Le selfie a fait son entrée dans le dictionnaire en 2015, il avait déjà conquis la planète depuis plusieurs années. Aujourd’hui il n’a plus le vent en poupe auprès des médecins américains, le selfie et les filtres des réseaux sociaux nous pousseraient à consulter. Etudes à l’appui, les professionnels nous prouvent que ce n’est pas anodin…

Qui ne connait pas le selfie?

Les variantes de selfie

Selfie, Autophoto ou Egoportrait : Action de prendre une photo de soi seul ou en groupe à l’aide de son smartphone (le plus souvent) avec ou sans une perche télescopique. Le mot selfie a été employé pour la première fois en ligne en 2002 par un australien et il a ensuite doucement parcouru la planète pour se démocratiser en France et dans le monde à partir de 2012. Aujourd’hui, 60% des Français le pratique et de nombreuses variantes sont apparues:
  • La duck face (avec les lèvres en canard)
  • Le selfeet (selfie des pieds)
  • Le legsie (photo de ses jambes nues étendues)
  • Le Helfie (photo montrant les cheveux)
  • Le Breastie (montrant la poitrine)
  • Le Belfie (montrant les fesses)
  • Le delfie (avec son chien, à ne pas confondre avec le Drelfie, pris ivre)
  • etc.

Le selfie fait le buzz

Le selfie est populaire et fait couler beaucoup d’encre. En mars 2014, le site The Abodo Chronicles, équivalent du « Gorafi », sortait un faux article intitulé « American Psychiatric Association makes it official : « Selfies » a mental disorder ».

 

« L’association américaine de psychiatrie l’officialise: le « selfie » est une maladie mentale »
Selfitis La maladie mentaleSuite à cet article, de réelles études ont été menées et le Selfitis est désormais classifié comme trouble mental depuis fin 2017.
Les « addicts » sont classés en trois catégories :
A risque, pour ceux qui prennent au moins trois selfies par jour ;
Sévère, pour ceux qui prennent trois selfies et les postent sur les réseaux sociaux ;
Chronique, pour ceux qui ont des envies incontrôlables de se photographier et postent plus de 6 selfies par jour en ligne (pour en savoir plus).
2018 amène cette fois une nouvelle polémique sur les selfies. Des chirurgiens américains se sont penchés sur l’impact du selfie sur l’image de soi et notamment sur l’effet trompeur de la photo. Ils se sont demandés si le selfie favorise la dysmorphophobie.

Selfie et dysmorphophobie

La dysmorphophobie ou Body Dismorphic Disorder (BDD) en anglais, “se caractérise par des pensées excessives et une obsession d’un défaut imaginaire ou d’un petit défaut physique, dont la perception de la personne est complètement démesurée. La personne atteinte de dysmorphophobie a une mauvaise image d’elle-même.” selon le site passeportsante.net.
La dysmorphophobie atteint environ 1% de la population et a “une prévalence de 10% au moins en population clinique de chirurgie esthétique, dermatologie ou psychiatrie.”
« La dysmorphophobie atteint environ 1% de la population et a “une prévalence de 10% au moins en population clinique de chirurgie esthétique, dermatologie ou psychiatrie.”
J’ai demandé à plusieurs médecins si ils pensaient que les réseaux sociaux et le selfie pouvaient entrainer la dysmorphophobie et la plupart en sont convaincus puisque 88% ont répondu positivement.

Sondage facebook

Selon l’étude menée par des chirurgiens plasticiens américains et publié dans le JAMA Facial Plastic Surgery, les photos de près élargissent le nez jusqu’à 30% sur une photo prise à 30 cm par rapport à une photo prise à 1m50. Donc on peut facilement en conclure que l’image personnelle est affectée par le selfie et particulièrement ce dernier devrait entraîner une hausse significative du nombre de rhinoplasties.
D’après le rapport 2016 de l’International Society of Aesthetic Plastic Surgery (ISAPS), la rhinoplastie chirurgicale représentait en France 17,746 procédures. Cela représente 19,5% des actes de chirurgie esthétique du visage contre 18,6% au niveau mondial.
Selon le même rapport de 2011, la Rhinoplastie représentait 15,782 actes soit 7,6% des procédures totales, elle est descendue à 6,8% en 2016.  Il y a donc eu une augmentation de 12,4% du nombre de rhinoplasties en France en cinq ans.
Toutefois quand on calcule le taux d’évolution du nombre total de procédures en chirurgie esthétique en France, on arrive à une augmentation de 25,2% sur ces mêmes cinq années. La tendance se confirme aux USA où le nombre de rhinoplastie a augmenté de 32% versus 35% pour les actes esthétiques chirurgicaux totaux.
Le nombre de rhinoplasties augmentent donc moins que le nombres d’actes totaux, peut-on incriminer le selfie ? Même si l’opinion des médecins va dans ce sens, les chiffres montrent que ce n’est peut être pas le cas.
Une spécialiste du BDD, Katharine A. Phillips avance que  » la cause de la dysmorphophobie est compliquée. Nous n’en savons pas grand-cose. Mais, comme d’autres troubles psychiatriques, le BDD est probablement dû à une combinaison de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux. » Le selfie joue donc un rôle mais ce ne serait pas la seule raison d’un trouble dysmorphique chez un patient.

Selfie: les filtres dans le collimateur

« 55% des chirurgiens ont reçus des patients leur montrant des filtres.« 
Les chirurgiens se sentent particulièrement concernés par le selfie en ce milieu d’année 2018. En effet, trois dermatologues de l’université de Boston ont regroupé leurs observations sur l’utilisation des filtres dans un article publié sur le site de publications scientifiques « Jamanetwork ».
Avant, Photoshop était le secret (mal gardé) des magazines pour parfaire les corps des stars ; aujourd’hui, la retouche photo est devenue un jeu d’enfant et tout le monde s’y met.
Cet article est partie du constat que de plus en plus d’individus venaient en consultation munis de photos d’eux mêmes modifiés avec des filtres Snapchat ou grâce à l’application Facetune. En 2017 un questionnaire mis en place lors de l’ « Annual American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery » (AAFPRS)  faisait ressortir que 55% des chirurgiens ont eu ce type de demande contre 42% en 2015. Le questionnaire met en lumière également une hausse du nombre de patient partageant leur opération sur les réseaux sociaux.
« cette demande est inquiétante car « elle représente souvent un aspect inatteignable et brouille la frontière entre réalité et fantaisie. »
Les filtres ont pour but de parfaire son look en élargissant les yeux, lissant la peau et en affinant le visage et le nez.
Certains patients souhaitent avoir recours à de la chirurgie pour améliorer leur apparence sur leurs selfie ou leurs réseaux sociaux. Les adolescentes et les personnes atteintes de BDD sont la population qui a tendance à avoir ce type de demande appelée la “Snapchat Dysmorphia”. Cependant cette demande est inquiétante car “elle représente souvent un aspect inatteignable et brouille la frontière entre réalité et fantaisie »
Pour ces patients la solution n’est donc pas la chirurgie mais bien une thérapie comportementale cognitive qui leur permettra de rétablir la réalité et de mieux s‘accepter.
filtres instagram

Filtres Snapchat

 

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Sources: