Quel est l’impact d’internet et du search sur le consommateur et plus généralement sur l’individu et le citoyen ?

A l’heure du Mobile First et d’un temps d’attention de plus en plus réduit, cette question revient sur la table et nous permet de nous arrêter quelques instants pour passer nos usages sous un microscope.

 

Où partent nos neurones ?

Depuis plusieurs années, nous entendons parler d’une baisse de QI dans nos populations occidentales amorcée XXIe siècle. Plusieurs causes sont imputées, une population vieillissante, des changements dans nos modes de vies, avec par exemple l’utilisation prolongée d’écrans ou encore les réunions à répétition (la comitologie est peut être un symptôme à prendre en compte, mais ne vous inquietez pas, on en vient à bout !).

 

On constate en fait ce que l’on appelle un Flynn Reversal, en référence au Flynn Effect qui constatait une augmentation de 3 points de QI chez les jeunes adultes tous les 10 ans depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

James Flynn, le chercheur Néo-Zélandais à la base de cette théorie, a en effet été l’un des premiers à remarquer cette inversion chez les adolescents britanniques, en notant que « si leur environnement cognitif a bien été enrichi avant leur adolescence, leur environnement cognitif n’a lui pas été enrichi ».

 

“It looks like there is something screwy among British teenagers.While we have enriched the cognitive environment of children before their teenage years, the cognitive environment of the teenagers has not been enriched.”       – James Flynn –

« Il semble que quelque chose cloche chez les adolescents Britanniques. Alors que nous avons enrichi leur environnement cognitif avant leurs années d’adolescence, leur environnement cognitif n’a lui pas été enrichi »

Cette tendance n’a pas de cause identifiée de manière certaine pour l’instant, mais si les baisses de QI temporaires en réunion sont avérées, il n’est pas encore possible d’établir si cette baisse de QI appartient à une tendance de fond généralisée dans les populations occidentales et peut être imputée à un mode de vie se tournant de plus en plus vers un usage accru des écrans et une diminution du temps de lecture, ou si elle peut être imputée à d’autres facteurs.

Néammoins, certaines études semblent pointer dans cette direction, comme le montre une étude récente du Ragnar Frisch Centre for Economic Research reprise dans de nombreux journaux, qui tient la télévision pour responsable de la baisse d’activité cognitive et du taux de réussite au bac chez les jeunes garçons.

 

 

« We find that higher exposure to commercial television reduces cognitive ability and high school graduation rates for boys. The effects appear to be driven by consumption of light television entertainment crowding out more cognitively stimulating activities. »

« Nous observons qu’une plus grande exposition à la télévision commerciale réduit l’aptitude cognitive et le taux d’obtention du diplôme des lycéens. Il semblerait que ces effets proviennent d’une consommation de divertissements télévisés réduisant le temps consacrés à des activités plus stimulantes. »

 

 

Un écran pas comme les autres

Cependant, l’écran qui nous intéresse ici en particulier n’est pas celui de la télévision, mais celui de nos ordinateurs, smartphones ou tablettes. En effet, nous passons maintenant plus de temps devant ces écrans que devant nos téléviseurs, et nous savons pourquoi : internet.

 

 

Différentes approches nourissent ce débat concernant notre dépendance toujours plus grande à la technologie et en particulier au digital.

Pour certains comme Nicholas Carr, si nous passons tant de temps devant ces écrans c’est que la technologie nous apporte beaucoup et augmente sensiblement notre intelligence, ou en tout cas notre capacité à utiliser la technologie pour trouver des solutions.

Pour d’autres, notre dépendance à la technologie nous rendrait plus idiot : notre intelligence ne dépendrait que de la technologie et sans elle nous perdrions en intelligence par rapport aux générations du XXè siècle.

Enfin, devons-nous croire sur parole le World Economic Forum et ne pas tenir compte du QI mais plutôt du DQ, la « Digital Intelligence » qui prend en compte les outils et plateformes que nous utilisons, et la manière dont nous utilisons internet ?

 

 

Et le search dans tout ça ?

Mais si ce débat fait rage depuis de nombreuses années, ce qui nous intéresse aujourd’hui est un usage d’internet bien précis : le search.

Si la recherche académique a évolué grandement depuis l’arrivée d’internet, le search joue-t-il un rôle dans la diminution observée du QI chez les populations occidentales ?

Et de manière plus large, le search sur internet, son évolution naturelle vers le voice search et le search hors internet (par exemple, via un raccourci bien connu permettant de scanner une page web pour un mot clé, ou tout autre document – coucou ctrl+F Waving Hand on Apple iOS 11.3) a-t-il des conséquences sur nos capacités cognitives, notamment en terme de mémorisation de l’information ?

 

Ces questions et leurs réponses ont des implications bien réelles et montrent en quoi l’emprise des géants de la technologie peut influencer notre comportement de manière durable.

Avec l’émergence de nouvelles technologies réinventant la recherche comme les assistants vocaux, ou encore la VR et AR, comment évoluent nos cerveaux face à une information toujours plus facile à trouver (et à oublier) rapidement ?

Des sujets que je traiterai dans thèse professionnelle pour le MBA MCI bien sur, et que je vous invite à lire lors de sa publication en Septembre 2018.