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Aujourd’hui l’apprentissage est devenu indispensable tout au long de la vie. Avec les évolutions constantes au niveau de la société et des nouvelles technologies, il est important de prendre en compte celle des individus qui feront les métiers de demain.

D’où l’importance de former les étudiants aux outils numériques qui les entourent et qui permettent de faire évoluer leur profession. Mais aussi de former les équipes pédagogiques afin d’évoluer eux aussi et de transmettre ces connaissances auprès de leurs élèves.

Cela ne peut se faire en un claquement de doigts et va prendre du temps. Mais il est important de commencer dès aujourd’hui afin que les générations futures prennent le pas du numérique. Et ce, même au sien des professions artisanales.

Savoir former les apprentis et être à l’écoute de leurs attentes

Dans les réponses au questionnaire quantitatif qui a été fait auprès des apprentis, les résultats sont sans appel : le besoin d’apprendre à maîtriser de nouvelles technologies est majoritairement ressorti. Pour certains d’entre eux, cela devrait même faire partie intégrante du programme proposé et demandent qu’il y ait “Des cours adaptés à notre époque. Le digital nous entoure. Le fait de ne pas être à la page est pénalisant”.

Cependant, ces derniers sont créés par l’éducation nationale et doivent être respectés un minimum afin de répondre aux attentes au moment de l’examen final. C’est pourquoi, vouloir mettre en place des cours permettant une initiation à différents outils et différentes méthodes devra ressortir de la part des CFA eux-mêmes. Ceci n’est pas forcément simple, compte tenu des cours rassemblés et compactés en une semaine par mois environ. Cependant, il reste important d’éveiller les consciences des apprentis et de leur faire découvrir les outils qu’ils peuvent avoir à leur disposition afin de faciliter leur vie de professionnel en entreprise et en dehors.

Dans les recommandations proposées à leur établissement pour améliorer la qualité des cours s’ils venaient à rester en distanciel, la majorité d’entre eux demandent à revoir l’organisation de ces derniers ainsi que d’avoir un meilleur suivi.

réorganisation cours

Pour une majorité des apprentis, il y a une demande à ce que les cours aient davantage un lien avec le digital et ses actualités afin de savoir comment l’utiliser dans leurs démarches professionnelles.

En effet, dans le questionnaire qui leur a été donné, 87,5 % d’entre eux pensent que leur métier doit pouvoir s’adapter et évoluer avec le numérique. Et lorsqu’il leur est demandé pourquoi, certains parlent d’utiliser des outils numériques pour les parties organisationnelles et la gestion de l’entreprise.

À la question « Pensez-vous que votre métier doit s’adapter et évoluer avec le digital ? (Utilisation d’outils numériques plutôt que le papier, gestion des réseaux sociaux et site internet, etc.) », la majorité (87.5%) répond positivement.

adaptation métiers de l'artisanat

Certaines remarques ont d’ailleurs été ajoutée à cette réponse :

Nous devons nous adapter aux changements, que ce soient les changements au niveau des besoins clients ou bien les changements logistiques. Il existe à notre époque de nombreux d’outils numériques qui peuvent nous permettre d’augmenter notre efficacité et faciliter notre travail non manuel.”

D’autres sont encore plus précis dans leurs propos : “la télétransmission (florale) a réussi à s’implanter et s’avérer très efficace. On peut évoluer et on le doit. La communication digitale est devenue un véritable déclencheur d’achat, le fleuriste se doit de l’utiliser à juste titre”.

Et certains avancent même que “tout le réseau professionnel passe par le digital aujourd’hui”. Et il est vrai que le numérique prend une place importante dans nos vies personnelles et professionnelles.

Dans le questionnaire, il leur a notamment été demandé de classer des cours par ordre d’importance entre 1 et 10. Ceux qui ressortent majoritaires de ce sondage sont :

– Créer et gérer son propre site internet

– Utiliser des outils numériques du quotidien (Word, Excel, Google Doc, Google Slide, etc)

– Créer et monter des photos et vidéos commerciales et/ou artistiques

– Créer et gérer un planning depuis un appareil numérique (ordinateur, téléphone, tablette)

– Créer et gérer sa publicité avec Google (Google Analytics, Google Ads)

l'importance de nouveaux cours dans les CFA1
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Savoir former le corps professoral

Si l’établissement souhaite former ses apprentis sur des technologies qui n’ont pas encore leur place ancrée dans la formation, cela veut dire que le corps professoral ne dispose pas forcément des compétences et connaissances nécessaires pour restituer ce savoir aux apprentis. C’est pourquoi il est important de les former, eux aussi, à ces technologies et nouvelles idées. Certes des cours spécifiques peuvent être dispensés par une personne spécialisée, mais il est important de mettre les formateurs dans la boucle de l’évolution de l’apprentissage, et donc d’un métier.

