Introduction

Aujourd’hui, le monde est frappé par de nombreux problèmes liés aux changements climatiques. Certains fléaux naturels tels que les inondations, la sécheresse, la fonte des glaciers, l’augmentation du niveau de la mer, l’acidification des océans sont de plus en plus fréquents. Ces problèmes interpellent les grandes puissances mondiales, qui ne peuvent plus rester silencieuses face aux interrogations liées à la santé de l’environnement. Afin de résoudre la question du réchauffement climatique, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) pense qu’atteindre la neutralité carbone avant 2050 est essentiel.

Qu’est-ce que la neutralité carbone ? De quel moyen dispose-t-on pour atteindre cet objectif ? Et quels impacts cette course vers la neutralité carbone aura sur les entreprises ?

Qu’est-ce que la neutralité carbone ?

Si vous êtes attentifs aux différents médias et à l’actualité, il est improbable que le terme « neutralité carbone » ou « compensation carbone » vous soit inconnu. En effet, c’est l’une des préoccupations des dirigeants d’entreprises. Mais que signifie exactement cette expression ?

De façon simple, la neutralité carbone, c’est l’équilibre entre la quantité de dioxyde de carbone (appelé gaz carbonique) émise et celle absorbée. Mais ce terme n’est pas spécifique au gaz carbonique. Ce sont tous les gaz à effet de serre (GES) qui sont concernés. Le problème, c’est qu’à travers nos différentes activités, nous libérons plus de gaz à effet de serre que la nature n’est capable d’en absorber. On parle donc d’atteindre la neutralité carbone lorsqu’on arrive à compenser par des moyens naturels ou artificiels la quantité de gaz à effet de serre que nous produisons. Cette explication soulève donc une autre question : qu’est-ce que les gaz à effet de serre et pourquoi sont-ils considérés comme nuisibles pour la planète ?

neutralite carbone

Source : BL Evolution

Qu’est-ce que les gaz à effet de serre et pourquoi sont-ils nuisibles au climat?

Un gaz à effet de serre est un gaz présent dans l’atmosphère et capable d’intercepter les rayonnements infrarouges émis depuis la surface de la terre. Une petite partie de ces gaz provient de la nature elle-même alors que la plus grande quantité est émise par les activités humaines. Par exemple, l’utilisation massive du pétrole, du gaz, ou du charbon est une source importante de production de gaz à effet de serre. Mais comme source non-naturelle de GES, on peut également citer les transports, la déforestation, l’élevage et l’agriculture intensifs.

En s’accumulant dans l’atmosphère, les gaz à effet de serre réchauffent la planète et dérèglent le climat. Il s’ensuit alors bon nombre de catastrophes naturelles.

Lorsqu’on parle de gaz à effet de serre, on fait très souvent allusion au CO2 qui n’est pourtant pas le seul gaz à avoir un pouvoir réchauffant. Il y a également le méthane, l’ozone (O3), le protoxyde d’azote (NO2), les gaz fluorés (HFC, PFC, SF6) qui sont tous des gaz à effet de serre. Cependant, parmi tous ces gaz, le CO2 est le plus important en termes de quantité présente dans l’atmosphère, parce qu’il est le gaz le plus produit par l’espèce humaine et sa civilisation.

Quelle est la quantité de carbone (CO2) produite de façon non naturelle ?

Il existe des chiffres qui résultent des estimations de la quantité de gaz à effet de serre libérée chaque année. Mais pour mieux montrer l’ampleur de la situation, concentrons-nous sur un seul gaz : le gaz carbonique qui est le gaz à effet de serre le plus libéré par les activités humaines. Il faut savoir qu’un individu vivant dans une région industrialisée génère en moyenne une tonne de gaz carbonique de façon mensuelle. Ainsi, il est facile d’estimer quelle quantité de CO2 tous les êtres humains génèrent chaque mois, ou encore chaque année. Sans oublier les quantités des autres gaz à effet de serre dont nous sommes responsables et aussi les autres sources non-naturelles telles que les usines, l’élevage intensif, etc. Face à ce constat, pour diminuer les gaz à effets de serre, la neutralité carbone est une bonne solution. Mais comment atteindre cette neutralité et quelles sont les solutions envisagées ?

Pour atteindre la neutralité carbone, il faudra d’une part utiliser différents moyens pour réduire drastiquement le volume de GES (en particulier le CO2) émis et aussi trouver des solutions pour compenser les émissions de carbone produites par l’humain et son industrie. L’aspect le plus difficile dans cette lutte est la compensation. À cet effet, deux types d’actions sont envisagés : la compensation en utilisant les ressources naturelles et la technologie d’émission négative pour emprisonner le carbone.

