Le futur d’Internet se joue aujourd’hui sous nos yeux et pourrait bien se nommer Web 3.0. Internet est en ébullition. À chaque semaine ses annonces fracassantes, ses records de capitalisation boursière, ses levées de fond extraordinaires. Buzzword ou vrais gamechanger, NFT, Blockchain, Métavers, Intelligence Artificielle, IoT, DAO, DeFi font aujourd’hui la Une. Et la majorité de ces termes est liée au Web 3.0, parfois également libellé Web3.

Qu’est-ce que le Web 3.0 au juste ?
Comme l’accès à l’information en ligne du Web 1.0, puis l’interactivité du Web 2.0, la décentralisation au cœur du Web 3.0 peut changer radicalement notre façon de vivre l’Internet et, plus largement, notre économie. Se dressant face aux GAFAM, cette nouvelle itération du Web pourrait être une révolution.

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Mais y sommes-nous seulement prêts ?
Pas certain, lorsque l’on constate que, ni les Facebook Papers, ni l’annonce tonitruante de Facebook sur le Métavers, n’a eu d’effet notable sur la recherche « Facebook » dans Google.
Le pic de recherche du 4 octobre ? C’était le jour où Facebook était… en panne.

Que le grand public soit prêt ou non, le Web 3.0 est déjà à l’œuvre et ses propositions ne cessent de croître. Toutefois, saura-t-il rassurer pour prendre le dessus ? Avec leurs promesses de Métavers ou de Web ambiant, omniprésent et néanmoins transparent, les GAFAM conserveront-ils leur mainmise sur Internet ?
Tous les acteurs du Web organisations décentralisées, nouvelles licornes et GAFAM – se livrent à une lutte féroce pour définir ce que sera notre expérience d’Internet demain. Ou plutôt dans 5 à 10 ans.

Alors, qui remportera cette guerre ? Quelqu’un la gagnera-t-il réellement ?
Je vous propose ici une synthèse, nécessairement non exhaustive, de cet univers fascinant et infini, des questions que pose l’évolution du Web et, à travers lui, de notre société. Au cours de cet article, j’espère vous donner envie, comme cela a été le cas pour moi en l’écrivant, de creuser encore plus loin !

Qu’est-ce que le Web 3.0 ?

Pour entamer ce voyage dans l’avenir du Web, rien ne vaut un petit coup d’œil derrière nous.

Petite histoire du Web : l’évolution d’Internet du Web 1.0 au Web 2.0

Le 2 septembre 1969, 12 mètres de câble relient deux calculateurs qui échangent alors leurs premiers paquets de données. La marche du Web a débuté. Mais ce n’est que 20 ans plus tard, en 1989, par l’invention du HTML et de l’URL, que Tim Berners-Lee et le CERN mettent en ligne la première page web.

Il y a 30 ans, en 1991, le même Tim Berners-Lee créé le World Wide Web, destiné au grand public. C’est le Web 1.0, l’Internet originel, statique, en lecture seule, où l’internaute est passif. Celui-ci peut uniquement consulter les informations contenues dans des pages créées par des informaticiens.

Puis la marche de l’histoire s’accélère rapidement pour ne plus s’arrêter. Dès la fin des années 90 et début des années 2000, les internautes vont pouvoir ajouter du contenu, des liens, des commentaires. On rentre dans l’ère du Web 2.0, l’Internet dynamique, participatif, interactif, communautaire. Bientôt naîtront et prospèreront les réseaux sociaux et avec eux la masse infinie d’UGC (User Generated Content), jusqu’à ce qu’Internet ne devienne notre contexte par défaut.

Place au Web 3.0 !

« Le système est en train d’échouer » – Interview de Tim Berners-Lee

Le créateur du Web en personne s’inquiète de la tournure des choses et de l’avenir d’Internet : mainmise des GAFAM, risques de manipulation, de désinformation, menace sur la neutralité du Net… Sa vision originelle du Web a été dévoyée sur l’autel du revenu publicitaire. Mais voici qu’un sauveur potentiel arrive, une nouvelle itération du Web, qui se rêve en défenseur des libertés : le Web3.

Dans ce thread Twitter, vous en trouverez un résumé très pertinent.

« Web3 = Web 2.0 + decentralization : Web3 is anything you currently use in the internet and decentralizing it ».

Qu’est-ce que le Web 3.0 ?

Précisément ? C’est encore difficile à dire. Et ça n’a rien de très étonnant. Ce n’est que rétrospectivement que la limite entre Web statique et Web participatif, pour différencier Web 1.0 et Web 2.0, a pu être édictée.

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Crédit : fredcavazza.net

Les technologies qui façonneront le futur d’Internet et du Web existent déjà : blockchain, architectures distribuées, intelligence artificielle, cloud et edge computing, Peer-to-Peer, open-source, réalité virtuelle, Internet of Things (IoT – Internet des objets)…
Pour certains, nous sommes déjà entrés dans la prochaine étape. Pour d’autres, il s’agit plutôt de tendances lourdes, définissant les contours de ce que sera le Web demain. Mais quoiqu’il en soit, ces technologies sont les fondations d’une nouvelle étape du Web.

Sans trop s’avancer, on peut également dire que les clés de la compréhension du Web 3.0 résident dans les concepts de décentralisation et de transfert de valeur. C’est en tout cas l’objectif poursuivi par ses défenseurs : associer leurs efforts aux innovations technologiques pour réduire l’hégémonie des GAFAM sur notre vie numérique.

Dès lors, quelles sont les promesses du Web3 dans ce sens ?

Quels avantages peut-on tirer du Web 3.0 ?

En 1989, Tim Berners-Lee avait imaginé Internet comme une plateforme ouverte. La mission que se donne le Web 3.0 est de réaliser cette vision d’un Internet plus ouvert, grâce à la décentralisation. Sa promesse est de redonner à ses utilisateurs le contrôle et la propriété de leurs données, en retirant de l’équation les intermédiaires. Il s’agit de redonner le pouvoir aux utilisateurs, de leur permettre de capter leur propre valeur en ligne, alors qu’aujourd’hui cette valeur est captée par les plateformes.

Pour y parvenir, le Web 3.0 a de sérieux atouts :

  • Décentralisation : Ce n’est pas une autorité centrale qui le contrôle, mais les personnes qui l’utilisent elles-mêmes. Transparence et ouverture sont des notions natives du Web 3.0. On pourrait le qualifier de Web « démocratique » : en faisant partie d’une blockchain, en contribuant à son fonctionnement, vous avez un droit à la parole sur la manière dont le réseau fonctionne, et pour faire une modification sur le protocole, une validation des autres utilisateurs est nécessaire.
  • Sécurité : la technologie blockchain, l’architecture distribuée, sécurise les échanges puisqu’il n’y a pas de point central de défaillance. Le Web 2.0 est vulnérable aux attaques car il est centralisé sur les serveurs des propriétaires des plateformes. Une attaque au cœur d’une plateforme et c’est la plateforme qui tombe. Pour attaquer un protocole Web 3.0, il faudrait attaquer, en même temps, tous les ordinateurs qui composent le réseau. C’est quasiment impossible. Si un ou plusieurs nœuds du réseau est attaqué, les autres nœuds continuent de fonctionner normalement.
  • Liberté : une publication sur le Web 3.0 est inaltérable. Personne ne peut la retirer. Dans le Web 2.0, chaque plateforme peut bannir un utilisateur ou censurer un contenu comme il l’entend. Nuançons tout de même, car la liberté octroyée par le web 3.0 pose de nombreuses questions sur le plan éthique. Dès lors, comment lutter contre les discriminations ou la haine en ligne ?
  • Propriété des données : chacun possède ses propres données et partage ce qu’il souhaite. Vous n’avez pas besoin de divulguer d’informations personnelles, même pour réaliser une transaction financière. Vous n’avez besoin que d’un numéro de portefeuille chiffré, qui ne dit rien de vous. Sur le Web 2.0, n’importe quelle action demande de fournir votre nom, votre mail, votre numéro de téléphone, etc. Aussi, dès qu’une data y est chargée sur Internet, elle ne vous appartient plus. Elle appartient au propriétaire de la plateforme sur laquelle vous l’avez chargée et il s’en servira, par exemple, pour faire fructifier ses espaces publicitaires.
  • Cryptomonnaies : tout comme la transparence et l’ouverture, l’argent est natif du Web3. Il s’échange sans aucun intermédiaire et sans restriction alors que, hors du Web 3.0, les transferts internationaux sont coûteux et compliqués à réaliser.

Un monde nouveau est en train de naître, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités. Nous sommes à l’aube de découvrir une nouvelle façon de créer les business. Dans le Web 3.0, dès le premier jour d’une entreprise, tout un chacun peut décider de participer à sa construction ou d’y investir son argent.

