Digital, bonheur, travail. HappyTech. Qualité de vie au travail ou QVT. Chief Happiness Officers ou CHO. Quels constats ? Quels leviers ?

Lorsqu’on est heureux au travail on est plus productif, plus loyal, plus créatif vs moins malade, moins absent. Le bonheur au travail est donc un générateur de rentabilité et de performance. Nous savons aussi que nos émotions sont déterminantes et ont un impact direct sur notre rentabilité. Qui aurait cru il y a quelques années qu’on parlerait de nos émotions dans le monde professionnel ? Or il a été prouvé scientifiquement que les émotions négatives nous empêchent de réfléchir et de nous impliquer. Cela a un impact direct sur notre engagement et donc sur notre performance. Digital, bonheur et travail font-ils bon ménage ?

Digital, bonheur, travail : le bien-être au travail

Le bien-être au travail

Chiffres fournis dans une étude réalisée par Harvard / MIT

Digital, bonheur, travail : la HappyTech

La HappyTech : qu’est-ce que c’est ?

C’est un collectif de solutions technologiquement innovantes, au service de l’humain et du bien-être au travail. Cela signifie aussi bien qu’on utilise les technologies de façon innovante (par exemple utiliser un site web dans un contexte où on n’est pas du tout habitué à trouver du web) ou qu’on utilise des technologies innovantes (comme l’IoT, l’IA, la blockchain) ; les deux sont possibles. Il y a une vraie dimension humaine pour améliorer la place de l’humain et le remettre au centre : digital, bonheur, travail.  Le leitmotiv de ce collectif est de ré-humaniser le digital, en remettant le digital au service de l’humain dans une vision positive de la technologie.

La HappyTech : à quoi ça sert ?

Pour en savoir davantage sur la HappyTech et son origine, j’ai interviewé Samuel Metias. Je le présente en quelques mots.

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Samuel Metias

Samuel Metias a 35 ans et il est le fondateur de la startup Comeet, qui est la première startup à utiliser l’Intelligence Artificielle (IA) pour améliorer le bien-être au travail, en travaillant un levier particulier qui est le lien social : digital, bonheur, travail.

Cette startup est à l’origine d’un mouvement international, celui de la HappyTech qui vient s’ajouter à la liste des FinTech, FoodTech, etc. Ce mouvement représente l’ensemble des technologies innovantes au service du bien-être au travail et de l’humain, et cherche à mettre l’humain au centre du travail. Ce collectif est composé d’associations dans différents pays et d’un comité international présidé par Samuel Metias. Samuel Metias est également un homme engagé dans la vie politique en tant que Maire-Adjoint de la ville de Colombes, dans les Hauts-de-Seine, ville d’un peu moins de 90 000 habitants. Ils sont trois à avoir pensé la HappyTech, trois associés de la startup Comeet : Samuel Metias, Thomas Coustenoble et Pouya Mohtacham.

La HappyTech est née de la continuité de ce qu’ils font sur Comeet qui est par définition un peu la startup fondatrice et leader de la HappyTech.  Après la création de Comeet, les trois associés ont commencé à aller sur les salons, à avoir des prix, à rencontrer des clients, des journalistes, des politiques, des influenceurs. Ils se sont rendus compte qu’il existait d’autres startups et d’autres solutions technologiques innovantes qui visaient également à améliorer la place de l’humain et à le remettre au centre de l’écosystème du travail. Chacune œuvrant de son côté, elles contactaient les mêmes influenceurs alors que toutes ces solutions sont bien souvent complémentaires.

C’est à partir de ce constat qu’ils ont commencé à échanger avec les autres startups pour envisager de monter des partenariats potentiels. Sur cette lancée est arrivé un événement fédérateur, VivaTech en 2017, pour lequel ils ont été sélectionnés alors qu’ils n’avaient pas 6 mois d’existence, ce qui est exceptionnel !

Ils ont ensuite fait partie de la FrenchTech. Pour cela il faut remplir un dossier d’affiliation et faire partie d’une catégorie qui n’existe pas encore : ils décident de créer leur propre catégorie permettant de promouvoir le bien-être et l’humain au travail. C’est de là qu’est née l’idée de créer la HappyTech.

