Blockchain et Data : duo gagnant ?
Avant d’arriver à cette conclusion, faisons un rapide état des lieux de l’utilisation de la donnée personnelle sur les sites de vente en ligne.
Le constat est sans appel…nos données personnelles ne nous appartiennent plus !
Tous les jours nos données et notre comportement lors de nos parcours d’achat sont trackés, stockés et analysés par les marques. Sans oublier que les plus grosses plateformes, incluant bien entendu les GAFAM, se rémunèrent avec l’agrégation de ces mêmes données au travers de leurs régies publicitaires.
L’utilisateur est quant à lui complètement exclu de la chaîne de valeurs de la data.
Face à l’essor du Bigdata, plusieurs questions sont soulevées… Où sont stockées les données ? Comment sont-elles gérées ? Sont-elles réellement maîtrisées ?
La dernière étude Gemalto de 2018 du “Data Security Confidence Index” dresse un constat accablant sur la gestion des données par les entreprises dans le monde entier.
Mais au delà des entreprises, ce sont les utilisateurs eux mêmes qui ont perdu la maîtrise de leurs données en se confrontant au dilemme du Privacy Paradox. En effet, alors que les utilisateurs souhaitent davantage de protection de leurs données personnelles, ils les communiquent avec une grande facilité en acceptant les cookies sur les sites…
Comment, grâce à la Blockchain les utilisateurs pourraient reprendre le contrôle de leurs données ?
Bigdata : la connaissance client au coeur de l’innovation
La collecte de datas est aujourd’hui la clé de voûte du commerce. La transformation digitale a changé en profondeur le secteur du retail en plaçant en son centre la connaissance client.
La récolte de la data clients, l’analyse et son utilisation sont devenus le leitmotiv des Digital Native Retailer comme Amazon, Alibaba…
Ces retailers sont partis d’une page blanche en essayant à chaque prise de décision d’écrire la réponse idéale pour le client. Ce que n’ont pas vu les retailers historiques, c’est que leurs concurrents n’étaient pas ceux qui feraient mieux le métier, mais ceux qui connaîtraient mieux les clients qu’eux, de façon à mieux répondre à leurs besoins.
Ces nouveaux retailers ont investi massivement dans des outils digitaux dans le but de mieux connaître leur clients leur permettant de mieux comprendre leurs comportements d’achat et de ce fait mieux convertir et vendre plus.
Le Business Model des Digital Native Retailer basé sur la data
Exemple d’Amazon, leader incontesté
La stratégie des retailers digital native va bien au delà de la vente en ligne. Aujourd’hui encore le site de vente en ligne reste le plus gros business d’Amazon mais les prévisions des années à venir montrent que leur stratégie tournée autour de la data et du client vont leur permettre de dégager de très gros bénéfices sur leurs services de Cloud Computing et de publicité digitale.
C’est en 2006 qu’Amazon a pivoté sur une offre de service de Cloud Computing en lançant Amazon Web services.
Cette division d’Amazon offre des services de Cloud à des entreprises comme la gestion des bases de données, la puissance de calcul dotée d’intelligence artificielle, la sauvegarde des données, la création de plateforme blockchain… Jeff Bezos a démarré bien avant tout le monde y compris les acteurs majeurs de l’informatique en inventant un nouveau modèle économique autour de la donnée dopant les profits du groupe.
Avec moins de 12% du chiffre d’affaires d’Amazon, AWS procure 63% des bénéfices de l’entreprise.
Mais Amazon n’a pas arrêté sa diversification au Cloud computing… Étant devenu un moteur de recherche à part entière – plus de 50% des recherches de produits se font directement sur Amazon et non sur Google aux US – l’entreprise est devenue une plateforme publicitaire numérique en concurrence directe avec Google. L’objectif d’ici 2020 étant d’atteindre 15 milliards de dollar de revenus et 40 milliards d’ici 2023, certes loin derrière Google (230 milliards de dollar à la même date) mais lui enlevant une part considérable du gâteau.
Infographie créée par : Gaëlle Comes
Et le client dans tout ça…
Personnalisation et expérience d’achat
L’ensemble des informations récoltées sur le client par les marques et les enseignes ont permis de personnaliser les services, les produits ou encore le parcours client.
Une expérience client fluide augmente leur satisfaction et leur fidélisation. Cette expérience représente toutes les interactions que ce client peut avoir avec une marque que ce soit avant, pendant ou après un achat. Ces interactions fluides créent une émotion de plaisir dans la relation marque / utilisateur.
L’exploitation et la sécurisation des données personnelles
La dernière étude Gemalto de 2018 du “Data Security Confidence Index” dresse un constat accablant sur la gestion des données par les entreprises dans le monde entier.
Menée sur 10 500 internautes et 1050 décideurs dans 11 pays de tous les continents, la conclusion est que plus de la moitié des entreprises interrogées ne savent pas où stocker de manière sécurisée leurs données sensibles, ou bien encore à peine plus de la moitié pensent que leur entreprise respecte le RGPD (Règlement général sur la protection des données). Les chiffres sont vraiment alarmants.
Mais au delà des entreprises, ce sont les utilisateurs eux mêmes qui ont perdu la maîtrise de leurs données.
En effet Les utilisateurs subissent aujourd’hui l’exploitation de leurs données personnelles à des fins commerciales. Il est vrai qu’avec la mise en place du RGPD en 2018, tout le monde peut consentir ou non sur chaque site internet d’accepter les cookies.
