Tout le monde en parle… la blockchain fait le buzz. De nombreuses industries sont séduites par ses propriétés ? Et en santé, pourquoi et comment la blockchain pourrait être un nouvel acteur ?

Au-delà du Bitcoin, la blockchain permet le transfert d’information désintermédié mais sécurisé et basé sur la cryptographie. Fondamentalement, la blockchain est une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne. On passe d’un modèle centralisé  vers un modèle distribué, partagé.

Le partage sécurisé des données de santé

blockchain

90% des données numériques  ont été produites dans les deux dernières années. Cette tendance est également présente en santé avec l’émergence des objets connectés. Les données de santé sont devenues la cible des hackers : un dossier médical est valorisé entre 12 à 18$ selon Vincent TRELY, président-fondateur de l’APSSIS, Association pour la Sécurité des Systèmes d’information, (interview sur France Inter le 8 septembre 2016). Ainsi, le nombre de cyber attaques contre les hopitaux a considérablement  augmenté.

La blockchain couplée à un dossier médical électronique fournira un nouveau niveau d’intégrité, d’interopérabilité. En conséquence, les données pourront être partagées entre les organisations, les professionnels de santé sans compromettre la sécurité de l’information qui est stockée. Imaginez pouvoir disposer facilement de vos données de santé et les partager en cas d’urgence : un malaise, les médecins font une demande d’accès à votre dossier médical, les personnes que vous avez identifiées autorisent l’accès à vos données et les professionnels de santé disposent des informations.

Au cours des essais cliniques, la blockchain peut permettre de tracer toutes les étapes de l’essai et de garantir la conformité des informations recueillies. Deux professeurs de l’Université de Cambridge ont par exemple lancé un POC (proof of concept) sur le sujet en adaptant la blockchain au site britannique qui recense les essais cliniques, ClinicalTrials.gov

Les médicaments contrefaits représentent environ 10% du volume mondial selon l’OMS jusqu’à 70% dans certains pays. La société Blockpharma propose une solution pour lutter contre les médicaments contrefaits. Ainsi,  chaque boîte de médicaments produite est inscrite sur la blockchain (leur contenu ne l’est pas ; c’est aux fabricants de sécuriser les emballages) et peut être suivie jusqu’à son arrivée chez le consommateur. La solution s’interface, par API, sur les ERP des laboratoires et des intermédiaires de la chaîne d’approvisionnement impliquant le recours à une blockchain privée.

Blockchain et  smarts contrats

Compte tenu de son potentiel, AXA (n°1 mondial de l’assurance) vient d’annoncer qu’il étudie les possibilités d’utilisation de la technologie Blockchain. Cette technologie permet de construire de nouveaux systèmes d’assurance via internet sans intermédiaire grâce aux « smarts contrats » (programmes autonomes qui, une fois démarrés, exécutent automatiquement des conditions définies au préalable).  L’apport de cette technologie consiste ici à générer la confiance et la sécurité nécessaires pour automatiser les phases déclaratives sans avoir recours à un tiers.

La blockchain par l’intermédiaire de ces contrats, pourrait  ainsi faciliter les mises en relation, par exemple entre donneurs et receveurs.

Gem Health, propose une plateforme pour le développement d’applications dans la santé sur la base de la blockchain Ethereum. La société a l’intention de tirer parti de cette technologie pour renforcer l’efficacité opérationnelle des soins, des systèmes de santé en créant un écosystème des données de santé  et en mettant en place une  infrastructure universelle de données sans compromettre la confidentialité et la sécurité. Cette approche permettra de développer l’interopérabilité des systèmes. Philips Blockchain Lab, a annoncé rejoindre cette nouvelle plateforme.

La  blockchain n’en est qu’à l’aube de son développement. Son utilisation en santé permettra  de mettre en place de  nouvelles applications, notamment lorsque celles-ci nécessitent confiance, transparence, traçabilité. En offrant un niveau de sécurité élevé, elle offre de belles promesses et va remettre en cause nos fonctionnements : selon Gilles Babinet, « la blockchain change la nature des choses en rendant les échanges plus horizontaux ». De nouvelles organisations vont naître  et comme le souligne Primavera de Filippi, chercheuse au CNRS,  un nouveau cadre juridique sera nécessaire pour préserver le potentiel de la blockchain.