En voici quelques exemples : Radicle permet ainsi aux participants de prendre part à la gouvernance du projet. Gitcoin paie les développeurs en cryptomonnaie pour qu’ils travaillent sur des problèmes en open source. Yearn fait participer les parties prenantes aux décisions et au vote des propositions. De très nombreux protocoles (dont par exemple : Uniswap, SuperRare, The Graph, Audius) récompensent la participation et permettent la gouvernance par l’émission de jetons.

Ces protocoles, tout comme l’ensemble des DAO (Decentralized Autonomous Organization), font naître aujourd’hui une nouvelle façon d’entreprendre, de créer et de prospérer. Cette alternative à la conception traditionnelle du business a gagné progressivement en popularité. Aujourd’hui, même les sociétés de capital-risque s’y intéressent.

Les NFT (Non Fungible Token) sont un autre concept natif du Web 3.0. Vous en avez probablement déjà entendu parler très fréquemment ces derniers mois. Ils sont, en eux-mêmes, des éléments constitutifs de l’Internet du futur. Et parfaitement expliqués par Kayvon Tehranian.




En substance : Les NFT sont les vecteurs de la rémunération des contenus et des idées produites par les utilisateurs du Web. Ils permettent aujourd’hui de rompre avec le modèle économique qui vous offre du contenu gratuitement, certes, mais en échange de vos données personnelles. Un NFT, c’est le titre de propriété d’un fichier sur Internet. Cependant, au contraire du monde physique, être propriétaire d’un NFT n’empêche pas les autres d’en profiter. Mieux encore, plus le NFT est consulté et apprécié, plus sa valeur peut augmenter.

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Crédit : notboring.co

L’avenir d’Internet sera modelé par les NFT. Ils révolutionnent déjà l’industrie musicale par exemple. Les NFT donneront le contrôle économique aux créateurs, pas aux plateformes. Ils permettront à chacun de soutenir les idées et les productions qu’il admire. Ils réussiront là où le Web 2.0 a échoué : en permettant à l’information de rester gratuite tout en rémunérant ceux qui la produise.

La révolution du Web 3.0 réside ni dans les technologies qu’il utilise, ni dans les fonctionnements qu’il adopte. Ce ne sont là que des moyens. En réalité, la révolution réside dans la distribution de la valeur. Cette valeur qui, en s’affranchissant des intermédiaires, passe directement des créateurs aux utilisateurs. C’est le circuit-court appliqué au Web.

Web 3.0 : le futur d’Internet déjà à l’œuvre

État des lieux du Web3

Il y a ceux qui voient dans le Web 3.0 le futur d’Internet, et ceux qui pensent que nous y sommes déjà. À en voir l’effervescence autour des cryptomonnaies et des NFT, à en dénombrer les protocoles et les projets, on peut légitimement se dire qu’il est en bonne voie.

Ainsi le Web3 a sa fondation. Un collectif dont la mission est de « produire un Web décentralisé et équitable, où les utilisateurs contrôlent leurs données et leur identité ». Plus haut, je citais quelques exemples d’organisations décentralisées afin d’illustrer le Web 3.0. Il ne s’agissait évidemment que de quelques exemples parmi plus d’une centaine de DAO. Et si vous craignez de perdre les fonctionnalités et les usages que vous connaissez dans le Web 2.0 ? N’ayez crainte, il y a déjà des services décentralisés pour remplacer nos plateformes habituelles.

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Crédit : @Cooopahtroopa

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Crédit : @EvanKirstel

Enfin, le nerf de la guerre : l’argent.
D’aucun peut croire, à la lecture du manifeste de la Fondation Web3 ou des promesses listées ci-dessus, que tout cela reste une rêverie. Celle d’une poignée d’idéalistes, de Don Quichotte, guerroyant contre les moulins à data des GAFAM. Mais les chiffres sont là : la capitalisation des cryptomonnaies a dépassé les 3.000 milliards de dollars le 9 novembre 2021. Soit plus que tout le CAC40, et plus que chacun des GAFAM. En 2021, le paiement en Bitcoin a même dépassé le paiement par Paypal.

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Tout cela n’est d’ailleurs qu’un début. Nous ne sommes qu’aux prémices de cette révolution. Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer l’évolution dans le temps des taux d’adoption d’Internet et des cryptomonnaies.

