  • le mobile prend de l’ampleur dans les plans médias

Thierry, tu t’y attendais à une croissance si rapide du mobile?

Le Mobile First c’était déjà une évidence en 2011 quand j’écrivais ma thèse pro, “Comment intégrer le marketing mobile dans une stratégie marketing globale?”.

La seule difficulté était de prédire le Tempo en France car il nous manquait des études de référence telles que le baromètre du Marketing Mobile de la MMAF, pour une prise de conscience générale. S’appuyer sur ce type de référence c’est le bon réflexe pour écarter tous nos préjugés loin des réalités du marché.

A l’époque, je commençais à partager sur mon Blog, marketing-webmobile.fr mes premiers chapitres de thèse pro, et l’une de mes interview accordé au blog smartphon.fr s’intitulé “Le web de demain sera mobile !” Titre qui prend tout son sens aujourd’hui, car les sessions “mobinautes” à l’Internet  sont plus nombreuses que celles des “internautes”. En réalité, il ne faut pas les opposer puisqu’on parle des mêmes personnes hyper-connectés et surtout sur multi-écran. Ce sont surtout les comportements des utilisateurs qui ont énormément changé via le mobile, notamment le parcours client truffé d’opportunité à saisir.

Aujourd’hui nous sommes en pleine maturité des dispositifs mobile (Web, App, leviers d’acquisition ou de fidélisation) mais il subsiste bien des annonceurs à convaincre de passer le cap de cette transformation qui en appelle d’autres.

 

 

Infographie Mobile First. Bilan 2016 et tendances 2017.

Infographie Mobile First bilan 2016 et tendances 2017.  RELATIA.

 

En 2017 quelles sont les incontournables du mobile?

Pour moi il y a toujours un rattrapage à mener; souvent quand on parle de mobile on montre des show-cases de business soit 100% app, ou un mix de dispositifs web mobile et app mobile, mais ce sont des beaux arbres qui cachent une forêt de dispositifs à transformer avant de subir l’uberisation. On sait tous ce qu’il faut faire, les investissements progressent mais ne sont pas à la mesure des opportunités et à la hauteur des nos prédécesseurs dans les pays matures comme UK et l’Allemagne.

Le Next Step est de développer le M-Commerce au sens large du terme, cad, pas seulement l’attribution du last touch qui représente 20-25% du e-commerce (Fevad) en France, mais bien toutes les contributions du mobile dans les ventes en retail ou sur le web. J’espère que mon livre apportera une petite contribution en la matière 😉

 

En 2020 en France il y aura la 5G, qu’est-ce que cela va changer ?

Cela va bien évidemment procurer des nouvelles opportunités pour les utilisateurs, les annonceurs et les éditeurs de site ou d’application. La largeur du tuyau et la rapidité exponentielle du transfert des données vont permettre de proposer de la vidéo de très haute qualité (la friandise la plus consommée par les mobinautes en terme de data) et probablement accélérer les opportunités autour de la Réalité Augmentée (tel qu’on a pu le voir l’été dernier avec Pokemon Go). Il faut se mettre en veille autour de ça, observer ce qui se passe par exemple en Corée du Sud qui est déjà dotée de la 5G et se préparer à adopter de nouveaux dispositifs. En tout cas en profiter pour apporter de la valeur perçue à ses clients/prospects.

Au delà de ces perspectives, j’ai pu constater que l’arrivée de la 4G a également contribué au développement et à l’usage plus important du web mobile. Cela à coïncider à la finalisation des API HTML5, à la pression de Google pour favoriser le web mobile auprès des annonceurs. L’AMP est un exemple d’initiative qui devrait favoriser l’adoption d’une longue tail de petits et moyens annonceurs. On peut donc s’attendre aussi à de nouvelle perspectives de la part du W3C d’ici là.

 

Comment on reconnait un phénomène émergeant qui va disrupter le marché ?

Pas évident, c’est sure car dans nos business respectifs, il faut déjà “délivrer” le revenu avec ce dont on dispose et parfois on manque de temps pour s’apercevoir qu’il est trop tard.

Evidemment, il faut faire de la veille, identifier les signes avant-coureur, voir s’il y a des vrais Early-adopter, comprendre s’il s’agit de prémices d’un cycle plus mainstream et qui aboutira à la pleine maturité.

 

 

Tu partageais avec moi la semaine dernière ces tatoo éphémères qui permettent de piloter des fonctions du smartphone, c’est une fenêtre à d’autres opportunités, ce sont des prémices de quelque chose . Et ces prémices il y en a de partout tout le temps et dans le digital il faut être capable d’être en veille, assimiler, interpréter et anticiper dans son business plan.

 

 

Quel acteur faut-il suivre? 

Wechat en Chine est l’exemple type de l’app devenu SUPER APP, All in One App.
Pendant des années on nous a expliqué qu’une App était égale à un service. Oui mais non, il y a des nuances et de quoi tout remettre au cause du jour au lendemain en permanence.

 

 

WeChat en Chine, naît en tant que chat, aujourd’hui cette application mobile, utilisée par 846 millions de chinois, est devenu une appli couteaux suisse, elle peut tout faire et on peut tout payer en une tap de doigt. Tencent a transformé son application de messagerie en une plateforme commerciale, devenant un des rares acteurs de one-click shopping grâce à son portail de service O2O. Aujourd’hui WeChat Pay compte près de 400 millions d’utilisateurs.

Avec une telle part de marché et un tel taux de pénétration Wechat c’est l’internet (intranet en réalité coupée du monde extérieur) des chinois.

Les GAFA et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) sont évidemment à suivre compte tenu de leur poids dans l’économie mondiale, leurs influences auprès des utilisateurs avec leurs nouveaux modèles et surtout comme nouveaux carrefour d’audience permettant d’atteindre ses cibles. Il faut ré-apprendre à pêcher le poisson là ou il se trouve (tiré d’une expression anglaise).
A l’instar de WeChat en Chine, Facebook a su créer l’amalgame auprès d’un certain public américain qui pense que Facebook c’est l’Internet.

D’ailleurs, point extrêmement important, il y a plusieurs études qui montrent qu’il faut considérer le browser de Facebook dans la compatibilité de ce qu’on développe car ce browser est omniprésent dans l’utilisation des  utilisateurs.

Facebook c’est quasi 2 Milliards d’individus dans le monde, dont 90% mobinautes, il faut donc un contenu adapté à ce browser!

 

Donc Facebook va devenir le WeChat de l’ouest?

Peut-être à moyen ou long termes, car Wechat a aussi connu une accélération fulgurante dans son domaine grâce à l’aide ou la pression du gouvernement chinois qui contrôle toutes les données.  Avec les outils essentielles que développe Facebook entre Messenger et WhatsApp il y aura probablement un passage de la monétisation des espaces que l’on connait aujourd’hui à la transaction directes tel que sur WeChat. A suivre donc…

Ce qui est certain c’est que en tant que annonceurs ne pas avoir de présence sur Facebook c’est passer à côté des ces parts d’audience massives.

 

Quel rôle joue le mobile dans la data?

Le mobile joue un rôle clé pour la data qui devient le nouvel or noir en l’occurrence :

Entre les données standards (récoltées sur le web ou l’app), les données déclarées par l’utilisateur, les données comportementales, voir les données tierces, le mobile en procure énormément en temps réel.

Ce qui constituent autant de trigger marketing pour déclencher des actions automatisées. Il faut poser des trackers, pixels, SDK, cookies, vérifier les remontées quantitatives et analyser le tout pour déterminer les opportunités et les transformer. Pour le tracking web mobile, pas de grandes différences avec les outils du web (Google Analytics ou Adobe Analytics).
Pour le tracking sur App mobile il y a des dispositifs type Tune, qui te fourni un sdk que tu intègres à ton application. Ensuite, tu disposes d’une interface en SAAS qui te permet de créer tes campagnes trackées et piloter les performances. Il te faut des liens trackés par type et sources de dispositifs et ces liens trackés vont te générer du download, des ouvertures d’application, de création de comptes, des leads, des commandes, du revenu, du churn… jusqu’à l’appréciation de la life time value, ndr il ya 2 pages spéciales KPIs dans le livre M-Commerce de Thierry Pires.

Encore une fois, cette Data est essentielle pour la confronter aux investissements et prendre les meilleurs décisions de gestion ainsi que les meilleurs messages publicitaires, avec toujours ce leitmotiv d’adresser le meilleur message à la bonne personne et au bon moment.

 

Le gaming et la réalité augmenté c’est la chasse à la data?

Oui bien sure et aujourd’hui on pense à Pokemon Go et à comment BUT à surfé sur cette vague l’été dernier pour générer du trafic sur une cible plus jeune avec #ButAttrapezLesTous. Mais la techno existe déjà depuis longtemps, j’en ai parlé dans mon 1er livre, Marketing Mobileavec le cas La Redoute qui a développé  une chasse au trésor dans 8 villes en France avec une appli street-shopping qui te guide vers le cadeau, en surimpression tu as un beau paquet cadeau rose, tu tapes dessus pour découvrir ce que tu as gagné avec un gamification tout autour.

Il ne faut pas oublier que nous avons entre nos mains de la technologie de pointe issue d’appareils militaires. Entre la transmission par ondes radio venue de Talky-Walky des GIs américains lors de la deuxième guerre mondiale, couplé au réseau Arpanet devenu par la suite Internet. Nous l’avons depuis démocratisée, amplifiée mainstream, rendue accessible à toutes âges et à tous les usages.

 

Pour conclure, Thierry quel conseil tu peux donner aux étudiants du MBA digital?

Je pense que depuis ma remise de diplôme à aujourd’hui (ça fait déjà une poignée d’année maintenant), le cursus MBAMCI a toujours su évoluer et s’est continuellement adapté aux changements, en mode #AdaptOrDie, pour finalement figurer continuellement au top du classement SMBG. Il y a de toute évidence, un travail de fonds qui porte ses fruits donc BRAVO à tous les contributeurs ! Atteindre ce top et surtout y rester c’est déterminant pour l’ensemble du réseau des anciens à bien des égards.
Je conseille très simplement à tous les étudiants de porter un focus particulier, le temps de leur passage dans l’année scolaire qui s’écoule, et de miser tous leurs efforts dans l’écoute, le questionnement et le partage (le meilleur moyen de monter son réseau pro). Et de faire échos de tous les bénéfices de cette formation autour d’eux.

Dans cette logique, j’ai adopté une approche un peu disruptive à l’époque, lors de cette prise de conscience du mobile en 2011, j’en ai fait ma thèse, j’ai publié chaque chapitre sur mon blog, relayé le tout sur les réseaux sociaux, pour confronter mes idées auprès de mes paires, pour finalement écrire un premier livre sur le sujet.

En tout cas je leur dis d’être fier de ce qu’ils vont faire cette année là, de faire le maximum dans leurs démarches car c’est une parenthèse qu’il faut jouer à fond.

Mon plus grand bénéfice de cette formation MBAMCI c’est l’ouverture (écarter les oeillères du quotidien) et la prise de conscience que cet écosystème digital bouleverse tout sur son passage mais est tout aussi capable de développer des rencontres enrichissantes #IRL (InRealLife).