Le 4 Octobre dernier, le Paris Saint-Germain annonçait en grandes pompes la création de sa section e-sport.Si le sport et son équivalent virtuel, le e-sport, semblent être deux univers étanches, les frontières sont pourtant bien plus tenues. Et si un club comme le PSG  nourrit de grandes ambitions pour sa section e-sport, c’est qu’il y a des raisons !

 

1 – Le e-sport, un « vrai » sport ?

L’image d’épinal du gamer, affalé dans son canapé, stimulant frénétiquement sa manette, a pris un  coup de vieux. Certes, les joueurs s’affrontent principalement sur des jeux de guerre ou de stratégie, mais aujourd’hui, le e-sport embarque tout le décorum du sport de haut niveau :

  • Des joueurs professionnels, véritables athlètes

Evidemment, il n’y a pas dans l’ e-sport de dépense énergétique notable. Mais une partie de jeu en ligne demande une concentration et une précision incroyables… Les e-sportifs sont préparés aussi bien physiquement que mentalement, les « gaming house » sont de véritables centres d’entrainement, et les centres de formation poussent comme des champignons. Des cas de dopage ont été récemment révélés…Dernier argument : la récente prise en compte par le Sénat du statut de joueur professionnel de jeu vidéo.

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gamer e-sport

Gamer du PSG eSport

Pour Sasha Brodowski, expert du secteur, »psychologiquement, c’est éprouvant. Ça demande des réflexes incroyables, quasi surhumains. Physiquement, j’ai déjà vu des joueurs avec des attelles tant les matchs sont épuisants. Les tendinites sont récurrentes ».

  • Des coachs, des directeurs sportifs, des agents

Ca grouille de partout, comme autour des stars du ballon rond. Les meilleurs joueurs de la planète s’arrachent à prix d’or, les arrivées majeures sont annoncées dans des conférences de presse qui en rappellent d’autres. Par conséquent, le e-sport a aussi son mercato, même si les montants de transferts et les salaires (quelques dizaines de milliers d’euros pour les meilleurs) sont sans commune mesure avec ceux pratiqués dans le football pro.

  • Des compétitions structurées et un public fervent

Des stades et des salles à l’ambiance surchauffée, une finale des championnats du monde de League of Legends qui se déroule à l’ Arena de Berlin devant 17 000 spectateurs et suivie par 36 millions d’internautes à travers le monde, les compétitions de e-sport font le plein. Certaines prophétisent que le e-sport drainera prochainement plus de monde que les grandes compétitions sportives.

League of legends LOL stade cologne

Cologne – League Of Legends

  • Des sponsors et des équipementiers

Ils jettent leur dévolu sur les e-teams. Les joueurs majeurs sont désormais sponsorisés par des entreprises mondiales qui fournissent matériels et accessoires de jeu de pointe. Et les contrats de sponsoring des stars atteignent les 150 000 USD chaque année.

Engagement Yellowstar psg

Notoriété de Yellowstar, directeur sportif PSG e-sport

Sasha représente des gamers français à travers le monde et se réjouit du boom que connaît son secteur. « Au départ, quand j’allais démarcher les grandes marques pour mes clients, elles me prenaient pour un illuminé. Maintenant, on me prend vraiment au sérieux, surtout quand elles voient la notoriété de nos joueurs, omniprésents sur les réseaux sociaux. Avec un net avantage économique : « Les e-sportifs ne coûtent pas cher, surtout comparés aux sportifs » .

  • Des médias 

L’Equipe 21 est créateur et diffuseur du championnat de France de foot… virtuel,avec tous les codes empruntés aux retransmissions sportives « classiques »…Les joueurs font la tournée des médias, comme ceux de la section e-sport du PSG : Téléfoot, l’Equipe, RMC, Bein Sport,… Aux Etats-Unis, ESPN a même carrément crée une verticale e-sport sur son site web, et les WebTV gagnent en audience.

  • Du business 

Le marché mondial du e-sport représente plus de 450 millions de dollars, et pèsera le milliard d’ici 2019 ; en France, les revenus générés par le secteur approchent les 25 millions de dollars  en 2016.

répartition des revenus dans le e-sport

poids des sources de revenus e-sport

Bref, un gros business, et la vague déferle sur les clubs pros, qui ont flairé la bonne affaire.

2 – Le e-sport, axe de développement commercial et marketing d’un club pro – l’exemple du PSG

Précurseur en la matière, le club ne se lance pas dans l’aventure  sans moyens ni arrières-pensées mercantiles : création d’une section PSG e-sport, recrutement d’un directeur sportif (Bora « Yellowstar » Kim), chasse aux meilleurs joueurs de la planète ; l’objectif e-sportif est assumé.  Mais le e-sport au PSG fait partie intégrante de sa stratégie commerciale et marketing. Et cela à plus d’un titre :

conférence de presse team PSG e-sport

Conférence de presse PSG e-sport

  • renforcer les liens avec ses jeunes fans, en recruter de nouveaux

De nombreux fans du PSG sont des gamers ou amateurs de jeux vidéos ;  le club peut ainsi renforcer son influence auprès de cette cible jeune (52% des joueurs en France ont entre 13 et 24 ans). Le e-sport est un phénomène social ; le PSG cherche aussi à recruter de nouveaux fans et à capitaliser sur un engagement très fort de la communauté des gamers à la marque. Le club entend élargir son champ de communication.

« Pour devenir une grande marque, il est capital de parler au plus grand nombre et d’aller au contact des nouvelles générations, là où elles sont. Le e-sport nous est apparu comme une évidence, c’est une audience de plus de 250 millions de fans dans le monde. » (F. Longuépée, DGA du PSG)

  • conquérir de nouveaux territoires géographiques

revenus-répartition-continents

Poids des revenus par continent

 

Plus de la moitié des fans de e-sport se trouve sur le continent asiatique, ou la marque PSG cherche par tous les moyens à assurer la visibilité de sa marque et à développer son business. Dès lors, recruter des joueurs asiatiques serait aussi pertinent qu’organiser une tournée estivale à Hong-Kong ou Shangai avec les Di Maria, Verrati, Pastore et consorts. Le e-sport donne au PSG l’opportunité de toucher dans le monde entier une nouvelle génération, celle des Millenials. En particulier dans un territoire important pour le club et qui s’ouvre au football : la Chine.

 

 

 

 

 

  • booster les revenus sponsoring et merchandising

L’intérêt des marques pour le e-sport est de plus en plus prégnant, et la cible jeune fortement consommatrice de produits dérivés … coup double !

Nasser El Khalaifi himself, président du PSG, pour le mot de la fin :   »Le e-sport  est le futur de notre activité et de notre marque. Le PSG a toujours besoin de gagner. Alors vous n’avez pas le choix, vous devez gagner.  Les clubs de foot innovent sans cesse dans leur communication, séduire de nouveaux fans et attirer de nouveaux sponsors. L’e-sport est un moyen de faire les trois en même temps. »

Perspectives :

Dans le secteur du e-sport, tout reste à faire au niveau de la monétisation.Le club vise à terme les 1ers rôles dans la compétition phare, la League Championship Series, dont 44% de l’audience est sur le continent asiatique.

Et selon F. Longuépée, « nous aurons à terme d’autres revenus provenant des droits TV, du licensing et de la billetterie des grands événements e-sport »

L’organisation de tournois au Parc des Princes n’est plus une chimère…Et le PSG eSport se glissera peut-être plus rapidement sur le toit de l’Europe que sa sœur (ou cousine)!

gamer e-sport action

A suivre…

 

 

 

 

 

Sources : GQmagazine – Esportactu – Millenium – Connectesport

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