À l’aube de 2022, l’adoption des cryptomonnaies est au même stade qu’Internet en 1998. C’est-à-dire au tout début du Web 2.0 !

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Les limites du Web 3.0 comme seul futur envisageable pour Internet

Records du cours des cryptomonnaies, engouement des entreprises « traditionnelles » (y compris celles issues d’Internet) pour la blockchain et les NFT, croissance de l’adoption par le public… Tous indiquent que le Web 3.0 fera bien partie intégrante du futur d’Internet. Mais certaines limites s’imposent tout de même à lui, jusqu’à présent tout du moins.

Ainsi, ses dérives et sa complexité peuvent nuire à son adoption par le grand public.

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  • Les arnaques aux cryptomonnaies sont fréquentes et la sécurité réputée infaillible du Web 3.0 n’échappe pas toujours aux hackers malveillants. Dans un sondage dévoilé en novembre 2021, le manque de connaissance et le niveau de risque sont les deux limites principales l’adoption des cryptomonnaies.
  • Même les NFT ne sont pas épargnés par la critique. TheNFTBay a ainsi été créé pour dénoncer le stockage des images des NFT, pouvant valoir plusieurs millions de dollars sur des serveurs… centralisés… et donc soumis aux risques de perte totale.
  • La liberté absolue et l’anonymat peuvent également faire craindre nombre de dérives – des propos extrémistes aux transactions illégales en passant par le blanchiment d’argent sale.
  • Mais sans même parler d’illégalité, l’adoption majoritaire par le grand public aura du mal à se faire sans des signes positifs de leurs gouvernements. Sans parler d’adoption de la crypto à l’échelle d’un pays, comme le Salvador a pu le faire avec le Bitcoin, les cadres fiscaux manquent de clarté sur les activités liées à la DeFi (Decentralized Finance).

Aussi, si je vous demande de me donner les tendances de l’année, vous me répondrez certainement : Métavers, IA et Blockchain ou Crypto.
En 2018, ici même, le terme Blockchain était déjà qualifié de « buzzword » 2016. Certes, l’adoption de la cryptomonnaie suit le rythme de celle d’Internet à ses débuts. Mais dans un monde où tout va beaucoup plus vite qu’il y a 20 ans, ne devrait-on pas voir une croissance plus rapide ?

Enfin, la question écologique est une autre des limites du système. Bien qu’Elrond, une blockchain plus écologique que les crypto phares (Bitcoin, Ethereum) émerge doucement, le minage de crypto reste extraordinairement énergivore. C’est la raison qui pousse la Suède à demander à l’Europe d’interdire le minage. Le seul minage du Bitcoin dans le monde équivaut ainsi à la consommation énergétique de la Finlande.

De nombreux freins jonchent le chemin du Web 3. Il fait déjà partie de l’évolution du web, il continuera assurément à se développer demain, mais il ne sera probablement pas seul. Dès lors, qui sont les opposants au Web 3.0 dans la bataille pour l’avenir d’Internet ?

Bataille pour le futur d’Internet : les géants du Web 2.0 face au Web3

Outre le fait que l’évolution du Web se veut plus incrémentale que révolutionnaire, les grands acteurs actuels, ceux à qui on reproche la monopolisation de la valeur sur Internet, n’ont pas dit leur dernier mot.

Le Web ambiant, ubiquitaire mais transparent

Internet est devenu notre contexte par défaut. Il devient désormais de plus en plus transparent. Il est là, autour de nous, les communications se font instantanément, sans contrainte, entre humains, entre machines, entre humains et machines.

« Nous sommes désormais tous connectés via Internet, comme le seraient les neurones d’un cerveau géant. »

Stephen Hawking

C’est l’internet des objets (IoT – Internet of Things), voire l’internet de tout (IoE – Internet of Everything). C’est l’heure d’un Internet ambiant, omniscient. C’est le Web intelligent, le Web sémantique, celui de l’IA et de la robotique. Celui par lequel Internet disparaitra peut-être. Non pas en cessant d’exister. Mais parce que, si bien intégré, nous ne le percevrons même plus.