Compenser l’émission du carbone grâce aux ressources naturelles

Certaines ressources naturelles telles que les plantes, le sol et les océans ont la capacité d’absorber le gaz carbonique. Les plantes par exemple utilisent la photosynthèse (un ensemble des réactions biophysiques et biochimiques propres aux plantes vertes) pour capter le dioxyde de carbone et l’utiliser pour leurs croissances. C’est par cette même photosynthèse que les algues et autres plantes aquatiques fixent le CO2. Par ailleurs, le CO2 est aussi dissous dans les mers par certains processus physiques. Comme solution de compensation naturelle, il est alors envisagé de mettre en œuvre une reforestation, et une culture massive des algues. La végétation est le principal puits naturel à utiliser pour atteindre la neutralité carbone.

Technologie d’émission négative pour emprisonner le carbone

Les recherches sont en cours pour trouver le moyen de capturer le carbone et de l’emprisonner de manière durable. On parle du Carbon Capture and Storage (CSS) illustré ci-dessous. Le CCS est une technologie destinée à capturer le dioxyde de carbone dès sa sortie des usines, ou des lieux d’émission massive, puis à le séquestrer sous pression dans les gisements d’hydrocarbures ou dans les couches géologiques. Ce procédé est appelé le BECCS, ou Bio Energy CCS. Une autre technique, le DAC (Direct Air Capture), consiste à aspirer l’air environnant les usines ou les entreprises émettrices de CO2, grâce à d’énormes ventilateurs. Ensuite, le CO2 est séparé du reste des gaz contenus dans l’air, puis réutiliser pour diverses tâches telles que la production des combustibles synthétiques, ou encore l’insertion dans les serres pour favoriser la croissance rapide des légumes.

neutralité carbone methode css

Source : Royal Society of Chemistry

Ces techniques une fois au point seront très efficaces dans la lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, elles sont sujettes à de nombreuses controverses. En effet, attendre la mise au point de ces technologies, pourrait retarder l’application des mesures urgentes de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. De plus, on s’interroge sur le coût de ces technologies, étant donné que la plupart d’entre elles n’ont pas encore été testées. Les technologies d’émissions négatives ne sont donc pas une solution à court terme contre l’émission du dioxyde de carbone. Pour le moment, la priorité est laissée aux mesures naturelles de réduction massive des émissions. Toutefois, ces mesures naturelles ne peuvent retenir le dioxyde de carbone (CO2) pendant très longtemps. Elles relâcheront à un moment donné le gaz carbonique qu’elles ont fixé. Alors que les technologies d’émission négative pourront absorber et retenir de façon durable, le dioxyde de carbone. Cet aspect doit être considéré. Ainsi, les puits naturels seront utilisés comme solution d’urgence en attendant que les puits artificiels (technologies d’émission négative) soient complètement opérationnels pour un résultat à long terme.

Quel impact à la course vers la neutralité du carbone sur les entreprises ?

Toutes les entreprises sont concernées par la neutralité du carbone. Leur principal but étant de réduire au maximum leurs émissions de CO2. Une étude a été menée pour analyser la capacité d’une entreprise ou d’un pays à atteindre la neutralité du carbone. Ainsi, le cabinet de conseil en stratégie Boston Consulting Group (BCG) affirme qu’avant 2050, un pays aussi développé que l’Allemagne, peut réduire d’environ 95 % ses émissions de gaz à effet de serre. Afin d’atteindre un objectif pareil, les pays et les entreprises devront investir dès maintenant dans les énergies renouvelables, telles que les énergies provenant de la biomasse ou de l’électrothermie.

L’industrie lourde de son côté, doit regarder vers les nouvelles technologies d’émission négative, le biogaz, les gaz synthétiques, l’électrothermie, etc. Les acteurs de l’industrie lourde doivent donc financer la mise en place de ces solutions technologiques quelles qu’en soient leurs coûts.

