Dans ce nouvel article, je m’entretiens avec un freelance expert en e-commerce : Webmaster et intégrateur web, Samy Gueye. Depuis 2006, il fournit des services de conception de sites Web auprès de nombreuses TPE et PME : sites vitrines mais aussi boutiques en ligne grâce à son expertise des CMS tels que WordPress et PrestaShop. Afin de mieux comprendre son parcours, le développement et la gestion de sa clientèle, voici un extrait de l’interview réalisée dans le cadre de ma thèse sur le e-commerce. Vous pourrez découvrir également quelques conseils et recommandations pratiques pour la conception d’un site internet.

 

samy-gueyeAvant de parler du sujet qui nous intéresse plus particulièrement, c’est-à-dire le webmarketing, peux-tu nous en dire un peu plus sur ta formation d’origine ?

Après, un BTS électronique, une licence pro autour de la télécommunication, j’ai obtenu un Master 1 d’EEA : Électronique électrotechnique automatique. Et enfin, j’ai passé un Master 2 à Toulouse en Gestion de production et de l’informatisation, incluant l’apprentissage de langages informatiques orientés production comme Java et le C++.

Et dès la fin de tes études très techniques, tu te lances dans la création de site web en freelance ?

Je ne deviens pas tout de suite expert et freelance en e-commerce. En fait, j’ai commencé par l’entrepreneuriat dans une start-up internet. C’est une occasion qui s’est présentée après mes études car un de mes amis travaillait pour un site internet de soutien scolaire : Maths-Facile.com. Ce site commençait à bien marcher et il m’a proposé de le rejoindre pour le faire évoluer, créer des contenus, mettre en place des quizz, des vidéos… C’étaient les prémisses du e-learning. Puis notre entreprise s’est fait racheter par Adverline, une régie publicitaire qui appartient maintenant à la Poste.

Et c’est pendant mon aventure chez Maths-facile.com, qu’on me demandait parfois de concevoir des sites. Et j’ai eu une proposition pour créer un site sur Prestashop que j’ai découvert en même temps. Le plus dur pour démarrer c’est d’avoir de la clientèle récurrente et d’avoir des références de sites déjà réalisés. Et évidemment, au départ j’en créais très peu.

Démarrer en freelance ne doit pas être très évident. Comment as-tu réussi à développer ton offre de service et te faire connaître ?

 

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J’ai commencé avec un premier site de chemise Hast.fr en 2012, c’était un peu ma vitrine. Puis, j’ai aussi lancé mon site avec le détail de mes compétences : www.sameye.fr/ pour développer ma présence sur internet. Ensuite, je me suis documenté au fur et à mesure de mes projets sans avoir besoin de formation. De toute manière, les formations n’existaient pas vraiment quand j’ai commencé, encore moins de tuto sur Youtube. A l’époque, il fallait se débrouiller. Donc, je me suis lancé un peu en autodidacte.

Aujourd’hui je fais principalement de l’intégration avec des langages HTML, CSS et Javascript. Ce sont des langages qui sont pour moi très faciles à prendre en main. Mon premier site Hast m’a permis de rencontrer d’autres personnes qui m’ont ensuite proposé de nouveaux projets. On peut dire que j’ai commencé grâce au bouche à oreilles.

Finalement ton offre de service de conception web est prescrite par tes clients, tu n’as donc pas besoin de prospecter une nouvelle clientèle ?

Oui c’est vrai. Les nouveaux clients qui me contactent savent déjà ce que je sais faire à peu près. Ils ont aussi un ordre d’idée de mes tarifs, car cela varie beaucoup d’un freelance à l’autre. En général, mes clients me recommandent car ils sont satisfaits du service, ce qui aide beaucoup. Pour certains, travailler avec un freelance est beaucoup plus simple que de travailler avec une agence, surtout une fois que le site est livré.

Aujourd’hui, on me contacte pour la création de sites e-commerce, de sites vitrine, et aussi pour de la maintenance de sites existants. Cela concerne souvent des sites web sous Prestashop pour installer un nouveau moyen de paiement ou une nouvelle fonctionnalité. D’autres propriétaires de sites un peu bloqués font aussi appel à mes services car ils n’ont plus de nouvelles du développeur ou de leur agence.

Avec quel type de client travailles-tu ?

Principalement ce sont des TPE. Très souvent ce sont des clients qui se lancent dans un projet ou dans une activité que j’accompagne. Alors maintenant que le marché des CMS, (Content Management System) s’est beaucoup étendu, j’effectue aussi des refontes de tout petits sites réalisés sur Wix pour des entreprises qui souhaitent passer à la vitesse supérieure. Mais le plus souvent, on fait appel à moi pour accéder à la nouvelle version de Prestashop.

Comment t’organises-tu avec tes clients, peux-tu gérer plusieurs projets de création de site web à la fois ?

organisation-webdesignEn ce moment, je travaille sur 5 projets, mais c’est vraiment en fonction de la demande qui arrive et puis certains projets mettent plus de temps à se mettre en place. Donc, c’est difficile d’avoir un planning très précis. Les clients doivent mettre en place un certain nombre d’actions comme un shooting photo, l’écriture de textes. Du coup, entre l’écriture du projet et la réalisation effective, ça peut prendre quelques mois d’attente.

Les demandes de devis sont certainement très chronophages, comment fais-tu pour gérer ce côté plus administratif ?

Oui c’est vrai, j’en ai pas mal, ça prend du temps, j’essaie de m’organiser et de le faire le soir. Après sur du Prestashop et du WordPress, je suis rodé donc je peux aller assez vite. Mais quand il y a des développements spécifiques, ça peut prendre du temps car j’ai besoin de me renseigner pour déterminer ce que je peux développer.

