Dans le cadre de l’appel à projet “Développement de l’emploi en Île-de-France” de la DIRECCTE, Cap Digital, avec le soutien de l’Afdas, a réalisé une étude à propos de l’impact de la data sur la transformation des métiers dans les industries culturelles et créatives. L’étude, principalement qualitative, a été menée auprès de 78 professionnels (48% de dirigeants et DRH) des filières Edition, Presse, Audiovisuel/Cinéma, Publicité/Communication. Elle a permis de mesurer leurs connaissances actuelles en matière de stratégie data, leurs besoins en compétences et en formations, l’impact sur leurs métiers, afin d’en dégager les principales tendances. Quels sont les enseignements de cette étude ?

 

1. Un enjeu stratégique, mais des données sous-exploitées

 

L’étude révèle un écart entre la perception de l’importance de la data, et la maturité réelle de l’entreprise dans ses pratiques actuelles. En effet, la plupart des répondants considèrent la data comme stratégique pour la pérennité de leur activité. Mais plus de la moitié d’entre eux reconnaissent qu’ils sous-exploitent les données à leur disposition, par manque de temps. S’agit-il d’un problème de priorisation ? Dans un contexte économique tendu, les enjeux à court terme sont certainement privilégiés par rapport au moyen/long terme.

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Les professionnels ont également une vision limitée de l’usage des datas. Ils les utilisent surtout pour la connaissance client (71%), mais très peu pour le pilotage de leur activité. Aussi, les typologies de données exploitées se concentrent principalement autour des données de contenu, des données d’usage, et des métadonnées.

 

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Enfin, le manque de compétences en interne est certainement un frein pour avoir une vision claire de sa stratégie data. 64% estiment que leurs collaborateurs ne sont pas assez compétents en matière de datas, et 25% déclarent avoir des difficultés pour recruter des profils travaillant sur les datas. Enfin, 95% affirment ne pas connaître les formations existantes !

 

2. Des compétences et profils data rares

 

Les connaissances théoriques manquantes sont surtout liées à la gestion des bases de données, à leur compréhension, leur structuration, et leur valorisation. Quant aux connaissances techniques manquantes, les outils du Big Data, d’analyse statistique, prédictive et de datavisualisation, sont les plus cités.

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La “perle rare” doit aujourd’hui avoir des compétences théoriques et techniques de pointe. Outre un savoir-faire requis de plus en plus complexe, le savoir-être est aussi un critère important. Le numérique évolue en permanence. Des nouveaux langages, outils, technologies se créent régulièrement. Le collaborateur doit donc faire preuve d’agilité, d’autonomie, et être capable de s’auto-former tout au long de sa vie.

 

3. Des formations data encore peu connues

 

75% des répondants considèrent la formation comme la 1ère solution pour acquérir des compétences en datas.

Pourtant, plus de la moitié des répondants déclarent ne pas avoir de collaborateurs formés aux données, ni même connaître les formations existantes. Ils sont peu enclins à s’engager dans des actions de formation par manque de temps, de moyens, et de priorité pour le sujet.

Toutefois, un petit groupe de répondants (29%) se démarque de par sa volonté à progresser dans l’acquisition de compétences liées aux datas. Ils ont davantage de collaborateurs formés grâce à la formation continue, et semblent satisfaits de l’adéquation de ces formations à leurs besoins. Ils semblent prêts à s’engager dans de nouvelles formations dans un futur proche.

 

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4. Data : des nouveaux métiers par hybridation des compétences

 

Près de 7 répondants sur 10 constatent une transformation de leurs métiers par l’utilisation des données, notamment par l’hybridation de compétences d’univers professionnels différents. Le travail devient collaboratif, et fait appel à des compétences plus transverses. L’économie de la data engendrerait donc des besoins pour des profils poly-compétents.

 

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Des nouveaux métiers, enrichis et hybridés (association de deux compétences d’univers professionnels différents), se sont créés pour chacun des secteurs. Exemple dans le domaine du journalisme qui combine « journalisme + community management », « enquête journalistique + datavisualisation »…

 

Data : métiers émergents secteurs audiovisuel communication édition presse

Data : métiers émergeants par secteur

 

5. Un besoin d’acculturation à la data souhaité par les professionnels

 

70% des répondants souhaitent que Cap Digital développe des actions autour de la sensibilisation aux datas. Pour s’y intéresser, les entreprises (PME notamment) ont besoin de se projeter sur des usages et des cas concrets. Pour certains professionnels, “la rupture numérique est avant tout culturelle et identitaire avant d’être technologique”.

EdFab, pôle d’innovation de Cap Digital, a donc lancé un Programme Flash d’Acculturation aux Données en cette fin d’année 2017. Ces modules, animés par des entrepreneurs et experts qui utilisent les données quotidiennement, permettront aux professionnels d’avoir une vision concrète de leur usage à travers des études de cas.

 

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Conclusion :

 

Les professionnels des industries culturelles et créatives ont parfaitement conscience de l’impact de l’économie de la donnée sur leurs métiers, et de la nécessité d’acquérir des compétences afin de s’y préparer. Cependant, deux freins majeurs sont à noter :

  • le besoin en compétences pointues et transversales rendant les profils de plus en plus difficiles à trouver ;
  • le manque de vision claire et concrète quant à l’utilisation de ces datas, et leur impact réel sur l’activité de l’entreprise.

Les professionnels expriment un fort besoin de sensibilisation aux données, basée sur des cas concrets, afin d’en comprendre les enjeux. Cependant, ils devront avoir une réelle volonté d’inclure la problématique data au coeur de leur stratégie à moyen/long terme : leur capacité à sortir des objectifs à court terme, à mobiliser l’ensemble des collaborateurs, à se donner les moyens de former et innover, seront déterminants pour avancer sur le chemin de l’innovation et de la transition numérique.