La HappyTech : créée en France, elle rayonne à l’international

Des startups françaises basées à l’international ont manifesté leur intérêt pour faire partie de la HappyTech et ont pour ambition de s’inspirer de ce qui est fait en France pour créer des écosystèmes locaux. Aujourd’hui la HappyTech est présente en Turquie, en Suisse, et au Canada. Suivent l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Angleterre, les Etats-Unis, la Tunisie… avec un leader local qui fédère des premières solutions et des entreprises qui s’appuient sur ce qui a été fait en France et les leaders locaux des autres pays. C’est ce qui fait grandir petit à petit la HappyTech.

La HappyTech : changer le monde du travail

L’objectif est simple :

« Changer radicalement le monde du travail pour mettre l’être humain au cœur de l’écosystème du travail et capitaliser sur sa valeur ajoutée. »
nous confie Samuel Metias, co-fondateur de la HappyTech.

Il s’agit de le décharger de toutes les tâches pénibles voire dangereuses. C’est tout miser sur ce qui fait l’intelligence humaine et la sensibilité de l’homme, en les remettant au centre de la valeur des entreprises. C’est changer la façon de travailler, de voir et de penser le travail. Etant donné que nous passons 80% de notre temps au travail.

«Si on change le monde du travail, on change le monde»
poursuit Samuel Metias.

Digital, bonheur, travail : la qualité de vie au travail (QVT)

Le paradigme du monde du travail a bien évolué : digital, bonheur, travail. Avant on travaillait pour vivre, aujourd’hui on considère le travail davantage comme une source d’épanouissement et de reconnaissance sociale. Et avec l’arrivée des « millenials » sur le marché de travail, on va encore plus loin, on souhaite avant tout donner du sens à son travail, et souvent par extension à sa vie, à ce que l’on fait et l’engagement devient une valeur fondamentale. Mais encore faut-il que ces aspirations puissent se concrétiser, car une alerte est donnée : seulement 5% des Français se sentent justement engagés au travail.

Chief Happiness Officer : le médiateur digital, bonheur, travail

On ne peut pas parler du bien-être au travail sans évoquer le Chief Happiness Officer. Si le Chief Happiness Officer est arrivé sur le marché, c’est bien pour répondre à une véritable prise de conscience et une préoccupation du bonheur au travail. C’est un sujet d’actualité. On ne le répétera jamais assez, un salarié heureux au travail est un salarié plus productif.  Ce métier est en train de se définir au travers d’une ambition et d’une stratégie digitale. En effet, les outils pour rendre heureux au travail sont souvent numériques, comme nous le verrons plus bas.

Le Chief Happiness Officer : qui est-il ? Que fait-il ?  

Voici les quatre missions du Chief Happiness Officer (CHO) :

  • Il est responsable d’apporter de la convivialité au sein de l’entreprise. Il va faciliter la vie des collaborateurs en favorisant une ambiance agréable et détendue.
  • Il facilite la circulation de l’information au sein de l’organisation pour que les gens se sentent engagés sur leurs projets, voient à quoi ils contribuent, et comprennent la mission de l’entreprise dans son ensemble.
  • Il s’assure que l’ensemble des processus RH favorisent l’épanouissement des collaborateurs. Par exemple : accueillir et intégrer de nouveaux collaborateurs dans l’entreprise ; mettre en place une politique de formations des managers pour développer une posture bienveillante.
  • Il travaille de façon globale sur l’organisation-même du travail, les processus de prise de décision, ou encore la gouvernance de l’entreprise.
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Source des chiffres : Manifesto Comeet

Sur quels leviers agir pour améliorer la QVT ?

Suite à ces constats qui montrent des chiffres alarmants sur la qualité de vie au travail, ou encore QVT, tâchons d’identifier des leviers sur lesquels agir pour satisfaire les attentes en termes de sens, de reconnaissance, de confiance, de transparence et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

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Remettre du lien social au cœur du travail et concilier le digital et la relation humaine

La startup Comeet s’appuie sur une conviction forte et assumée : mettre la technologie au service de l’humain (et non l’inverse).

« On est bien au travail quand on est bien avec les gens avec lesquels on travaille »
nous dit Samule Metias, Président-Fondateur de Comeet.

Le lien social est donc un des leviers fondamentaux possibles. L’application Comeet prend le contre-pied de ce qu’on a l’habitude de faire pour créer du lien social. Par exemple, plutôt que d’emmener tout le monde faire un team building, elle inverse le paradigme en demandant à chacun ce qu’il aime faire et c’est l’intelligence artificielle qui va prendre le relais.

