« Objet » de toutes les convoitises, le marché des objets connectés est une Jungle peuplée de concurrents féroces où peu d’entreprises survivent ! Technologiques, juridiques, marketing…les défis à relever sont de taille, alors comment faire pour devenir le « Roi Lion » ?
Au sens large, un objet connecté est un objet communicant. Il est à la fois émetteur et capteur d’informations, et peut également interagir avec un ensemble plus large (serveurs, autres objets connectés). Il fonctionne de manière autonome et sa capacité de prise de décisions lui confère un début d’intelligence.
Le marché en quelques chiffres
Une opportunité gigantesque pour les acteurs du domaine grand public puisque selon l’Institut d’études Gartner, la partie B2C ne représentait que 5% du marché total des objets connectés en 2017 sur un total évalué à 273 milliards de dollars. L’entreprise Cisco prédit que le monde sera envahi par 50 milliards d’objets connectés d’ici 2020. Soit un équipement moyen de 6,58 appareils par personne. 15% de tous les objets seront connectés !
1- L’Innovation basée sur un business model récurrent
La meilleure innovation est celle qui trouve son public
Brosse à coiffer, chaussures à talons, biberon, couches pour bébé…et même collier pour chien ! Chaque objet voit apparaître sa version 2.0. Cependant peu de concepts rencontrent réellement le succès attendu car la majorité des fabricants ciblent des marchés de niche.
Quelle est l’attente principale des usagers ? Leur faire gagner du temps dans leurs tâches quotidiennes, ou prendre soin de leur santé et leur bien-être. Adieu les simples gadgets ! En plus d’être utile, pratique et facile d’utilisation, l’objet connecté doit devenir à la fois invisible et indispensable dans la vie de l’utilisateur.
Une longueur d’avance grâce à l’Innovation Incrémentale
Le piège à éviter avant tout chose : penser son concept d’objet connecté comme un produit.
Pour créer une vraie valeur ajoutée, la clé est de le concevoir comme une offre de service basée sur un business model récurrent, sinon c’est l’effet « One Shot » garanti !
La marque Kolibree, précurseur sur l’hygiène dentaire connectée, a complètement repensé son business model en proposant de nouveaux services :
- pour les enfants : la brosse à dent Magik, un concept ludique basée sur la réalité augmentée qui transforme l’appareil en manette de jeu et favorise les bons gestes quotidiens,
- pour les adultes : l’assistant personnel coach+, une application qui propose une analyse interactive du brossage en temps réel.
Autre exemple avec l’application Smart Kitchen de Whirpool qui affiche entre autres le nombre de cycles de lavage et l’état des consommables du lave-linge connecté. L’usager suit l’activité de sa machine en temps réel, est alerté lorsqu’il doit remplacer ses consommables ou prévoir une maintenance. En complément, il peut intégrer le programme Dash Replenishment, service d’Amazon qui facilite la commande de produits. Cette personnalisation des services facilite la fidélisation des utilisateurs et renforce la relation clients.
En revanche, proposer ces nouveaux usages demande une bonne capacité de prototypage et de coups d’essais pour être réactif rapidement. Privilégier le « test-and-learn » et le « design thinking » en travaillant en mode agile pendant toutes les étapes du processus de la conception à la commercialisation de l’objet connecté est donc fortement recommandé. Ce business model récurrent est la clé pour bénéficier d’une véritable avance et un point de différentiation sur ses concurrents, elle permet en prime le recrutement de nouvelles cibles consommateurs.
2- Une relation client basée sur la confiance
La confiance dans l’usage des données personnelles
A l’ère du Big Data, tous les français se posent 3000 questions sur l’utilisation de leurs données personnelles. Cette peur les empêche de passer le pas pour entrer dans le monde merveilleux du connecté.
On le sait, l’intérêt des marques est avant tout de collecter de la data – certes dans le but final de mieux répondre aux attentes des consommateurs – mais de plus en plus, les utilisateurs prennent conscience du nombre de données que les marques détiennent et le vivent comme une intrusion dans leur sphère privée. Certaines marques en savent plus qu’eux-mêmes sur leurs habitudes et comportements !