C’est notamment l’avenir d’Internet vu par Amazon. Ainsi Tom Taylor parle, au Web Summit 2021, d’une « intelligence ambiante, qui utilise l’IA pour relier des appareils et des services d’une manière qui apporte bien plus de valeur que le terminal seul. » Un internet capable de vous comprendre, de s’adapter à vous et à vos besoins, sans même que vous lui en fassiez part. Car il saura…

En 2014 déjà, le Pew Research Center produisait le rapport « Digital Life in 2025 » et anticipait un Internet « si facilement imbriqué dans la vie quotidienne qu’il deviendra invisible, circulant comme l’électricité, souvent par l’intermédiaire de machines ». Nous sommes certainement en avance sur le planning.

Toutefois, il faudra consentir à donner encore plus de données personnelles. Y sommes-nous disposés ? Selon un sondage OpinionWay en 2021, 81% des Français craignent l’utilisation que les assistants vocaux peuvent faire de leurs données.

Et pourtant, c’est bien par la voix que passe l’Internet ubiquitaire. Celui qui nous permettra de contrôler nos dizaines, voire centaines, de milliards d’objets connectés (approximativement 30 milliards en 2020). Car finalement, pour l’utilisateur, la meilleure des interfaces est encore de ne pas en avoir.




Quand la frontière entre réel et virtuel s’estompe : l’avènement du Métavers

Une extension de cet Internet transparent, ce web omniprésent, est celle du métavers. C’est le Buzzword 2021 par excellence. Particulièrement au 2nd semestre, où il aurait fallu habiter dans une grotte pour ne pas entendre au moins une fois ce terme. Il faut dire que Mark Zuckerberg, et son annonce du changement de nom de Facebook en Méta, a contribué à braquer les projecteurs sur ce concept, pas vraiment nouveau.

Ainsi, on peut lire dans le JDN que « le métavers représente aujourd’hui la plus probable évolution d’Internet dans les prochaines années ». Ou, dans Harvard Business Review, une définition par Albert Meige du « metaverse comme la future version du Web, dans laquelle des univers virtuels 3D immersifs, issus des jeux vidéo, rencontrent les réseaux sociaux, les espaces collaboratifs, les places de marché et l’e-commerce. »

La couverture médiatique du phénomène a été telle, que vous n’aurez aucun mal à trouver de multiples articles expliquant le concept, de son historique depuis Snow Crash (Le samouraï virtuel) de Neal Stephenson en 1992 jusqu’aux univers actuels comme Roblox ou Fortnite, en passant par les premières tentatives comme Deuxième Monde puis Second Life.

En effet, ces derniers mois, pas une semaine sans qu’on évoque le métavers et ses possibilités. Que ce soit par les « fournisseurs » comme Facebook, Microsoft ou Niantic, ou par les marques qui s’y engagent comme Gucci ou Nike, voire à travers les artistes, tels que Travis Scott  ou Ariana Grande.

Pour l’heure, ce que sera le, ou les, métavers est difficile à cerner. Mark Zuckerberg l’a présenté comme un « Internet incarné, où nous sommes dans l’expérience, et pas seulement un spectateur » mais ses concurrents en ont aussi leur propre vision. D’ailleurs, nombre de critiques se sont élevées à la suite de la présentation de Méta, que ce soit pour qualifier de fourre-tout le concept présenté, ou pour tourner la proposition en dérision (non sans succès comique d’ailleurs).







Une chose est pourtant sûre : dans la course au Web de demain, à l’Internet du futur, il faudra compter sur le métavers.
Ainsi, aux Etats-Unis, lors des présentations des entreprises aux investisseurs, le terme « Métavers » a ainsi été mentionné 128 fois, contre 7 fois l’an dernier. Le marché du métavers, qui vaut $30 milliards aujourd’hui, devrait atteindre $280 milliards dans seulement 4 ans et fait déjà la fortune de certains. L’avènement de ces mondes virtuels se rapproche à mesure que leur capacité à avoir une empreinte sur le monde physique grandit.

Mais d’après vous, pour quelle raison certains des GAFAM (comme des BATX – Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi – leurs homologues asiatiques) se lancent-ils dans la course ? Pour continuer à connecter le monde ? Ou pour accroître leur emprise sur le temps de cerveau disponible des utilisateurs, et toujours plus le monétiser auprès des annonceurs ?
Le métavers, c’est la réponse des acteurs historiques du Web 2.0 pour lutter contre le Web 3.0 et sa quête de décentralisation.

Mais Facebook, Microsoft et consort, ne sont pas seuls à vouloir construire le métavers. D’autres protagonistes ont déjà commencé. Aujourd’hui, plusieurs centaines de millions d’utilisateurs expérimentent ce monde virtuel. Et la plupart du temps, ça se passe dans le Web3.

