« Je ne sais pas à quelle soirée aller, mais je sens que si je ne me décide pas tout de suite je vais me taper un gros Fomo ! »

Syndrome de la révolution 2.0, le FOMO acronyme pour « Fear of Missing Out » ou la peur de louper quelque chose, est la conséquence inévitable de notre addiction à Internet, notamment aux réseaux sociaux.

Scène typique de notre époque au restaurant : le plat arrive et votre conjoint dégaine déjà son téléphone portable pour « immortaliser » la scène, prend son plat en photo et BIM direction Instagram. Au passage, il en profite pour « checker » ses derniers « likes » sur le dernier post qu’il a mis il y a quelques heures et répondre à quelques commentaires. Comme vous n’avez rien à faire, en attendant, vous finissez par faire la même chose et ce qui devait être initialement un dîner en tête-à-tête prend rapidement la forme d’une vulgaire bataille d’égocentrisme. Le plat refroidi, vous n’avez pas encore parlé mais qu’importe, le principal a été capturé et affiché aux yeux de tous vos « followers ».

FOMO : trouble compulsif ou simple conséquence d’une addiction à Internet ?

Cette scène que vous venez de vivre est un cas typique du FOMO, cette hantise de rater quelque chose et ce besoin compulsif de vouloir convaincre (et se convaincre) tout le monde qu’on se trouve au bon endroit, au bon moment et qu’on a une vie formidable. Ce phénomène de « self esteem» envahit nos news feeds et se propage sur tous les réseaux sociaux. Pour certains, ce phénomène serait une simple consommation abusive des réseaux sociaux, classique chez la génération Y et encore plus déroutant chez les jeunes adolescents de la génération Z, baignant depuis leur plus tendre enfance dans la culture digitale.

Pour d’autres, comme le psychologue Jean-charles Nayebi, cela serait une véritable maladie mentale qu’il appelle « trouble d’ordre compulsif » et qu ‘il traduit « d’anxiété de ratage ». « C’est un besoin irrépressible de se connecter à des réseaux pour savoir ce qu’il s’y passe, pour ne pas rater un événement ou laisser échapper une information intéressante.»

Cela ne concerne pas tout le monde bien sûr, certains sont plus vulnérables que d’autres, tombent dans l’excès et en souffrent. En ligne de mire, les jeunes adultes hyperconnectés de la génération Y, victimes du syndrôme du « surbooking », qui ont tendance à accepter plusieurs évènements à la fois pour ne rien rater.

Cela se retrouve également dans la sphère professionnelle, mais les psychologues appellent cela plus plutôt le FONK ou « Fear of Not Knowing ». Il affecterait plus particulièrement les individus de moins de 30 ans en quête de reconnaissance sociale dans un environnement professionnel de plus en plus anxiogène ; multiplication des conférences et des « réunionites », ces réunions à outrance plus ou moins utiles qui font perdre du temps et de la productivité.

Guy #1: I had a great day, climbed a hill and didn’t check facebook.
Guy #2: Good day?
Guy #1: Yeah pure JOMO.

Les cures de désintox pour les accros d’Internet

Pour contrer ce phénomène grandissant, est né un mouvement, le JOMO « Joy of Missing Out », qui consiste à se déconnecter de tout ce qui nous rallie à Internet pour profiter pleinement du moment présent sans se soucier de ce qui se passe sur les réseaux sociaux et chez les autres. Aux USA on parle même de « Digital Rehab ». De plus en plus d’entreprises ont bien capté cette tendance et tentent d’en tirer profit. En Californie, un camp propose des exercices de méditation pour les employés surmenés dans la Silicon Valley afin de retrouver de la sérénité loin d’Internet et des objets connectés. Au programme : bataille de polochons, concours de rire, et autres activités créatives… une manière originale de traiter cette addiction en nous faisant replonger en enfance, le tout pour la modique somme de 300 dollars.

Cette tendance s’étend également en France. Des entreprises proposent des stages « anti-stress » pour les plus gros cyberdépendants. C’est le cas du château de la Gravière près de Bordeaux qui propose un séjour « Digital Detox » pour « revenir à l’essentiel ». Smartphones, tablettes et autres devices sont réquisitionnés pendant le séjour en échange de livres, jeux de cartes, et autres activités de divertissements. Le but étant que les individus communiquent entre eux et retrouvent leur liberté.

Même certaines marques s’y mettent comme c’est le cas de KitKat qui a installé aux Pays-Bas des zones où les signaux Internet sont brouillés.

Dans un contexte où il devient difficile d’échapper au digital, l’industrie de déconnexion semble être en vogue, alors simple phénomène de mode ou véritable contre-courant à ne pas négliger ?