L’explosion des données numériques pose un défi à la fois technique et juridique aux entreprises qui ne maîtrisent pas les technologies utiles pour les aider à gérer cette data. La nouvelle norme, le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), applicable en Europe dès le 25 mai 2018, va renforcer les obligations des entreprises en matière de protection et de confidentialité des données, et apportera (en partie) les réponses aux questions des particuliers.
La confiance dans la sécurisation des objets connectés
À cela s’ajoute la question de la sécurité. En effet si les objets sont dotés de super pouvoirs qui facilitent notre quotidien, ils représentent également un danger et une source d’angoisse aux yeux des français. Environ 80% des objets connectés sont considérés comme non-sécurisés. Surtout dans un monde où les cyber-attaques n’existent pas que dans les films, ils représentent une menace réelle et omniprésente. La CNIL a publié un guide très pratique pour éduquer et aider les utilisateurs notamment pour activer tous les paramètres de sécurité de leurs objets connectés.
Communication et transparence, les deux maîtres mots
Bien penser sa communication est une clé pour le déploiement d’une offre « objet connecté ». Le futur acheteur doit clairement savoir quelles données exactes seront envoyées aux fabricants, comment elles seront utilisées mais aussi comment et combien de temps elles seront retenues « en otage ». Enfin il cherche à être rassuré sur la protection de celles-ci.
La confiance découle du bon discours de la marque. Adopter un discours transparent, honnête, et valorisant pour communiquer sur l’utilisation et la propriété des données utilisateurs. Personnaliser autant que possible pour se distinguer et renforcer la qualité de la relation client.
Pour Nespresso par exemple:
« la relation client est au cœur de sa stratégie marketing. Chaque client renseigne une fiche avant d’acheter les produits de la marque, permettant à Nespresso de lui envoyer des suggestions personnalisées sur ses produits et services. Rassurée par la présence d’une charte éthique, le consommateur sera plus enclin à accepter que ses datas soient récoltées ».
En résumé…
Pour percer sur le marché ultra concurrentiel de l’internet des objets, les entreprises sont amenées à repenser leurs stratégies industrielles et marketing pour contourner d’innombrables et nouvelles contraintes. Ces produits vecteurs de services (products as services) poussent les entreprises à concevoir leurs produits de manière agile pour tester de nouveaux services ou écarter la concurrence. Elles doivent également revisiter la relation avec leurs clients qui désormais est durable dans le temps et basée sur des échanges « services – données privées/d’usage ».
Innovation, prix, simplicité d’utilisation, sécurité, qualité de services…autant de critères essentiels qui favoriseront l’adoption massive des objets connectés, mais la liste est loin d’être exhaustive…
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Sources :
Etude Gartner IOT 2017
https://citedelobjetconnecte.com/infographie-objets-connectes/
Chiffres sur le marché des objets connectés – Cisco 2017
Etude OpinionWay – 2017 auprès de 1070 français, représentatifs de la population française
L’objet connecté, sans doute une trouvaille dont l’utilisation est la plus variée. Avec un ordinateur, on peut faire beaucoup de chose mais le fond est le même. Avec un téléphone c’est le même cas. Mais avec un objet connecté, on a un seul objet qui fait une seule chose. C’est pour cela je pense que les avis sont partagés et qu’il est exploitable à l’infini et que chaque objet a ses utilisateurs.
Ajoutons à cette liste l’apprenance aux objets connectés, c’est à dire la formation des vendeurs/conseillers et l’information des clients/consommateurs à l’utilité et l’usage desdits objets et applications connectés, qui selon l’Ademe (Rapport de juillet 2017 sur « L’impact du développement des objets connectés sur la réparation, les compétences et la formation, étude prospective 2020 », http://bit.ly/2sgJ3Zj) se doivent d’être conjointes et concomitantes : « […] Autre changement fondamental, et dont les conséquences sont encore insuffisamment prises en compte : les frontières entre la formation et l’information qui tendent à s’estomper. La formation/information au quotidien s’avère indispensable. […] Par ailleurs, il n’y aura d’acceptation générale de la transformation sociale induite par la généralisation des produits connectés qu’à la condition d’un accompagnement de toute la population. […] Le développement de la FOAD (Formation Ouverte et/ou à Distance) […] constitue(nt) une voie incontournable et adaptée aux nouveaux paradigmes de la convergence numérique et de l’IoT. »