E-SANTE : Rapport du PIPAME rendu public en Février 2016, un grand pas en avant ou un rapport de plus ?

 

Le constat est clairement établi , la e-santé va se développer rapidement dans les prochaines années. Ce rapport fait de nombreuses recommandations pour optimiser cette mutation

Soigner différemment est un impératif dû au vieillissement de la population, à l’augmentation des maladies chroniques, à l’hyper spécialisation de la médecine, à la désertification médicale et surtout à l’exigence accrue des patients. C’est également un impératif économique puisqu’en France  les dépenses de santé croissent plus fortement que le PIB.

Le système de santé français qui s’est bâti autour de l’hôpital fait face à une transformation de son activité impulsée par le numérique. Au-delà de l’informatisation des établissements de santé ou des dossiers patients, les technologies numériques permettent aujourd’hui le développement de nouveaux services : bien-être, information, prévention, soins ou accompagnement du patient.

L’étude du PIPAME

dresse un état des lieux des différents segments du marché de l’e-santé, existants ou en développement, qui constitueront demain la croissance industrielle de cette activité encore émergente en France, en Europe ou dans le monde. Elle évalue les différents points forts et points faibles de l’offre industrielle française et se penche sur les bonnes pratiques de plus d’une vingtaine de pays.

Elle montre que la France dispose de tous les atouts pour réussir. Pour autant, de nombreux obstacles demeurent dans les domaines réglementaire et institutionnel, mais également dans l’appropriation des usages par les patients et les professionnels de santé. Comme souvent avec ces technologies, l’usage par le plus grand nombre constitue la clé de la transformation.

Méthodologie et périmètre de l’étude

L’étude a duré un an, elle a été réalisée par un groupe de travail multi disciplinaire . Elle s’est appuyée sur de très nombreux entretiens individuels et ateliers de travail. Plus de 110 personnes ont contribué par ce biais à la réflexion.

L’étude est composée de trois volets :

  • Premier volet : réponse aux besoins sociétaux et économiques
    • Identification des marchés les plus prometteurs.
    • Mise en évidence des segments existants du marché de l’e-santé et de ceux qui sont appelés à se développer sur le marché français, européen et international ;
  • Second volet : forces et faiblesses de l’offre française
    • Évaluation des segments et modalités de déploiement de l’offre française sur le territoire et à l’international dans une perspective à court (deux ans), moyen (cinq ans) et long (dix ans) termes ;
    • Comparaison avec des pays potentiellement concurrents.
  • Troisième volet : recommandations pour le développement et la compétitivité des entreprises françaises.

Bilan : par son niveau de déploiement de l’e-santé, la France se trouve parmi les pays moyennement avancés , au même niveau que l’Allemagne 

L’étude montre que la France a tous les atouts pour réussir. Elle a même davantage d’atouts, en particulier industriels, que des pays qui réussissent mieux à déployer les usages, comme le Royaume-Uni qui ne dispose pas d’un tissu aussi dynamique d’entreprises innovantes. Si la France présente un handicap, c’est avant tout celui de ne pas mettre en cohérence les différents leviers de l’e-santé. Sur dix ans, la France a manqué de constance et de détermination dans les choix structurants nécessaires au développement de la confiance des industriels. Elle doit désormais proposer une issue claire aux expérimentations emblématiques, en encadrant l’initiative quand elle touche à l’organisation des acteurs des soins et mettre en avant le bénéfice apporté à la population. Enfin, la puissance publique doit apporter une attention particulière à l’évaluation des solutions en e-santé qui sont proposées. D’un côté, une réglementation cadre étroitement la télémédecine et toute solution qui accompagne le soin laissant peu d’initiative aux acteurs sans réellement évaluer le service médical rendu et récompenser les solutions véritablement bénéfiques pour les patients, de l’autre se développent de nombreuses initiatives dans le domaine du bien-être, de la prévention et de l’accompagnement qui sont non évaluées et face auxquelles les professionnels de santé, les financeurs ou les patients peinent à se retrouver. Instaurer la confiance en proposant un système d’évaluation gradué et différencié selon la place de la solution dans la chaîne de l’e-santé ( bien-être, prévention, soins, ou accompagnement) est essentiel pour installer la confiance indispensable au développement d’un marché de qualité. Une politique publique pour l’e-santé gagnerait à clarifier l’avenir en fixant des priorités et en diffusant les facteurs clés de succès du déploiement de l’e-santé.

Des recommandations qui visent à consolider les fondations et à poursuivre avec ténacité la trajectoire engagée

 

En synthèse, les recommandations visent à :

  1. favoriser la transition numérique afin de passer à un système de santé où le numérique est utilisé dans tous les domaines et activités où il apporte de la valeur pour le professionnel, le citoyen et le patient ;
  2. créer les conditions du développement d’un marché en numérique santé créateur d’emplois et de richesses nationales en :
  • – encourageant systématiquement les usages du numérique par les acteurs de santé : structures et professionnels de santé, citoyens, patients , pour renforcer la demande ;
  • – privilégiant le développement d’une offre portée par des acteurs privés afin que cette offre, en s’appuyant sur les savoir-faire et compétences des entreprises françaises, puisse répondre aux besoins sur le territoire national mais aussi conquérir des marchés à l’international.

En conclusion, quatre axes structurent les recommandations générales  :

  1. appuyer le développement d’une offre compétitive au bénéfice de la France et conquérante sur les marchés étrangers ;
  2. accélérer la maturité de la demande du patient, du citoyen, des professionnels de santé et des institutionnels ;
  3. améliorer et accélérer la mise à disposition de l’offre vers le marché afin d’éviter la fuite vers des solutions étrangères ou un retard du bénéfice rendu aux français ;
  4. améliorer la gouvernance et l’alignement des acteurs sur des objectifs communs, des agendas coordonnés, des moyens concentrés et partagés.

Rendez-vous dans 2 ans ……

Pour en savoir + :

  1. Rapport du PIPAME : E-santé : faire émerger l’offre française en répondant aux besoins présents et futurs des acteurs de santé 
  2. Syntec Numérique
  3. SNITEM