Derrière BILY, il y a déjà avant tout un binôme de talents formé par Guillaume LACHAUX et Killiane MARTES ; deux amis passionnés de web et actuellement en dernière année d’études à l’ESCEN. Observateurs et visionnaires, ils ont imaginé et concrétisé leur concept à partir du constat que chaque utilisateur pouvait participer au re-nouveau publicitaire en devenant lui même un média. Ils nous racontent dans cette interview leur virage entrepreneurial et les grandes étapes de la création de leur application ciblant les nano-influenceurs.

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Nano-influenceurs: les nouveaux médias de demain ?

 

Comment tout a commencé pour vous ?

Guillaume : Lors de notre voyage à Singapour l’année dernière, un habitant voulait nous vendre un abonnement de 10€ par mois pour avoir une boisson gratuite par jour dans des bars partenaires. On trouvait l’idée assez intéressante, et on s’est dit qu’on pourrait se pencher dessus dès notre retour en France. Et ça tombait bien car deux autres étudiants avaient déjà lancé le concept via une application. Après l’avoir nous-même testé et avoir eu les feedbacks de quelques barmans, et on s’est vite rendu compte que le concept tel qu’il était conçu, était trop bancal.

On avait alors deux solutions: soit identifier les problèmes et essayer de les résoudre pour gagner le marché, soit partir sur une autre idée que j’avais déjà en tête.

 

Et quelle était cette fameuse idée ?  

Guillaume: J’avais remarqué depuis quelques temps que certains de mes amis qui n’avaient pas plus de 260 abonnés montaient leurs petits blogs pour parler des derniers achats qu’ils avaient fait … Et tout autour de nous, on voyait beaucoup de gens plus ou moins influents sur les réseaux sociaux partager ce qu’ils achètent, ce qu’ils mangent et qui le font gratuitement pour le compte de grosses marques pour lesquelles c’est hyper bénéfique, puisque c’est de la publicité gratuite.

L’idée c’était donc de faire comprendre à ces utilisateurs lambda qu’ils pouvaient tout à fait eux-aussi être des influenceurs, et que les posts qu’ils font au quotidien pouvaient être potentiellement rémunérés.

La génération qui arrive est très familière aux influenceurs et à ce principe de parler d’une marque pour gagner de l’argent. Ça choque de moins en moins de personnes et ça rentre de plus en plus dans les mœurs qu’auparavant.

Killiane: Et maintenant, les internautes regardent jusqu’à dix fois plus longtemps les posts d’un ami plutôt qu’une bannière publicitaire classique. On pense donc vraiment que le marché de l’influence va bientôt avoir autant, si ce n’est plus d’impact que la publicité Display.

 

Concrètement, BILY qu’est-ce que c’est ?

Killiane: C’est une application qui permet de faciliter la mise en relation des marques avec les micros et nano-influenceurs.

Guillaume: On tient beaucoup à ce terme de « nano-influenceurs » c’est à dire les internautes qui ont généralement moins de 1 000 abonnés, mais qui sont de précieux bouche à oreille pour les marques, car leur communauté est composée principalement de leurs proches. Une étude a démontré que les nano-influenceurs avaient un impact 10 fois plus fort dans la décision d’achat, qu’une promotion faite par une star ou un autre influenceur important .

 

Comment fonctionne l’application pour les marques et les utilisateurs ?

Guillaume:  La marque nous donne un budget total qu’on s’engage à ne pas dépasser, on le divise en fonction du nombre de posts qu’elle veut obtenir pour arriver à estimer la visibilité qu’elle aura sur les réseaux sociaux. On détermine alors le prix rémunéré par like pour l’utilisateur. On prend un pourcentage de marge sur le budget de la marque et la campagne s’arrête dès que le budget maximal est atteint, ou que la deadline est dépassée.

Killiane: Pour faire sa publication, les nano-influenceurs doivent respecter le brief de la marque tout en laissant exprimer leur créativité. Ils sont rémunérés au nombre de likes qu’ils obtiennent sur leurs post, et récupèrent leur gain sur leur cagnotte.

 

Fonctionnement de l'application BILY pour les nanos-influenceurs

 

D’où vous est venu le nom de BILY ?