Mais l’utilisateur a t-il vraiment le choix ? A-t-il vraiment pris le pouvoir ?
On s’accordera tous à dire que la gestion des cookies est tellement longue et fastidieuse si l’on souhaite le faire correctement, que les internautes cèdent à la facilité d’accepter tous les cookies donc d’accepter des choses non souhaitées.
Nous acceptons donc de communiquer nos datas gratuitement alors qu’elles sont la plus importante source de revenu des sites internets y compris les GAFA. L’apparente gratuité de tous les services de sites comme Google ou Facebook est en réalité le coût de notre vie privée.
Pour en savoir plus sur la collecte de nos données personnelles :
Article de Clarisse PASTORE – Blog MBAMCI
Droit de propriété de la donnée personnelle au travers d’une Blockchain
Et si les utilisateurs reprenaient le contrôle…
De nos jours, tous nos actions laissent une trace qui permet de remonter à nous, à nos goûts, nos besoins….
Nos données personnelles sont copiées dans de très nombreuses bases de données d’entreprises. Si l’on prend un exemple de parcours client sur internet pour acheter un salon de jardin, l’utilisateur va être tracké par Google lors des recherches avec des mots clés puis sur tous les sites visités comme IKEA, Alinéa, Carrefour, Cdiscount…L’ensemble des données personnelles vont être stockées sur autant de Cloud que de sites qui ont récolté ces données.
Depuis la mise en place du RGPD, il est possible de récupérer une copie des informations qu’une marque détient sur nous… mais uniquement une copie ! En effet, il n’existe pas de droit de la propriété des données personnelles, dans ce cas précis elles sont co-produites par les utilisateurs et les sites.
Nous subissons actuellement le “Privacy Paradox” ou “paradoxe de la vie privée” sur internet résidant dans le fait que les utilisateurs attendent plus de protection de leur vie privée et de leurs données personnelles alors que leur comportement sur les sites indique le contraire en acceptant en un clic tous les traceurs.
Mais s’il était possible d’aller plus loin et de permettre à chaque utilisateur de détenir sa propre donnée personnelle et d’en communiquer tout ou partie à une marque ou une enseigne ? Ou d’imaginer pouvoir “rewarder” la communication de nos données personnelles…
La Blockchain pour sécuriser et assurer une meilleure qualité de la data
Dans la mesure où tous nos faits et gestes sont suivis, stockés et analysés, Il devient urgent de développer des outils pour permettre aux utilisateurs de protéger leurs données personnelles et de décider à qui et quand ces datas peuvent être communiquées. Au delà du fait que des entreprises analysent nos données, elles peuvent aussi les contrôler et les censurer.
Avec la blockchain, la data – identifiée dans ce cas comme des crypto actifs ou tokens – devient transférable au même titre que des crypto-monnaies, et les détenteurs de ces actifs peuvent en authentifier la propriété sans besoin de l’intervention d’un tiers.
Mais comment sécuriser cette donnée ? La Blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations TRANSPARENTE et SÉCURISÉE, et fonctionnant sans organe central de contrôle (définition de Blockchain France). Comment alors stocker et traiter cette donnée personnelle sans la rendre publique et respecter le RGPD ?
La solution peut être de crypter la donnée sur la Blockchain et de communiquer une clé cryptée qui donne permission à des marques ou enseignes d’accéder à cette donnée. Cependant comme la taille des blocs est limitée à date, l’idéal serait de sauvegarder dans les blocs les empreintes des données transférées, qui elles seraient conservées par leur propriétaire sur un portefeuille dédié.
Monétisation de la donnée personnelle
La monétisation de la donnée via la création d’une marketplace de la donnée personnelle
Le développement d’une place de marché des données personnelles, dédiée à l’acquisition et à la monétisation de celles-ci, permettrait d’échanger des datas directement entre les consommateurs et les enseignes en toute sécurité et dans le respect du RGPD grâce à la technologie Blockchain.
Lors de la transaction, un contrat serait généré entre l’entreprise et l’utilisateur via un Smart Contrat dans la Blockchain garantissant l’authenticité des données.
La plateforme devrait pouvoir proposer différentes options comme diffuser les données publiquement ou en privée ou paramétrer les droits d’utilisation de la donnée.
Ce type de plateforme existe dans le BtoB avec la start-up Dawex créée en 2015, aujourd’hui leader de technologie d’échange de données et opérateur de la plus grande place de marché de données. La start-up utilise les “Smart contracts” pour sécuriser les contrats de licence entre les fournisseurs et les acquéreurs sur la Blockchain.
La start-up est allée encore plus loin en créant une plateforme en marque blanche, la Data Exchange Platform, pour permettre aux entreprises de créer elles-mêmes leur plateforme avec leurs partenaires.
Sources :
Livre “Le Digital et l’entreprise – Bruno Langlois : Réflexions pour comprendre l’avènement du Digital dans le monde de l’entreprise
https://safenet.gemalto.com/data-security-confidence-index/
https://www.cnil.fr/fr/le-droit-la-portabilite-obtenir-et-reutiliser-une-copie-de-vos-donnees
https://www.generationlibre.eu/wp-content/uploads/2018/01/VF-WEB-Rapport-Data-_-GL.pdf