Web 3.0, Web ambiant, Métavers : ces visions du futur d’Internet s’opposent-elles vraiment ?

“Chaque nouvel avènement du Web est déroutant au début” – Mat Dryhurst, intervenant à l’Université de New York sur l’avenir d’Internet.

En effet, l’étendue des possibles a de quoi déconcerter. Et encore, si ces possibles s’opposaient vraiment, le sujet serait assez facilement qualifiable. C’est loin d’être le cas ?

  • Métavers Vs. Web ambiant : Construire un monde où réel et virtuel sont si intimement liés que l’on peut gagner sa vie dans le virtuel, ou s’habiller dans le réel comme son avatar virtuel, ne revient-il pas justement à rendre Internet transparent ?
  • Web 3.0 Vs. Web ambiant : Rendre les transactions si instantanées et si directes ne revient-il pas justement à rendre Internet invisible ?
  • Métavers Vs. Web 3.0 : Mark Zuckerberg lui-même, ne parle-t-il pas d’interopérabilité comme socle du métavers, alors que celle-ci est également un principe du Web3 ?
  • Web 3.0 Vs. Métavers : Les NFT ne trouvent-ils pas dans le métavers tout leur potentiel ? Decentraland, The Sandbox ou d’autres, ne sont-ils pas déjà des métavers au sein même du Web3 ?

Il s’avère finalement que ces trois futurs d’Internet se complètent. Classifier le web de manière linéaire et chronologique (Web 1, 2, 3,…) ne convient plus. Nous sommes plutôt amenés à le voir comme un arbre généalogique, étant donné que tout descend du Web 1.0, ou comme une toile d’araignée (plutôt cocasse). En effet, le web s’est diversifié au fil du temps. Il a multiplié ses orientations, tantôt reliées entre elles, tantôt indépendantes. Mais toutes donnent naissance ou développent de nouveaux usages, en répondant à la demande toujours croissante de rapidité, de disponibilité, de simplicité et d’interactivité.

« Il n’y a pas un, mais plusieurs web qui coexistent. Il n’est pas question de remplacer, mais de compléter » –  Frederic Cavazza

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Crédit : fredcavazza.net

Le Web 3.0 est-il le futur d’Internet ? Oui ! Le seul ? Probablement pas

Web 3.0, Web ambiant, métavers, la course vers l’Internet du futur ne verra vraisemblablement pas de gagnants. Si tous promettent d’être LA solution, la réalité aboutira plutôt à une combinaison de ces propositions.
Nul ne peut dire quel sera exactement le paysage du web dans 5 ans ou 10 ans. Mais, sans aucun doute, nous vivons actuellement une accélération de son évolution, sous l’impulsion

  • des innovations technologiques de l’IoT et de l’IA,
  • des projets pharaoniques de Métavers et leurs communautés toujours plus grandes,
  • et des espoirs grandissants, des utilisateurs et des investisseurs, dans les projets décentralisés du Web 3.0 et ses crypto-monnaies.

Si vous êtes parvenu jusqu’ici, vous avez certainement déjà conscience de l’impact économique et sociétal que ces évolutions vont avoir. Ces concepts se propagent à un rythme grandissant. Les opportunités qu’ils soulèvent sont extraordinaires. Mais pour pouvoir en tirer parti, encore faudra-t-il trouver des solutions pour rendre le réseau plus robuste et plus durable. Car avec une empreinte énergétique directe qui augmente de 9% par an selon the Shift Project (et c’était en 2018 !), la croissance effrénée du web et des usages d’Internet n’est peut-être plus soutenable. Pire, le risque de ne voir aucune de ces propositions se réaliser, et qu’elles mènent Internet à sa perte, n’est pas nulle.

Mais c’est un autre sujet.

Sources : Wall Street Journal, Le Monde, w3.org, Podcast journal, @mandeepp_jii, @EvanKirstel, @coopahtroopa, fredcavazza.net, Statista, Presse-citron, @Flashtweet, Forbes, Begeek, Cryptonews, Phonandroid, @bzante, La réclame, Journal du Net, HBR France, RFI, Usine Digitale, Coin Tribune, The Verge, CNBC, Axios, @Superception, Reuters,  OPB, The Shift Project, CNet France

Pierre-Alexandre Kleiber
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