Depuis quelques temps maintenant on constate une augmentation exponentielle de l’utilisation des réseaux sociaux. En effet, ces plateformes de partage sont devenues un moyen simple et populaire pour se montrer. Mais alors que certains les utilisent comme un outil pour garder un contact permanent avec une communauté, d’autres les voient comme le levier idéal pour se dévoiler. C’est ici que la question de l’image de soi et du paraître entre en jeu et soulève quelques débats. Car si les réseaux sociaux sont utiles à la gestion de sa e-réputation, ils peuvent aussi s’avérer être la vitrine d’une vie qui ne correspond pas à ce que nous vivons réellement. Alors comment les utilisateurs gèrent-ils leur e-mage sur le net? 

 

Plusieurs réseaux sociaux, plusieurs personnalités, une seule e-mage?

 

D’après l’étude de Dominique Cardon sur l’image de soi sur le net et les réseaux sociaux, ces derniers seraient une manière de montrer différentes facettes de soi. Nous attendons des internautes et de notre communauté une certaine forme d’engagement. Il se manifeste à travers le fameux “j’aime” présent sur la plupart des plateformes sociales. Ce n’est plus seulement un partage d’instants de la vie d’une personne mais un réel moyen de chercher l’attention, comme une marque qui chercherait à faire sa promotion à travers une campagne publicitaire. La réponse des autres dans les réseaux sociaux sont ainsi une manière de définir notre identité sur le net.

Ainsi, lorsque l’on part de ce constat, on réalise que nous vivons à travers ces “autres”, souvent amis proches mais également parfaits inconnus lorsque l’on possède un compte publique. L’individu addicte de son “E-mage” et de l’opinion que les autres ont de lui, cherche à dépasser son identité naturelle et montrer une facette de lui qu’il n’est parfois pas capable d’assumer en dehors du web.

 

Rendre l’ordinaire extraordinaire

 

Ainsi, les comportements s’alignent et deviennent représentatifs d’une génération à la recherche de reconnaissance. L’utilisateur veut transformer son quotidien simple et anodin en une véritable histoire, comme s’il voulait créer du story telling. On commentera alors la photo de la dernière pizza mangée par notre copine “lolalouli92” ou on “likera” le dernier selfie salle de sport d’un copain qui, d’après Instagram, passerait son temps à faire des tractions. Il s’agit concrètement de faire partie de la dynamique du web, de devenir mieux que ce que l’on est, de donner une image de soi qui soit idéale. On s’expose pour capter l’attention, même éphémère, et donner un rythme à notre vie digitale. Notre manière d’interagir change en fonction de la communauté à laquelle on s’adresse et suivant le réseau social que l’on choisit. Mais dans l’ensemble, le message reste le même : « regardez-moi! ».

un message par réseau social

Une manière propre de communiquer pour chaque réseau social

Je poste donc je suis?

 

Au delà du paraître et de la volonté de vouloir partager une vie qui se résume plus à un fantasme et une réalité imaginée, les réseaux sociaux sont aujourd’hui une manière de prouver que l’on existe. Paradoxal lorsque l’on connaît le nombre de faux compte sur Facebook ou encore Instagram… Mais pourtant, posséder un compte sur chaque plateforme sociale, c’est montrer que l’on est connecté à sa communauté et que l’on veut communiquer avec elle. Le soucis dans cette vision de soi et de notre manière de (se?) prouver qu’on existe, c’est que chacun est libre de poster ce qu’il veut sur lui. Mais il peut également publier du contenu sur un autre individu et montrer une image de ce dernier qui n’est pas représentative de ce qu’il est.

Autant nous sommes responsable de ce que nous publions et cela ne regarde que nous, autant le contrôle que nous avons sur notre e-mage a ses limites. Ainsi, notre identité digitale ou e-réputation, se définit à travers l’interaction que nous avons avec les autres, mais également au travers de ce qu’ils choisissent de publier nous concernant. Nous sommes donc, d’une certaine manière, interdépendants de la réaction des autres et de leur comportement.

 

Et pour les marques, quel impact?

Si les réseaux sociaux influencent nos comportements, il faut savoir que les marques sont aussi influencées par la manière  dont nous nous comportons sur ces plateformes. Aujourd’hui, elles se calquent sur ce comportement. Elles cherchent le “like” sur Facebook”, mettent en scène leurs produits sur Instagram, communiquent leurs articles sur Twitter… Elles font leur promotion à travers des leviers que les internautes connaissent et maîtrisent pour se mettre à niveau et avoir une relation privilégiée avec chaque consommateur. Certes, il s’agit d’une représentation modérée de ces comportements, et ça ne serait pas dans l’intérêt des marques de publier un selfie d’un CEO avec une « duckface »! Cependant il est clair que parler au consommateur intelligemment, c’est s’adapter à son langage et apprendre à capter ses besoins non seulement en terme de produit mais aussi en terme d’image. Enfin… d’e-mage!