La lumière bleue est partout, la voyez-vous ? C’est elle qui illumine l’écran de votre smartphone, de votre ordinateur, de votre téléviseur et de votre tablette numérique. C’est elle qui vous éclaire au boulot, à la maison, sur la route, au club de sport. Sa faible consommation d’énergie et sa longue durée en font un choix économique et écologique. Mais l’impact de la lumière bleue sur nos yeux et sur nos habitudes avec les écrans en fait-elle un atout ou un danger ?

La lumière et la lumière bleue

La lumière bleue se situe entre le spectre visible et non visible.

Définissons d’abord la lumière : elle est composée de particules électromagnétiques qui se déplacent par ondes. Ces ondes émettent de l’énergie dont la portée et la force sont variables. Plus la longueur d’onde est courte, plus l’énergie produite est grande. Chaque longueur d’onde est représentée par une couleur différente mais l’œil humain ne réagit qu’à une partie du spectre, celle de la lumière visible qui contient toutes les couleurs que vous connaissez. Chaque couleur correspond à une longueur d’onde précise : le bleu, lui, correspond à une longueur d’onde entre 478 et 483 nm (nanomètre).

L’usage des écrans étant étroitement lié à la vue, voyons comment l’œil réagit à cette lumière bleue, aussi appelée HEV (Haute Énergie Visible).

Des bienfaits … mais pas pour vos yeux

En fait, la lumière bleue se retrouve partout. A l’extérieur, la lumière du soleil pénètre l’atmosphère. La longueur d’onde bleue plus courte, qui renferme une plus grande quantité d’énergie, entre en collision avec les molécules d’air et provoque la diffusion de la lumière bleue partout : cela explique le bleu du ciel. Notre corps utilise la lumière bleue naturelle provenant du soleil pour réguler nos cycles de sommeil et d’éveil.

La lumière bleue favorise également la vigilance, accroît la vitesse de réaction, rehausse la bonne humeur et augmente la sensation de bien-être. Nous avons tous déjà ressenti ces bienfaits. Des effets thérapeutiques de la lumière bleue ont aussi été identifiés dans des domaines variés : le travail de nuit et décalage horaire, le traitement de l’acné, le traitement du cancer de la peau, etc. Pas d’effet positif de la lumière bleue sur les yeux … au contraire.

Prendre en compte ses effets nocifs

Des études suggèrent qu’au fil du temps, une exposition à la partie bleue (surtout le bleu-violet) du spectre de lumière est susceptible de causer des dommages à long terme néfastes à nos yeux.
La longueur d’onde bleue plus courte que les autres provoque la diffusion de la lumière bleue partout et scintille plus facilement que les autres ondes plus longues ou plus faibles.
«Les études montrent que la lumière bleue produit des modifications moléculaires au niveau de la rétine, du cristallin et de la cornée, précise Nicolas Fontaine, professeur adjoint à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal. Elle transforme certaines molécules en radicaux libres, créant ainsi un vieillissement prématuré des structures de l’œil, tandis que d’autres molécules deviennent phototoxiques et créent des dommages potentiels aux tissus.»

Les filtres naturels de nos yeux n’offrent pas suffisamment de protection contre la lumière bleue générée par les rayons du soleil, et encore moins la lumière bleue provenant de ces appareils ou de la lumière bleue émise par les tubes fluorescents (LED) et par l’éclairage de la plupart des écrans numériques (téléviseurs, ordinateurs, smartphones, tablettes mais pas les liseuses).
Sachant qu’en moyenne les Français passent plusieurs heures par jour sur les écrans, on ne peut que prendre la question au sérieux.

«On est en train d’augmenter la proportion de bleu à laquelle on est exposé au quotidien. On suppose qu’à long terme, il pourrait y avoir des dommages, mais ce n’est pas encore connu.» ajoute Nicolas Fontaine.

On peut néanmoins déjà mentionner les dommages à court terme. Le type de scintillement de la lumière bleue provoque un éblouissement qui peut réduire le contraste visuel et affecter l’acuité, donc nuire à la clarté. Ce scintillement et cet éblouissement peuvent être la cause de la fatigue visuelle : selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) 47% des Français* disent avoir déjà ressenti des troubles visuels causés par une utilisation prolongée d’un écran. Ces symptômes sont davantage observés chez les jeunes de 16 à 25 ans qui passent désormais plus de temps que les adultes sur les écrans (7,5 h/jour). En plus de cette fatigue, des maux de tête, de fatigue mentale et physique peuvent être ressentis après de nombreuses heures passées devant un écran. Une exposition prolongée à la lumière bleue peut endommager la rétine et contribuer à la dégénérescence maculaire liée à l’âge qui peut entraîner la cécité.

Des solutions de protection existent

Si les sources de lumière bleue naturelles et artificielles se retrouvent partout, il est essentiel d’apprendre à faire avec en se protégeant régulièrement. Même s’il n’existe aucune norme pour une utilisation sans danger des écrans, on peut néanmoins adopter certaines habitudes afin de prévenir une trop grande exposition. Qui est concerné par ces exemples de recommandation ? Surtout les enfants dont les yeux sont plus sensibles à la lumière, les personnes sans cristallin ou avec cristallin artificiel, les consommateurs de médicaments photosensibilisants, les personnes ayant une maladie oculaire et aussi les personnes qui passent huit heures par jour devant un écran (donc vous et moi).

• Vous évitez l’utilisation d’écrans tactiles en soirée.
• Vous optez pour une lumière chaude (jaune) et tamisée dans la chambre à coucher.
• Vous vous tenez à une distance minimale d’un avant-bras devant une source lumineuse de 21 x 27 cm minimum.
• Vous réduisez légèrement la luminosité de l’écran.
• Vous ne fixez pas la lumière bleue d’éclairage LED.
• Vous évitez la lumière bleue dans les endroits et objets destinés aux enfants (veilleuse, consoles, salle de jeu, etc.).
• Vous diminuez si possible le temps d’exposition.

Vous utilisez de manière prolongée et fréquente les écrans ? La bonne nouvelle, c’est que plusieurs solutions existent. Vous pouvez installer le logiciel F.lux qui définit automatiquement la luminosité de l’écran (ordinateur ou smartphone ou tablette) ou porter des verres protecteurs.

Les verres protecteurs empêchent une partie de la lumière bleue (surtout le bleu-violet) d’atteindre la rétine en la réfléchissant. Une trentaine de modèles de lunettes de protection anti-lumière bleue fabriquées par les marques LDLC, Gunnar et Konixest sont vendues à partir de 30 euros jusqu’à presque 100 euros chez LDLC. Certains modèles sont des lunettes de confort oculaire pour la bureautique et d’autres modèles sont conçus pour les gamers, comme ceux proposés par la marque française Lusee.

Avec des verres protecteurs spécialement conçus pour bloquer la lumière bleue, on diminue l’inconfort de moitié, indique Nicolas Fontaine, qui a mené une étude sur le sujet.

Le fabricant de lunette anti-fatigue Gunnar résume bien en vidéo tous les points abordés ici : la lumière bleue, ses impacts et la protection adaptée. Et 39 secondes de plus passées sur écran ne devraient pas trop fatiguer vos yeux !