Cela fait plusieurs années que je suis avec beaucoup d’admiration Bahia Nar sur les réseaux sociaux et sur LinkedIn. Bahia a compris l’importance de la transformation digitale pour la pérennité des entreprises en Tunisie et dans le monde, et a lancé sa propre boite de consulting.

Avec plus de 10 ans expérience dans l’accompagnement des entreprises, Bahia est aujourd’hui enseignante à l’université de Tunis, international speaker, consultante, auto-entrepreneuse, formatrice…

C’est donc avec grand plaisir que j’ai eu l’occasion d’échanger avec elle autour de son expérience. Nous abordons dans cet article sa vision sur les réseaux sociaux, le Bad Buzz et comment y faire face, la communication pendant la période de crise, ainsi que ses conseils pour les entreprises et jeunes entrepreneurs en matière du digital.

1. Vous avez de multiples fonctions et casquettes, vous êtes à la fois International speaker, CEO de Fire Works, Mentor, Experte en réseaux sociaux, formatrice, consultante, directrice de Startup Grind et enseignante, laquelle de ces casquettes vous utilisez le plus ?

« Les casquettes que j’utilise plus c’est Experte en réseaux sociaux, et formatrice est mon emploi à plein temps, et aussi mon gagne-pain. En parallèle à ces deux casquettes, je suis également CEO de Fireworks, ma boîte de consulting, sous laquelle j’opère mes missions de consulting.
En second lieu, vient le poste de directrice de Startup Grind Tunis, ce poste est très récent et j’ai un engagement et un plan d’action à accomplir. »

2. Vous avez plus de 10 ans d’expérience dans le marketing digital et le social media, et vous avez accompagné plusieurs entreprises dans plusieurs pays pour leur transformation digitale. Comment évaluez-vous le développement du numérique sur le continent africain et notamment en Tunisie ?

« Le digital ne cesse d’évoluer et son écosystème aussi. En gros, nous sommes sur la bonne voie.
Certes, il y a des obstacles, pour le e-commerce par exemple qui peuvent être liés à la compréhension et la maturité du consommateur ou bien à l’environnement et à la législation.
Aussi étant un domaine nouveau pour certains, même si on peut trouver des milliers de cours, articles, contenus sur internet ; mais de « pseudos experts » ont un peu nuit au domaine et là on voit les conséquences chez certaines marques mais avec le temps et avec la crise du Covid-19, il y a une grande prise de conscience du digital et de son importance.
Au final, le digital est un moyen pour nous faciliter la vie. »

3. Selon vous, dans la zone MENA, quel secteur est en retard dans le numérique et qui peut être une opportunité pour une startup ? quelles sont les principales causes de ce retard ?

« Je ne peux pas donner une réponse exacte à cette question vue c’est très différent d’un pays à un autre. Et même au sein d’un pays qui n’est pas en retard et a déjà des startups leaders peut voir naître de nouvelles startups qui vont apporter une nouvelle solution. Il s’agit d’apporter la meilleure solution à un problème en particulier. »

4. Avec votre expertise dans la communication et le développement des entreprises à travers le marketing Digital, quel levier de développement est selon vous indispensable mais souvent négligé par les entreprises ?

« Tous les leviers sont importants dans le digital, néanmoins on oubli très souvent le levier interne de l’entreprise.
En effet, le volet interne qui commence par la communication interne, les outils internes jusqu’à l’appartenance des employés à l’entreprise. Vous pouvez trouver une entreprise qui fait un excellent travail pour sa communication externe, multiples touch-points digitaux, points de ventes sur tout le territoire, campagne marketing réussies, produit qui correspond à l’attente et besoin du consommateur, RSE bien travaillée… mais le capital humain de l’entreprise est négligé. Il faut tenir en compte qu’en cas de Bad Buzz, il est tout à fait probable que ça soit causé par un employé alors que ce sont les premiers ambassadeurs et porte-parole de la marque sur les réseaux sociaux. Une source malheureusement mal exploitée. »

70% des cas de Bad Buzz sont causés par les employés de la marque

5. Vous êtes Mentor de la nouvelle session de Startup Grind MENA (Middle East and North Africa), organisée dans 600 villes et 125 pays et qui s’est tenu du 19 au 24 Avril. Quel était votre conseil aux participants pour réussir dans cette compétition ?

