Zéro déchet : j’ai toujours été sensible à mon environnement, à la nature, et j’avais pris conscience de l’extinction d’espèces tant animales que végétales depuis longtemps, je fais partie d’une association Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité depuis plus de 8 ans. J’essaye d’être attentif et actif au quotidien pour appliquer et trouver des alternatives pour diminuer mon impact environnemental.

Début 2016, en lisant des articles sur le site de la fondation de Nicolas Hulot, je suis tombé « par hasard » sur la préface d’un livre qui sortait en mars, « Famille presque zéro déchet » d’une famille française qui décrivait leur démarche zéro déchet à l’instar de Béa Johnson. C’est Béa Johnson elle –même qui a écrit cette préface dont je vous délivre l’extrait qui a provoqué le déclic :

« Le Zéro Déchet n’est pas une mode, c’est une nécessité, un devoir. Ne perdez plus un instant pour lui donner une chance d’enrichir votre quotidien, de donner un sens à votre passage sur Terre. »

Pour la petite histoire, Béa Johnson est une française installée aux Etats-Unis dans la banlieue de San Francisco avec sa famille. Elle s’est lancée dans une singulière aventure en 2006, celle de réduire considérablement ses déchets du quotidien. Aujourd’hui les déchets annuels des Johnson tiennent dans… un bocal d’un litre ! Elle a lancé son blog Zerowastehome en 2010. Un exploit qu’elle relate également dans son livre « Zéro déchet » en 2013 traduit en plusieurs langues et écrit plusieurs ouvrages, participe à des conférences un peu partout dans le monde.

Après la lecture du livre de la « famille presque zéro déchet », et m’être documenté sur le cycle des déchets, pour comprendre ce qu’ils deviennent, selon le principe de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », j’ai compris que les déchets sont soient incinérés, soient enfouis, sans valorisation, et provoquent des impacts considérables sur notre environnement et notre santé. En effet, l’incinération dégage des substances toxiques dans l’atmosphère que nous respirons, et l’enfouissement pollue les sols qui contaminent la chaîne alimentaire en profondeur…

En France notamment, les filières de tri sont peu organisées et optimisées.

Et le recyclage est le dernier recours car il est énergivore : il consomme de l’énergie pour transporter, faire le tri, revaloriser. Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ! Comme ça, pas de recyclage !

Ce constat a constitué un vrai déclic chez moi, puis, auprès de ma famille. Pourquoi ne pas alors démarrer ? Nous générions 2 énormes poubelles par semaine avec des couches écologiques, certes, des pots de yaourts, des emballages…bref tout ce qu’une famille de 4 peut utiliser au quotidien !

Nous avons commencé par repenser nos modes de consommations, nos achats. Nous avons trouvé une nouvelle organisation, pour une transition vers le zéro déchet en nous appuyant du livre de la famille presque zéro déchet de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret, du blog de Béa Johnson, et de la communauté dédiée. Nous nous sommes retrouvés vraiment acteurs. Cela a boosté la créativité de chaque membre de la famille, et cela continue !

Notre première action zéro déchet a été de trouver des bocaux dans des brocantes, sur le bon coin, en magasin, de s’équiper en « tuptups » pour reprendre l’expression du livre, de sacs à vrac, c’est-à-dire des sacs en tissu, que nous avons confectionnés et également reçus en cadeau, de sacs solides et réutilisables, de paniers et de caddies.

Après nous avons testé nos commerçants, le boucher, volailler, maraicher, fromager, boulanger…au marché.

En parallèle, nous avons cherché une AMAP. Nous avons trouvé des magasins de vrac. Puis un pêcheur qui vient de Granville de temps en temps.

Après des débuts un peu difficiles parfois auprès des commerçants, des explications de notre démarche zéro déchet, des échanges, des débats, des discussions, des refus, des résistances, des réflexions sceptiques…nous avons pu ouvrir quelques consciences et pu mettre en œuvre notre entreprise auprès de fournisseurs qui nous accueillent, comprennent, voire même adhèrent maintenant !

En effet, les automatismes et le scepticisme sont présents et le zéro déchet est un travail de longue haleine, tout en tentant de rester sur une bonne communication positive, ce qui n’est pas toujours facile quand on entend des arguments stupides ….surtout au moment de la tare.

Victoire, nous avons pu dire non aux sacs plastiques et emballages pour nos courses !

Les actions qui ont naturellement suivi, voire été mises en place en parallèle, ont porté sur la cuisine et l’hygiène.

Se (re)mettre à cuisiner, à réfléchir aux menus, aux goûters des enfants, remplacer les bouteilles d’eau en plastique par une gourde en inox, s’organiser différemment, anticiper. Essayer de nouvelles recettes avec les produits frais de l’Amap, une cuisine simple et gouteuse.