Toutes les conditions, tous les paramètres pour optimiser une rencontre professionnelle et tisser du lien vont être proposés par l’IA via l’application Comeet. C’est l’IA qui va revenir vers l’utilisateur pro-activement et va lui dire qu’elle a trouvé le bon moment, le bon lieu, le bon groupe : « C’est vendredi à 16h00 pour boire un café avec tel groupe. Tu n’as plus qu’à y aller ».

Les utilisateurs concernés sont donc d’abord les salariés au sein d’une entreprise, puis tous les professionnels. Cette application permet de créer de la transversalité et d’intégrer les nouveaux salariés dans l’entreprise, par exemple. En facilitant l’intégration, elle génère une véritable accélération de son réseau professionnel et donc de l’engagement. Et l’engagement dans l’entreprise c’est de la productivité.

Permettre d’équilibrer vie professionnelle et vie personnelle

Des applications telles que Quatre épingles proposent un assistant personnel par tchat pour permettre aux employés de mieux organiser leur vie personnelle vs leur vie professionnelle.

application quatre épingles

Application Quatres Epingles

Cette application permet de faciliter le quotidien en commandant un service de conciergerie à proximité. Il s’agit d’une nouvelle forme collaborative d’accès aux services pratiques dont on a besoin tous les jours.

L’application workwell a pour objectif de rendre les collaborateurs plus heureux et plus connectés au travail. Elle répond au besoin des collaborateurs d’accéder facilement au menu de la cantine, à la conciergerie, au covoiturage, sans télécharger une application différente pour chaque besoin. Workwell est donc une plateforme ouverte qui permet de centraliser tous les services au bureau.

application workwell

Application Workwell

Créer un dialogue entre les salariés et le management

Anne-Laure Plessier, co-fondatrice de l’application Cocoom part d’un constat :

 « Ce qu’il y a de plus important dans une entreprise c’est de partager une information qui donne du sens au travail de chacun ».

Elle fait référence aux informations opérationnelles, à l’actualité, à des retours terrain ou encore des expériences. C’est ce type d’informations qui va permettre de briser les silos, de savoir ce qui se passe dans un autre service, et de savoir ce que fait l’entreprise, plus globalement. Et aujourd’hui ça ne fonctionne pas. On a tous essayé l’email, l’intranet ou le réseau social d’entreprise… sans succès.

Pourquoi ?

« Parce que le réseau social d’entreprise, c’est très conversationnel »
nous dit Anne-Laure Plessier.

Et on ne peut pas partager des informations conversationnelles entre les services. Qui de mieux, pour parler de l’entreprise, que ses collaborateurs ? Là où les collaborateurs étaient en récepteurs de l’information, ils deviennent acteurs.

La communication interne devient un pot commun. Et ce sont les collaborateurs qui vont co-créer l’information et l’actualité de l’entreprise dans un média interne qui est 100% ouvert en lecture et en écriture, à tous. La modération se fait par la masse et non par la direction.

Gagner du temps au travail grâce au télétravail

Le télétravail est possible grâce au numérique et à l’évolution des technologies de l’information et de la communication. Il permet de gagner un temps précieux notamment sur le temps du transport domicile-travail : un temps souvent source de stress.

Ce temps gagné peut laisser la place à un gain de sommeil ou à la pratique d’une activité de son choix telle que l’exercice physique ou la méditation. Il favorise donc également l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle en permettant de s’organiser plus facilement, notamment pour emmener / aller chercher ses enfants à l’école.

Le télétravail peut libérer de certaines distractions du bureau, générées notamment par l’open space. Il permet ainsi de se concentrer plus facilement sur un projet et d’être plus efficace. C’est aussi un moyen pour l’entreprise de donner plus d’autonomie et de renforcer la confiance entre l’employeur et le salarié. L’entreprise gagne alors en productivité.

Le bien-être au travail est un axe stratégique pour une entreprise car aujourd’hui une entreprise performante est une entreprise qui s’occupe du bien-être de ses salariés. Le digital permet aussi de remettre l’humain au coeur du travail. La HappyTech va-t-elle changer le monde en changeant le monde du travail ?


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Remerciements
Je tiens à remercier tout particulièrement Samuel Metias pour sa disponibilité et la richesse de notre échange.

Sources : Express, Comeet, interview de Samuel Metias