« Les pires fantasmes » circulent sur l’agro-alimentaire

 

La confiance des consommateurs a pris un sacré coup depuis quelques années et le contenu de notre assiette n’y échappe pas! Crises sanitaires, opacité sur les traitements et provenances des aliments, médiatisation acharnée des scandales alimentaires, compétitivité des prix de plus en plus rude souvent au détriment de la qualité : le cocktail est parfait pour une montée de prise de conscience sans précédent. La transparence est au goût du jour. Des grandes enseignes l’ont intégré dans leur marketing et aussi dans la traçabilité via la blockchain. Par exemple, en cas de contamination, la remontée à la source sera quasi-immédiate et la fiabilité de l’information garantie.

 

Que mangeons-nous réellement?

C’est bien une question que nous nous sommes tous déjà posée.

En France, malgré une réglementation plus exigeante que la majorité de nos confrères européens sur les contrôles sanitaires et de production, le doute subsiste et le phénomène « consommation consciente » est bel et bien à l’ordre du jour. Nous ne demandons qu’à être informés et avoir confiance en ce que nous ingérons.

#Expérience client, nouveau genre: Fabriquez avec nous!

Transparence Nestlé

Nestlé l’a bien compris avec l’opération transparence #C’estMoiQuiFabrique lancée ce 1er mars. Le géant suisse de l’alimentaire a décidé d’offrir aux consommateurs l’opportunité de découvrir 5 usines françaises, en leur proposant aussi de fabriquer ses produits aux côtés des collaborateurs des unités de production. Le dispositif média est complété par une campagne presse ainsi que par des films digitaux.

Ce pourrait être une première dans l’industrie agro-alimentaire mais le groupe Fleury Michon l’a devancé avec l’opération #VenezVérifier.

Juste après le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes et le marché du surimi en baisse de 5%, cette opération de transparence a valu au groupe des ventes en hausse de 12% en 2014 et de 9% en 2015.

Cette opportunité de transparence est une réelle plus-value pour l’image de marque est sans aucun doute un nouveau pari réussi de l’expérience client.

Outre l’aspect émotionnel et ponctuel de cette opération, quels autres arguments pourraient nous garantir une transparence en continue et authentique sur l’ensemble de la chaîne ?  

#Data : Traçabilité et transparence

Grâce à des outils comme la blockchain associés aux IoT, il sera possible d’obtenir rapidement et avec une fiabilité accrue les informations relatives à :

  • la source de contamination qu’elle soit d’ordre microbiologique (bactérienne, fongique), virale ou chimique
  • la provenance (pêche durable, type d’élevage, etc)
  • la vérification des logos (agriculture biologiques, équitables, etc)

Les lieux et les conditions de production agricole, d’élevage ou de pêche, de traitements ou d’abattage, les numéros de lot, les données de traitement en usine, les dates d’expiration, les températures de stockage au long de la chaîne et les détails sur la livraison seront automatiquement numérisés et enregistrés dans la blockchain.

 

Mais qu’est-ce réellement la #blockchain ?

Le géant IBM, une référence dans ce domaine, la définit comme un registre partagé et inchangeable – car crypté – contenant tout l’historique de transactions qui est inaltérable.

Alors, comment la transposer dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire ?

La blockchain, à l’aide des IoT, peut fournir un enregistrement permanent et inaltérable des données relatives aux opérations. Les informations sont regroupées dans des blocs qui se suivent formant ainsi une chaîne.

food supply chain

Cette traçabilité cryptée sert d’alternative au traditionnel suivi papier et aux systèmes manuels d’inspection, qui peuvent laisser les chaînes d’approvisionnement  vulnérables à des imprécisions ou des erreurs.

Enfin, ce système décentralisé, pair-à-pair, permettrait d’accroître la responsabilité, la transparence entre les maillons de la chaîne et en conséquence la confiance.

 

Son adoption par la Grande distribution

En réponse aux nombreuses crises sanitaires, notamment en Chine, Walmart a annoncé sa collaboration avec IBM dans le développement de l’outil.

Les objectifs sont :

  • plus de fiabilité de toutes les données inhérentes à un produit afin de mieux le contrôler
  • plus d’agilité, en cas de contamination, dans la recherche de sa source pour gagner en temps dans la mise en place d’actions en évitant le pire.

L’ambition de Walmart, présenté lors d’une conférence accessible ici, est de pouvoir remonter à une information précise sur le produit en quelques secondes.

Le groupe Carrefour s’engage aussi dans la mise en œuvre de cette approche, au service de la traçabilité et de la transparence de sa filière animale.

Par ailleurs, le distributeur lance également un programme d’accélération de l’agriculture bio et le déploiement de nouvelles filières animales sans antibiotiques (veaux et lapins) et viticoles sans pesticides (pommes, pêches, nectarines et pomme de terre). A l’image du restaurateur de sandwichs Subway avec sa campagne agressive d’élimination des antiobiotiques et des agents de conservations de ses produits, nous pourrions imaginer que ces actions seraient clairement crédibilisées en utilisant la blockchain.

Quelles sont les perspectives ?

La puissance de cette technologie est encore à exploiter pour créer un écosystème entièrement transparent de la chaîne d’approvisionnement.

Des sociétés, dont de nombreuses startups, proposent déjà des solutions jumelées aux IoT dans la traçabilité de certaines étapes de la chaîne. L’engouement de ces développements est bel et bien une réponse à une réelle opportunité.

Cette approche totalement disruptive contribuera sans aucun doute à plus de responsabilité et moins d’erreurs. Son adoption ne sera peut-être plus une option. Reste à savoir, quelles sont les limites de ce système autonome ?

 

Intéressé(e) par ce sujet ?

Dans un prochain article, j’aborderai les solutions IoT associées à la blockchain.

 

Sources :
http://www.lsa-conso.fr/nestle-ouvre-ses-usines-aux-consommateurs,255477

http://www.europe1.fr/economie/pour-mettre-fin-aux-fantasmes-fleury-michon-fait-visiter-ses-usines-2784253

http://bitcoinist.com/blockchain-technology-holds-key-subways-antibiotics-free-food/

https://www.forbes.com/sites/ibm/2016/11/01/how-blockchain-could-help-to-make-the-food-we-eat-safer-around-the-world/#3ee5fe4a143d