Nous nous sommes équipés en robot, yaourtière (la Seb de nos grands-mères…), les moules à gâteaux, cakes, …

Nous nous sommes mis à cuisiner en famille, avec les enfants pour les gâteaux de la semaine, faire de ce moment un plaisir de créer et non une contrainte. Nous avons testé des recettes, qui ont été réussies ou pas d’ailleurs, et dans ce cas-là, on recommence…

Nous avons entrepris le DIY (do it yourself) concernant les produits ménagers : nous avons dit stop aux sprays chimiques, gels, javel, liquides vaisselle, pastilles avec emballages plastique, déboucheurs, lingettes…et toutes les trouvailles de marketing pour nous en vendre un tas malgré les conséquences sur notre santé et celle de la planète !

Nous avons fabriqué nos produits d’entretien écolo à base de produits simples et connus : le bicarbonate, le vinaigre blanc, le savon noir, le savon de Marseille (le véritable), les huiles essentielles, le percarbonate de soude, les cristaux de soude et l’acide citrique.

Nous avançons encore sur les cosmétiques, nous en fabrique de plus en plus, sur les vêtements, nous avons trouvé quelques magasins de seconde main ou dépôts-ventes, je raccommode des pulls, nous avons découvert des marques éthiques…, nous avons commencé le tri de nos objets, meubles, fervents adeptes de brocantes, nous donnons à Emmaüs, ou d’autres causes.

En bref, nous sommes en transition vers un mode de vie durable et au quotidien, nous expérimentons des découvertes. Nous développons notre créativité. Sans cesse, nous menons une réflexion sur les alternatives aux produits « jetables ».

La clé pour la réussite ?

C’est d’être organisé, et on peut, pour s’aider, appliquer la règle des « 5 R » dans cette ordre selon Béa Johnson :

  1. Refuser (ce dont nous n’avons pas besoin).
  2. Réduire (ce dont nous avons besoin et ne pouvons pas refuser, préférer la qualité à la quantité).
  3. Réutiliser (en donnant une seconde vie à ce que nous consommons et ne pouvons ni refuser, ni réduire).
  4. Recycler (ce que vous ne pouvez ni refuser, ni réduire, ni réutiliser en faisant correctement le tri sélectif).
  5. Composter (tout ce qui reste, « Rot » en anglais).

Notre société, tournée vers la grande industrie, la surconsommation, n’existe pas depuis si longtemps, les astuces sont encore détenues par la plupart de nos grands-parents, on peut faire revivre des traditions. En effet, nos grands-parents étaient les rois du zéro déchet, avec leurs consignes, cabas, conserves, …et c’était il y a seulement quelques dizaines d’années !

Cette démarche zéro déchet est devenue pour nous un véritable mode de vie, une prise de conscience au quotidien de notre empreinte écologique, consommer autrement, acheter moins mais mieux et avec conscience, prendre soin de notre bien-être et de nos proches avec une alimentation la plus saine possible. C’est une réelle philosophie de vie et un acte politique avec comme engagement de ne pas se laisser gouverner par les géants de l’agroalimentaire, et les industriels.

C’est prioriser l’être plutôt que l’avoir et le vivre plutôt que la possession. Notre bilan après avoir démarré notre transition, depuis ces quelques mois :

  •  Gain de temps in fine : moins de perte de temps aux supermarchés
  •  Gain en relations : développer le commerce local, rencontrer des artisans
  •  Gain bien –être, qualité de vie : on se concentre sur nos besoins réels, on prend le temps d’être ensemble
  •  Gain en qualité de produits consommés
  •  Gain en satisfaction de notre empreinte écologique
  •  Gain économique : le vrac est beaucoup moins cher, pas d’achats compulsifs inutiles
  •  Gain en découvertes : marques éthiques, magasin de seconde main, personnes dans la même démarche avec échanges d’astuces
  •  Gain en gastronomie : cuisiner, réfléchir à des recettes, nouvelles saveurs…
  •  Gain en santé : produits sains, hygiène de vie, moins de stress, nous capitalisons sur notre état physique et psychique, respect des rythmes de chaque membre de la famille
  •  Pas de gaspillage
  •  Pas d’emprise du marketing : enfin presque, pour les enfants…Notre vie est plus simple, l’expérience est très positive, nous nous recentrons sur nos valeurs.

Un conseil pour démarrer à votre tour :
Il faut y aller progressivement pour ne pas se décourager !

Je vous recommande également quelques lectures et afin de vous motiver et de vous accompagner dans cette belle et nécessaire démarche.
Les films récents Demain et Trashed montrent des solutions et des alternatives aux déchets.