Le plus grand défi de ce changement, ne se situe pas au niveau technique, mais plutôt au niveau commercial. Le contexte réglementaire sera en ce sens déterminant pour accélérer l’implémentation de ces mesures qui requièrent des investissements ne pouvant pas être justifiés économiquement. Pour illustrer, prenons le cas de la production du ciment et de l’acier. Produire le ciment neutre en carbone entraînerait une forte hausse du coût du ciment. Le prix du ciment pourrait doubler. De son côté, l’acier peut aussi prendre de la valeur. Il peut coûter jusqu’à 50 % de plus que son coût actuel à cause de la capture et du stockage du carbone émis pendant sa production. Par conséquent, les entreprises et les industries, doivent être encouragées et suivies dans leurs démarches d’investissement dans les technologies d’émission négative. De plus, on pourrait créer des conditions favorables aux sociétés qui prendront au sérieux et agiront pour la neutralité carbone et sanctionner ceux qui ne voudraient pas suivre l’exemple.

Quel est le rôle du citoyen dans la course vers la neutralité du carbone ?

La réduction des émissions de CO2 ne concerne pas uniquement les pays et les entreprises. Chaque citoyen peut faire des gestes pour contribuer à son niveau, à la neutralité carbone. Cela nécessite quelques changements de comportements et habitudes dont voici quelques exemples que vous pouvez adopter :

  • Éviter ou limiter au maximum le gaspillage des denrées alimentaires. Environ 30 % de nourritures finissent à la poubelle. Pourtant, de l’énergie, de l’eau et des produits chimiques ont été utilisés pour la fabrication de ces 30 % de nourritures gaspillées. Si chacun évite de gaspiller la nourriture, la quantité de produits alimentaires fabriqués sera réduite et on économisera donc de l’énergie.
  • Consommer local : en réduisant la consommation des produits importés, on contribue à la réduction des émissions de gaz carbonique. Par exemple, plus vous consommerez des produits importés, plus les usines de fabrications de ces produits seront éloignées et tourneront plus pour satisfaire vos besoins. Ainsi, une tomate importée aura coûté plus d’énergie qu’une tomate locale.
  • Diminuer sa consommation de viande.
  • Réduire sa mobilité : réduire ses déplacements au strict minimum et privilégier la marche à pieds ou le vélo. Les moyens de transport tels que le train, le bus, l’avion, la voiture et la moto émettent énormément de dioxyde de carbone. En se déplaçant moins et en faisant du covoiturage, vous réduisez votre émission de gaz à effet de serre. Il faut aussi investir dans les voitures électriques ou les voitures à hydrogène.
  • Bien gérer ses déchets : la bonne gestion des déchets est non seulement bien pour assainir notre milieu de vie, mais c’est aussi un moyen d’entretenir l’environnement. En évitant par exemple les sacs d’emballage en plastique, vous contribuez déjà à la réduction des émissions de CO2. De plus, réduire ses déchets plastiques et privilégier le compostage sont des gestes pour atteindre la neutralité carbone.
  • Rénovation énergétique de sa maison : utiliser des matériaux de construction durable, isoler, remplacer sa chaudière, installer une pompe à chaleur, installer des panneaux solaires pour produire sa propre électricité.

Conclusion

En résumé, les activités humaines sont les causes principales du réchauffement de la planète. Depuis la révolution industrielle, d’énormes quantités de gaz à effet de serre (GES) sont libérés dans l’atmosphère. La combustion du charbon, du pétrole et du gaz, ainsi que l’élevage intensif et la déforestation ont de réels impacts négatifs sur l’environnement. Heureusement, de plus en plus de nations, d’entreprises et même de particuliers commencent à prendre au sérieux les alertes de la nature. Des actions sont donc en train d’être mise en place pour réduire l’émission des gaz à effet de serre, en particulier le CO2.

Cependant, la solution de la neutralité carbone peut paraitre utopique. En effet, la compensation du CO2 est un mécanisme encore complexe et les solutions naturelles sont éphémères. Pour certains, la compensation carbone n’est qu’un autre moyen utilisable par les entreprises pour majorer leurs bénéfices, car pour mettre en place des technologies zéro carbone, elles vont être obligées d’investir de grosses sommes. Cela aura des répercussions sur le coût de fabrication qui risque d’engendrer une augmentation du prix des produits finis. Cette décision stratégique est un passage incontournable si l’on souhaite « make our planet green again » et il en va de la responsabilité de chacun de contrôler ses émissions de gaz à effet de serre.


Sources

La neutralité carbone : définition et solutions pour l’atteindre

Stratégie à long terme à l’horizon 2050

Neutralité carbone : un défi global pour une plus grande ambition climatique

Emissions de polluants liée à la consommation d’énergie

La neutralité carbone passe par de profonds changements sociétaux

Production d’énergie

Compensation carbone : fausse bonne idée ?