Des formations sont mises à disposition pour le corps enseignant, afin qu’il puisse s’adapter, lui aussi, aux outils technologiques qui l’entourent.

Vincent Dinet, directeur de l’École des Fleuristes de Paris, le constate, son équipe pédagogique n’était pas prête à un tel changement et cela a été compliqué de mettre en place une doctrine à suivre pour tous. « Ce n’était pas dans notre culture. Effectivement, cela a été difficile et perturbant pour certains de s’adapter à la demande faire faire des cours en visioconférence du jour au lendemain. Mais il a fallu s’adapter. D’autres ont préféré choisir d’autres méthodes comme l’accompagnement par téléphone. En tout cas, tous ont été impactés par l’aspect très chronophage que cela représente. Aussi bien que de faire une visioconférence qui tienne la route, que de la préparer en amont pour que tout se passe bien. Et pour ceux qui n’avaient pas recours à la visioconférence, mais qui décrochaient le téléphone, se voyaient avoir un cours qui dure normalement deux heures, s’étaler sur la journée. »

Frédérique Lavigne, en charge du développement des formations, note également que “certaines personnes sont assez réticentes au niveau des modules e-learning et ont peur de mettre en ligne leurs cours ou leur contenu et qu’ils n’aient finalement plus leur place dans l’apprentissage des élèves. Ils craignent que leur savoir soit diffusé, qu’on le leur vole et qu’à la fin, ils n’aient plus leur place. Alors que pas du tout.

En effet, la mise en place d’une plateforme numérique pour permettre aux élèves de suivre leur formation est une aubaine pour les formateurs. Ils peuvent passer plus de temps à interagir avec les élèves et effectuer des travaux de groupes plutôt que de simplement restituer un cours sans avoir un retour en face. Cela est notamment le cas pour les cours théoriques. Les cours pratiques restent à part et nécessitent un minimum de présentiel.

Frédérique Lavigne ajoute également : “Avant, le formateur était en présentiel avec des cours académiques. Le formateur parlait et les élèves écoutaient. Alors qu’avec les évolutions des plateformes, maintenant le rôle du formateur va être transformé. Il va être là pour accompagner l’élève. Ce dernier pourra travailler son cours purement en autonomie et le formateur est plus là pour compléter les connaissances et vérifier les acquisitions, ce qui va lui permettre de plutôt proposer des exercices. Le rôle du formateur est, à mon sens, plus intéressant dans ce côté-là. Cela change de juste relire un cours. Il y a un réel échange entre l’élève et le professeur.”

La place du formateur n’est ainsi aucunement remise en question. Bien au contraire, elle est magnifiée, car il peut être plus disponible pour ses élèves. Une charte de confidentialité et de droits d’auteurs peut être signée par les élèves afin qu’ils respectent le fait de ne pas diffuser les cours en dehors de la plateforme. Ceci ne remet donc pas en cause le travail et l’utilité du formateur.

De plus, une partie des formateurs est réticente à l’idée d’utiliser un nouvel outil numérique alors que cela reste difficile pour certains d’entre eux. La meilleure des réponses à cette problématique est de proposer des formations en interne avec l’intervention d’une entreprise externe, ou encore la mise en place de MOOC. Ainsi les professeurs peuvent, eux aussi, apprendre et s’adapter aux changements qui s’opèrent au sein de l’établissement dans lequel ils travaillent.

Ainsi la formation des différentes parties prenantes d’un établissement est importante. C’est ce qui permettra l’évolution de chacun, et surtout, celle de la profession qui est concernée. Les métiers artisans d’aujourd’hui ont besoin d’évoluer avec la société et les nouvelles technologies. Et quoi de mieux que de commencer à la source avec les établissements scolaires.

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