Killiane: BILY c’est une abréviation utilisée sur les réseaux sociaux surtout aux Etats-Unis, qui signifie « Because I Love You ». On cherchait un nom simple qui puisse s’exporter à l’international, qui soit facile à lire et à dire, et qui signifiait déjà quelque chose. Et on l’a détourné en « Because I Like You » ! 👍

 

« Fake it until you make it »

 

Qu’elles ont été les principales étapes dans la création de votre application ?

Killiane: L’ESCEN nous a toujours appris à tester un concept avant de le lancer. Alors on a commencé par voir si techniquement on pouvait construire quelque chose qui nous permettrait de tester le concept ! La grande question, c’était comment développer l’application alors qu’on n’est nous-mêmes pas vraiment développeurs ? Alors on a sélectionné un CMS qui s’appelle GoodBarber, qui permet de créer des applications et rajouter des pluggins intégrés.

Au bout de 6 mois, on a validé la faisabilité de l’application et on s’est dit: on tente !

Puis quand on a commencé à démarcher les marques, on nous a conseillé de monter notre structure administrative, donc on a créé notre SAS.

 

Quelles technologies utilisez-vous pour améliorer en continue BILY?

Guillaume: Jquery, Javascript, HTML/CSS qu’on intègre dans notre backoffice, pour convertir le tout dans les langages appropriés pour Android, iOS et les Progressive Web Apps.

Mais un CMS a aussi ses limites. Typiquement, on avait besoin de créer une cagnotte pour nos utilisateurs mais GoodBarber, ne nous offrait pas cette fonctionnalité. Alors on applique l’expression « Fake it until you make it » pour chercher constamment des moyens de contourner des choses techniques dont on a besoin.

 

Quelles marques font déjà appel à votre application et quels ont été les résultats ?

Killiane: Canard; un site de cadeaux pour femme, Oden; une marque de cosmétiques bios, BeMyself, l’agence pour laquelle travaille Guillaume … Nous avons travaillé avec une dizaine de marques pour le moment.

Guillaume: Étonnement, BeMyself qui s’adresse pourtant à une cible de clients BtoB a fait la meilleure conversion. Le bouche à oreille généré par ces nano-influenceurs fait finalement que même si tu n’es pas forcément un client final, tu connais dans ton entourage proche des potentiels professionnels qui sont la cible de BeMyself, et ça été le cas ! L’un d’entre eux à fait une demande de devis à un très gros montant, alors que le budget par post était seulement de 3€ ! 

Le site Canard fonctionne très bien aussi car ils ont un budget de rémunération plus élevé et leurs produits plaisent bien à nos utilisateurs. On saura à la fin de la campagne s’ils ont eu une véritable augmentation en termes de vente.

 

Comment construisez-vous votre communauté sur les réseaux sociaux ? Quels leviers utilisez-vous pour acquérir vos utilisateurs et les nano-influenceurs ?

Guillaume: Notre communauté reste aujourd’hui encore faible, car nous manquons de temps pour concevoir toute cette stratégie de communication. On ne peut pas avoir 10 000 abonnés qualifiés en quelque mois sans faire ce que nous interdisons aux nano-influnceurs: s’abonner à beaucoup de comptes pour attendre d’être suivis et au final avoir des followers non qualitatifs, tout comme utiliser des applications qui génèrent automatiquement des likes.

Pour faire grandir votre communauté, on fait donc surtout confiance pour le moment à notre réseau, au bouche à oreille et surtout on utilise notre propre concept pour faire connaitre BILY !

Killiane: Presque 100% de nos utilisateurs proviennent aujourd’hui directement de la recherche organique sur les plateformes de téléchargement d’applications, soit Apple Store et Google Play. Quand on lance une requête “influenceur”, on apparaît effectivement dans les premiers résultats. Aujourd’hui, on compte plus de 940 téléchargements (environ 2 par jour depuis le lancement) et 280 utilisateurs ont créé leur compte.

Nano-influenceurs: Application BILY

Vous avez été repéré par Maddyness; quel a été l’impact de l’article qu’ils ont publié sur BILY ?

Guillaume: Cette publication nous a apporté une certaine crédibilité, et des contacts assez extraordinaires de la part de plusieurs marques. Par exemple, le leader du maillot de bain brésilien a adoré notre concept et nous a récemment contactés.

 

Quel rôle a joué l’ESCEN dans l’élaboration de votre projet ?

Guillaume: L’école nous soutient beaucoup, elle nous a encouragés pour le lancer, et surtout elle nous a donnés l’envie de continuer. Elle utilise d’ailleurs BILY en tant que marque.

