Portrait Robert-2

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Suite à un travail de recherche sur la e-transformation des matériaux de construction, j’ai eu l’occasion d’interviewer Robert Longechal  qui est un acteur emblématique de la digitalisation dans le secteur du bricolage. Avec son expérience, il a vu les techniques de communication évoluer notamment avec  la démocratisation d’Internet. Il nous partage ainsi sa vision sur le secteur du bricolage et des travaux. Merci Robert pour ce témoignage.

Quel est votre parcours ?

Diplômé d’une des premières écoles de journalisme, j’ai commencé dans ce domaine il y a 40 ans. De par mon père qui était entrepreneur et mon entourage qui bricolait, je me suis  rapidement orienté  vers le secteur du bricolage. J’ai dirigé des magazines tels que « Maison et travaux ». J’ai écrit près de 70 livres sur la thématique du bricolage (encyclopédie, dictionnaires, revues). Puis en 2002 j’ai fondé le magazine Bricoler du Côté de la Maison. Cela fait 35 ans que je fais de la radio et des émissions TV comme Côté Maison sur France 3. J’ai même réalisé les fiches conseils Castorama et Mr Bricolage. Finalement je suis un des seuls du secteur à avoir tout fait : programme minitel, presse écrite, vidéo, TV, radio.

Depuis combien de temps réalisez-vous des vidéos pas à pas ?

Depuis 30 ans, à l’époque j’ai démarré par des cassettes vidéo, puis des DVD mais ces supports avaient du mal à se vendre… Ensuite, grâce à la diffusion gratuite par Youtube, nous avons connu un vrai succès. Aujourd’hui nous avons plus de 4,3 millions de vues sur ma chaîne Youtube.

Comment avez-vous eu cette idée ?

Je n’ai pas inventé le concept mais je l’ai plutôt importé en France. En 1964, un éditeur italien d’encyclopédie s (Alpha) a souhaité lancé une encyclopédie dédiée au bricolage « La boîte à outils ». Cette société recouvre des photos pas à pas d’un magazine allemand, le premier magazine européen à faire cela. J’ai été amené à reproduire cela en France, ainsi, nous avons démarré des pas à pas en photos et vidéos. La volonté qui guidait toutes ces réalisations était de réaliser du concret et du vrai comme par exemple couler une vraie dalle en béton…

Depuis combien de temps êtes-vous sur Youtube et êtes-vous satisfait de votre diffusion?

Cela fait environ 3 ans que nous alimentons en bonne matière notre YoutubeUne marque bien connue en a réalisé de son côté avec 3 000 vues et lorsque j’ai réalisé la même j’en ai obtenu 60 000. A ce jour, 4M329 vues et 12181 abonnés dont 71% d’homme et 29% de femmes. Je suis donc fier et surtout très heureux de ce succès. Je me suis vite rendu compte que concernant l’information, le public a besoin d’avoir confiance aux personnes qui les conseillent. Auparavant, ils avaient confiance aux commerçants, aujourd’hui, ils ont confiance en moi, journaliste indépendant. Cela me rend heureux de croiser une personne dans la rue qui me reconnaît et qui me dit que je l’ai aidé, je fais vraiment cette activité par plaisir.

Quelles thématiques de vidéos marchent le plus?

Certainement les thématiques avec des vidéos plus longues, où les gens n’ont pas l’information immédiatement. Pour poser une fenêtre ou un béton ciré on enregistre plus de 400 000 vues par exemple.  Tous les sujets de réalisations de travaux sont intéressants, la difficulté est de trouver un vrai chantier et donc, un partenaire pour produire la réalisation.

Que pensez-vous d’internet et les matériaux de construction?

Internet est au départ anonyme. Sauf que les personnes qui réalisent des travaux ont besoin de conseils et recherchent des informations et surtout des avis personnalisés et des personnes dignes de confiance et je pense en faire partie. Internet libère un magma d’informations et un de ces succès est finalement de faire en sorte de ne pas s’y noyer en faisant ressortir une personnalité digne de confiance.

Et à l’avenir ?

Il y a deux ans, j’ai lancé le magazine Bricoler côté maison en version interactive pour tablette mais nous allons nous arrêter. Finalement, via internet, les gens recherchent de la gratuité au niveau de l’information, ou lorsque c’est pour acheter un produit, c’est le produit le moins cher ou qu’ils ont du mal à trouver qu’ils recherchent. Tous les journaux connectés que je connais n’ont pas réussi à continuer et à percer. Pour moi, l’avenir sur internet c’est de casser les règles. Aujourd’hui la distribution ne respecte plus ses clients, ses fournisseurs et ses employés. L’avenir passant par internet et que l’utilisateur reprenne sa place centrale. Je pense que l’ouverture va continuer et j’incite les entreprises à vendre avec des prix raisonnables en s’affranchissant des accords distribution… S’il existait un vrai site de vente de produits de bricolage fiables, je pense qu’il connaîtrait du succès…