La France, une start-up nation?

La France est aujourd’hui très dynamique en terme de start-up. C’est le pays d’Europe qui crée le plus de start-up : on en dénombre environ 10.000. Elles sont soutenues dans leur développement par un écosystème particulièrement favorable . Mais ces chiffres positifs cachent une réalité plus contrastée. Même si la France sait faire naître de jeunes pousses, elle ne sait pas transformer ses pépites en ETI ou en licornes (start-up valorisées à plus d’1 Milliard de Dollars). Quels sont les leviers pour accélérer leur développement? Quelles pourraient-être les futures licornes françaises?

Un écosystème favorable au développement des start-up

Les dirigeant des start-up françaises sont des entrepreneurs hautement qualifiés et expérimentés. Selon le baromètre France  Digitale 2018, 87% d’entre eux possèdent un master ou un doctorat et un dirigeant sur deux est un serial entrepreneur.

Le dynamisme entrepreneurial se traduit également au niveau des jeunes : de nombreux cursus intègrent désormais des cours dédiés à la création d’entreprise. Depuis 2014, un statut d’étudiant entrepreneur a été créé pour les étudiants qui souhaitent créer leur entreprise pendant leurs études ou juste après : 6000 jeunes en ont déjà bénéficié. Des PEPITE (pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) ont vu le jour dans la plupart des universités et des grandes écoles.

Le système éducatif français fournit également une main d’oeuvre qualifiée, notamment dans les technologies de pointe.

Les structures pour accompagner le développement des start-up se sont multipliées : de nombreuses initiatives publiques comme privées existent. Le gouvernement soutient cette dynamique avec la création d’un fonds d’innovation de 10 Milliards d’€ auquel est associé la BPI. Un label “French Tech” a été créé en 2013 pour fédérer les acteurs de l’écosystème des start-up, notamment au niveau des régions et des métropoles.

Les grands groupes sont également très actifs : sur l’ensemble des entreprises du CAC 40, seules 3 d’entre elles n’ont pas de structure dédiée aux start-up.

L’accompagnement des start-up est essentiel pour assurer leur pérennité mais également pour accélérer leur développement.

Les besoins en accompagnement d’une start-up peuvent être de 3 types : infrastructure (locaux, outils…), conseil et business (mentorat par des entrepreneurs, mise en relation, accès à des experts…) et financement. L’offre de services sur le marché français est très riche : couveuses, incubateurs, accélérateurs, pépinières, espaces de coworking. Il existe en France environ 240 incubateurs publics et 50 accélérateurs. Le lancement de “STATION F” qui est le plus grand campus de start-up au monde est emblématique du rôle que la France veut jouer dans ce domaine.

Des investissements en forte hausse mais en deçà de nos voisins européens

La dynamique est également présente au niveau du montant des levées de fonds réalisées par les start-up. La France vit une période de croissance exceptionnelle des investissements : au 1er semestre 2018, près de 2 Milliards d’€ ont été levés par les start-up françaises, ce qui représente une hausse de 61% par rapport à la la même période de 2017. Cette forte augmentation s’explique d’une part par la hausse du montant des opérations et d’autre part par l’intérêt des investisseurs étrangers dans ces financements.

source : CB Insights Tech Funding Trends in France Q2 2018.

Les secteurs les plus porteurs pour ces levées de fonds sont les services internet (e-commerce, marketing à la performance, géomarketing…), la Biotech/Medtech et les logiciels.

En Europe, 3 pays concentrent 68% du total des investissements en volume (source baromètre EY S1 2018) : l’Allemagne, le Royaume Uni et la France. Cependant, la France reste en retrait par rapport à ses voisins européens que sont le Royaume Uni et l’Allemagne. Les start-up de ces pays réalisent des levées de fonds beaucoup plus importantes comme on peut le constater sur le graphique ci-dessous. Le Royaume Uni restant de très loin le leader européen.

source image : la Boussole-BCG guide “Devenir une licorne”

Alors qu’en Europe, 57 entreprises ont atteint le statut de “licorne”, dont 22 au Royaume Uni et 7 en Allemagne, la France reste à 4 start-up ayant atteint ce stade de développement : Criteo, Blablacar, Ventes Privées et OVH.

Quels sont les leviers de développement des Start-up françaises?

Même si l’écosystème français est très dynamique et génère de nombreuses pépites, il n’arrive pas à transformer les start-up en ETI ou en licorne.

Trois leviers sont à travailler pour aider ces entreprises à se développer beaucoup plus fortement :

  • Le système d’accompagnement des start-up : il est aujourd’hui très riche mais dispersé et manque de lisibilité pour les start-up. Toutes les structures n’ont pas le même degré d’expertise. Or en fonction de ses besoins, la start-up a besoin d’un accompagnement professionnel et ciblé sur les enjeux propres à son stade de développement. Ce point est clé pour aider les start-up à accélérer leur croissance. Une clarification des compétences et de l’offre de service de chaque structure est indispensable.
  • le montant du financement des pépites : le montant des opérations réalisées reste faible. La plupart des levées de fonds sont inférieures à 5 Millions d’€ : 72% sur le S1 2018 étaient inférieures à ce montant. Or ce sont les opérations de grande ampleur qui permettent de développer des entreprises de plus grande taille. Au premier semestre 2018, seules 4 levées de fonds ont dépassé les 50 Millions d’€ contre 10 au Royaume Uni.
  • l’accompagnement sur le long terme de ces entreprises : il n’existe pas dans l’écosystème français d’investisseurs à long terme dans l’innovation. Même si les grands groupes sont très présents dans l’écosystème, ils restent très frileux économiquement dans leurs investissements :  les start up ne représentent que 0,1% des dépenses des grands groupes selon l’étude réalisée parle cabinet Five by Five et le montant moyen des rachats de start-up par des entreprises françaises est de 25 Millions d’€.

Alors, quelles pourraient-être les futures licornes françaises?

La banque d’affaires GP Bullhound a analysé 400 entreprises européennes ayant levé plus de 20 Millions de $ et en a retenu 50 d’entre elles comme “licornes” potentielles à 2 ans. Parmi elles, 11 entreprises françaises :

Infographie :