Dans quelques mois, on repart à San Francisco, nous allons pouvoir bénéficier du réseau professionnel qu’elle a construit pour faire connaitre l’application.

 

« On ne naît pas entrepreneur … On le devient ! »

 

Combien vous a coûté la réalisation de votre projet ?

Guillaume: En passant par LegalStart, on a eu environ 600€ de frais de création d’entreprise, et on compte environ 115€ de frais par mois pour le backoffice et le développement de l’application. Il faut rajouter nos abonnements téléphoniques, mais en tout, on en est à environ 1 000€ d’investissement pour le moment, c’est très faible.

Killiane: Ce qui nous coûte le plus finalement, c’est le temps qu’on y consacre. Les impôts et les charges ne nous tombent pas encore dessus !

 

Justement, être entrepreneurs et étudiants en alternance doit vous demander un investissement considérable !

Guillaume: C’est vrai, on y consacre environ 50% de notre temps.  Tous les soirs, toute la journée, on a des posts à modérer, des cagnottes à rémunérer, on doit concevoir les mises à jour …

Pourtant il y a quelques mois encore, je n’avais pas du tout l’esprit entrepreneurial. Dans toutes mes expériences professionnelles, j’ai toujours admiré mes patrons mais je me disais  “Quel enfer, toutes ces responsabilités qu’ils endossent ! ».

Et puis finalement, comme on s’était déjà bien projetés dans notre première aventure, on s’est dit que c’était maintenant ou jamais. On se donne toujours l’impression de n’avoir jamais le temps de faire quoi que ce soit parce qu’on s’estime surbookés, mais c’était vraiment le meilleur moment pour le faire.

 

Quel avenir pour le développement de votre application ? Avez-vous déjà des idées de nouvelles fonctionnalités ?

Guillaume: On a 1 000 idées ! Mais l’ambition ultime pour nous serait de créer une sorte de Google Adwords dédié aux marques, pour leurs campagnes d’influence.

Elles auraient elles-mêmes un back-office qui leur permettraient de mettre un budget sur le produit, déterminer précisément leur cible, leur budget total, par post et par like, et lancer directement la campagne en ligne sur l’application.

L’objectif c’est qu’à long terme, il n’y ait presque plus d’intervention humaine de notre part.

Killiane: Et avant ça on essaye surtout de rester ouverts, d’écouter les nano-influenceurs, nos utilisateurs et les marques, leur demander leurs feedback pour savoir aussi prendre du recul sur ce que l’on leur propose aujourd’hui et ce qu’on améliorera demain !

 

Qu’est ce qui fait la force de votre binôme ?

Killiane: Guillaume c’est quelqu’un de réfléchi, de patient, qui aime bien analyser les problèmes, les prioriser et les résoudre. Moi je vais droit au but, je fonce ! C’est un défaut comme un avantage, mais c’est ça qui fait notre force: notre complémentarité.

Guillaume:  Pour résumer, si j’étais tout seul je n’aurai rien fait, je serai encore dans mon canapé, j’aurai eu cette idée en tête mais je ne l’aurai pas développé. Si Killiane, l’avait développé tout seul, il aurait fait n’importe quoi. Il aurait investi 30 000€ dans une agence, et il se serait endetté ! 😅

 

Pour terminer, y’a-t-il une citation qui résume votre quotidien ?

Guillaume: Il y en a trop ! On commence par quoi, “Le mieux est l’ennemi du bien” ? …  🤣

Killiane:  … “Il y a toujours un mal pour un bien” ? 😂

Guillaume: C’est vrai qu’il y a toujours des galères, on s’est aussi fait avoir plein de fois et c’est d’ailleurs comme ça qu’on a implémenté de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles CGU …  Au final on se rend compte, qu’on apprend beaucoup de nos erreurs et que c’est elles aussi qui nous permettent de consolider chaque jour un peu plus notre application !

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Guillaume LACHAUX et Killiane MARTES

 

Un grand merci à Guillaume et Killiane pour le temps qu’ils ont consacré à cet échange très sympathique et enrichissant !

Vous l’aurez compris chers lecteurs, vous pouvez tous devenir nano-influenceurs !

Alors foncez télécharger BILY sur Apple Store et Google Play et testez le concept en publiant leur brief sur vos réseaux sociaux !

Et surtout, n’oubliez pas de les suivre sur FacebookInstagram et Twitter !

 

 

 

 

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