Selon toi, quels sont les freins pour un entrepreneur pour se lancer dans la vente en ligne ?

Avant le covid, le client final avait besoin de voir le produit, de le toucher, d’essayer, alors que maintenant, depuis le covid, il n’y a plus beaucoup de freins pour se lancer dans le e-commerce. Avant les marchands de boutiques physiques étaient assurés sur le fait que certains clients avaient besoin de voir le produit, mais la covid a rebattu les cartes.

Ceux qui avaient jusque-là toujours hésité à acheter en ligne, se sont lancés et ont vu que cela fonctionnait. C’est pourquoi, pour tous ces commerces physiques, le e-commerce devient un impératif, même si c’est en complément des ventes magasins.

Pour ton activité d’expert webmaster, as-tu observé un impact direct de la crise sur les demandes clients ?

Depuis le covid, j’ai eu beaucoup plus de demandes de devis et de maintenance. Certains veulent par exemple des refontes ou améliorer les choses dans le parcours client parce qu’ils se rendent compte que certaines choses ne vont pas.

Côté conception webmarketing, quels sont les CMS E-commerce que tu recommandes ?

Souvent je recommande Prestashop, c’est un CMS qui permet au client d’être autonome et il n’a pas besoin de moi pour faire des changements tout simples, des mise en avant de produits … C’est pourquoi je travaille avec cette plateforme qui propose une administration propre et simple.

Cela m’arrive de travailler aussi avec Shopify, car même si c’est très simple, il faut commencer à mettre les mains dans le cambouis pour avoir des thèmes un peu élaborés. Avec Shopify, on peut accéder au CSS pour mieux personnaliser. Mais je préfère Prestashop pour personnaliser et accéder aux différents modules, c’est plus accessible.

Shopify s’est imposé, c’est vraiment un gros acteur du e-commerce. Le tunnel d’achat est très optimisé, et a été pensé parfaitement. Ils ont très bien intégré toutes les fonctionnalités importantes, comme le paiement, tunnel, choix de transporteur. C’est vrai qu’on a peu de soucis comme on pourrait avoir sur certains modules avec Prestashop.

Magento, c’est plus complexe, je ne l’utilise pas, et c’est un coût important. Il est plus adapté pour des gros sites avec beaucoup de références. L’interface de Magento n’étant pas très agréable, j’ai été amené plusieurs fois à migrer des Magento vers des Prestashop.

De quoi as-tu besoin de la part de ton client pour commencer à travailler sur son projet de site internet ?

to-do-listPour commencer à gérer le projet, je lui demande son cahier des charges avec ses besoins, ses fonctionnalités, le nombre de produits qu’il va avoir. Ensuite, je vois s’il a un graphiste et s’il a déjà des maquettes parce que je suis intégrateur. Souvent, en effet, j’interviens après le graphiste qui a travaillé les maquettes du site. Je les découpe puis je crée le site comme sur la maquette. Dans le cas où il n’y a pas de graphiste, le client me fournit des exemples de sites, d’inspiration pour avoir des idées de ce qu’il veut. Parfois il n’est pas utile d’avoir un graphiste pour un petit site.

Le client rédige sur un Excel, toutes ses fiches produits, ses tarifs, créer ses CGV… tout ce qui est texte, et puis décider de ses moyens de paiement et de livraison. Une fois ce travail réalisé, c’est là que j’interviens, je commence à insérer tous les contenus.

Auparavant certaines agences achetaient les noms de domaine et l’hébergement pour le client et re-facturaient derrière, mais du coup les clients étaient un peu prisonniers de leur agence qui pouvait pratiquer des prix élevés.

Quelle fourchette de prix faut-il prévoir pour se lancer dans le e-commerce avec un freelance ?

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Concernant le budget moyen pour un site e-commerce, il faut compter un minimum de 5000 euros HT pour un freelance. Mais en fait, cela dépend vraiment des besoins, qui sont souvent très différents entre quelqu’un qui veut juste être présent et une autre personne qui voudrait avoir une activité avec plusieurs branches, avec beaucoup de produits et des fonctionnalités particulières requérant des développements spécifiques.

En tant qu’expert en e-commerce, vois-tu émerger de nouvelles fonctionnalités que tes clients te demandent d’installer ?

Des modules de paiement comme Stripe sont très performants. Mais maintenant, j’installe beaucoup Payplug et je dirige même les clients vers ce plugin, car je n’ai jamais eu de problèmes. C’est un équivalent de Stripe, mais moins cher en termes de commissions. En plus, ils ont un service client français car c’est une entreprise d’origine française.

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Le souci de Stripe, c’est qu’à partir d’un certain niveau plafond de transaction, le module va demander des vérifications de compte qui peuvent bloquer les paiements. Les modes de paiement Applepay et Googeplay me sont aussi demandés, parce que ça facilite la conversion pour pas mal de clients. Payplug est en train de mettre ça en place justement.

On me demande aussi des sites mobiles, donc il faut que ce soit très fluide sur ce device. La nouveauté c’est que le site est d’abord pensé en mobile.

J’installe aussi des Pixels Facebook et Instagram depuis très longtemps, mais récemment on me demande de plus en plus Pinterest et Snapchat, c’est certainement l’effet confinement, la pub a explosé sur les réseaux sociaux.  

Merci Samy pour tes conseils et cet échange très détaillé. Pour nos lecteurs qui souhaiteraient en savoir plus, voici tes coordonnées : Linkedin –  sameye.com  

 

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