:Comme dans le digital le contenu est très important, il faut savoir comment présenter son contenu et être pertinent à la fois.
Mes conseils portent donc, sur la communication des participants. Je leur conseil de miser sur le storytelling et de savoir comment raconter une histoire.
Tout le monde a une histoire à raconter, il faut savoir comment la raconter et comment être le héros de cette histoire. »

6. Dans le cadre de la situation actuelle et de la crise sanitaire comment tourner la situation de crise en une opportunité de communication ? Et comment communiquer efficacement ?

« Les consommateurs ou les communautés des marques ont besoin d’être rassuré et accompagné pendant cette période difficile et incertaine. Il est hors de question de passer des messages commerciaux et c’est le moment ou jamais de prouver son engagement sociétal. »

7. Pendant la période de confinement, les marques ne sont pas à l’abri du Bad Buzz sur les réseaux sociaux. Pour leur communication ou leur publicité, quelles sont les actions à faire pour faire face au Bad Buzz ?

« On n’est jamais à l’abri du Bad Buzz et il faut se rappeler que 70% des cas de Bad Buzz sont causés par les employés de la marque même, qui parfois croient bien faire ou tout simplement appliquent les règles dictées. Il faut toujours être vigilent et faire attention aux messages communiqués à son équipe. Il est fortement recommande d’eviter les messages commerciaux et il faut faire attention à l’usage de l’humour qui pourrait être mal compris et tourner en bad buzz. »

8. Le Corona Virus a affecté le comportement social et les habitudes d’achat : nous consommons davantage local, évitons les produits importes, favorisons les communications à distance et le télétravail.
Pensez-vous que nous assistons à une nouvelle forme de consommation et de comportement qui va continuer même après la crise ?

« Certes, les choses ne seront pas les même post-corona, nous avons découvert un nouveau mode de travail, de nouvelles habitudes de consommation… Certaines startups se sont vite adaptés à ces nouveaux modes en proposant des solutions adaptées au confinement ce qui a joué en leur faveur pour pouvoir poursuivre leurs activités par la suite. »

9. Le vocal et la vidéo, deux moyens de communication qui se développent rapidement, peuvent-ils prendre la place du contenu textuel ?

« La vidéo est le contenu le plus consommé sur les réseaux sociaux depuis les deux dernières années et c’est un format à utiliser et à exploiter notamment avec les vidéos courtes.
Pour le vocal ça prend de la place déjà avec les assistants vocaux du type Siri et Alexa mais aussi avec l’émergence des podcasts ces dernières années et la consommation de ce type de contenu. Les podcasts à leurs débuts étaient réservés aux créateurs de contenus mais là tout le monde s’y met : médias, marques, ONG…  »

10. Quelle est votre vision du réseau social du futur ? Un nouveau RS ou un développement de fonctionnalités des RS actuels ?

« Nous avons tous assisté à l’explosion de TikTok, une application de plus en plus téléchargée dans le monde et est fortement utilisée pendant le confinement. TikTok qui qui n’était utilisé que par une catégorie de communauté, a su tirer profit du confinement et a commencé à attirer une nouvelle cible.
Il y aura encore Facebook et Instagram, pour quelques années du moins, mais chaque plateforme sociale va se développer de son côté. Facebook ne cesse de se développer, il est en train de préparer sa nouvelle fonctionnalité de rencontre pour détrôner Tinder et Meetic et co, il s’y met aussi au gaming sans oublier les actions faites pendant le confinement pour apporter son support. Quant a Instagram, il migre de plus en plus vers le social commerce pour devenir une plateforme de e-commerce. »

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