La révolutionnaire Blockchain !

Elle est annoncée comme la révolution technologique qui va bouleverser nos économies, nos systèmes de gouvernance et nos interactions sociétales. J’ai nommé: La révolutionnaire Blockchain!

Vous avez très certainement entendu parler de la blockchain, c’était le buzz word 2016 et cela n’a fait que s’amplifier ces deux dernières années.

Elle reste pourtant encore mal comprise par les professionnels qui n’en maitrisent pas encore ni l’usage ni la portée et bien que de nombreuses entreprises se fixent pour objectif l’acculturation de ses fonctionnalités et de ses champs d’application, il n’en reste pas moins que beaucoup se posent encore des questions à son sujet.

Pourtant nous vivons actuellement les prémices silencieux d’une révolution aussi impactante que l’arrivée du web et qui présage une révolution majeure de notre économie dans les années à venir.  D’ailleurs, on lui prédit un bel avenir :

« La blockchain, une révolution qui va changer le monde »1

« Ce serait une révolution comparable à celle engendrée par l’invention du TCP-IP, le protocole qui fait tourner Internet. »1

              « La blockchain, c’est l’ubérisation ultime. Même les services uberisés sur Internet peuvent l’être encore : Uber, Airbnb… »2

« Cette technologie pourrait remettre en cause tout le modèle de société dans lequel nous vivons. Banques, assurances, places financières et de marchés, états et administrations publiques » 3

« La Blockchain pourrait être à l’origine de « la quatrième révolution industrielle » et constituer une rupture aussi importante que celle de l’Internet » 4

Autant de propos élogieux et de superlatifs qui présagent d’un bouleversement de taille qui nous amène à nous poser de nombreuses questions à son sujet :

Finalement, qu’y a-t-il de si révolutionnaire dans la blockchain ? 

Pourquoi est-elle considérée comme la nouvelle révolution numérique ? 

Pourquoi associe-t-on la notion de confiance à la blockchain ?

Via cet article je vous propose de mieux comprendre la technologie qui se cache derrière le mot blockchain, dans un premier temps en définissant cet anglicisme et dans un second temps en mettant en exergue un de ses atouts qui la rend si puissante, ainsi nous pourrons envisager ses champs d’application et son impact sur les marchés.

Pour débuter, qu’est ce donc qu’une Blockchain ?

Le sujet est un peu abstrait au premier abord et ce n’est pas toujours simple de l’appréhender mais ses caractéristiques sont claires et faciles à saisir. « Blockchain » est un terme anglo-saxon qui signifie littéralement « chaîne de blocs ». La définir n’est pas chose aisée, d’ailleurs il y a certainement autant de définitions qu’il y a de sites internet ou d’experts.

Même Laurent Leloup, expert de la blockchain, propose dans son livre « Blockchain, la révolution de la confiance » plusieurs définitions à lire  « crescendo » pour s’approprier le sujet : plutôt simpliste, plutôt littérale ou plutôt technique voire même plutôt généraliste.

Finalement la définition de Wikipédia est encore celle qui convient le mieux:

« Une (ou un) blockchain, ou chaîne de blocs, est une technologie de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle. Techniquement, il s’agit d’une base de données distribuée dont les informations envoyées par les utilisateurs et les liens internes à la base sont vérifiés et groupés à intervalles de temps réguliers en blocs, l’ensemble étant sécurisé par cryptographie, et formant ainsi une chaîne. Par extension, une chaîne de blocs est une base de données distribuée qui gère une liste d’enregistrements protégés contre la falsification ou la modification par les nœuds de stockage ; c’est donc un registre distribué et sécurisé de toutes les transactions effectuées depuis le démarrage du système réparti.»

Les origines de la première blockchain se situent vers 2008. Inventée et développée par un certain Satoshi Nakamoto, elle serait apparue en même temps que la première monnaie numérique Bitcoin, créée dans la volonté de trouver une solution alternative au système bancaire classique qui entre alors dans une des plus grandes crises financières et qui remet sérieusement en cause la confiance qu’on accorde à ce système. Il y a donc un lien très étroit entre bitcoin et blockchain, entre autre parce que la blockchain est la technologie sous-jacente qui supporte les crypto-monnaies et qui en garantit le bon fonctionnement.

Avec du recul, il est intéressant de constater que lorsque Satoshi Nakamoto lança le Bitcoin, la nouvelle cryptomonnaie capta toute l’attention du public. Il faudra bien quelques années pour comprendre que c’est la technologie cachée derrière le Bitcoin qui est la vraie révolution. En effet, si la blockchain est née en même temps que le bitcoin, ce n’est que depuis 3 ans qu’il y a une réelle prise de conscience de la puissance de cette technologie.

En quoi est-elle révolutionnaire ?

Ce qui rend cette technologie si particulière et si novatrice ce sont ses atouts :

1er Atout : Décentralisation et désintermédiation

L’une des forces de la blockchain est d’être une plateforme décentralisée. La plateforme n’est pas controlée par une entité centrale ou un individu, elle fonctionne sans organe de gestion centralisée et sans organe de contrôle unique.

Ce nouveau système organisationnel est l’inverse de celui déjà existant depuis des lustres qui consiste à avoir une entité qui centralise les échanges et les flux. Effectivement, de nos jours, de nombreuses sociétés s’appuient sur cette organisation et jouissent par là même d’un rôle d’intermédiaire.

La dimension organisationnelle sur laquelle s’appuie la blockchain remet en question l’organisation de ses sociétés puissantes ancrées depuis des décennies dans leur système puisqu’elle se substitue à ces structures qui jouaient le rôle « d’organe central ».

Comme l’a bien compris Fabrice Croiseaux, directeur général de la société luxembourgeoise InTech, spécialisée dans le conseil en technologies « La Blockchain a été inventée pour réaliser des transactions en contournant les acteurs centraux traditionnels, c’est-à-dire les intermédiaires, afin de redonner du pouvoir aux utilisateurs finaux ».

Sur le long terme, on pourrait imaginer qu’il ne soit plus nécessaire de consulter les assureurs, les banquiers ou encore les notaires pour effectuer des transactions.  Nous pourrons nous passer de ces tiers de confiance « traditionnels » puisque la blockchain, grâce à ses algorithmes, répondra à ce besoin.

L’arrivée de la blockchain va profondément bouleverser des secteurs d’activités hégémoniques ancrés dans des pratiques centenaires qui profitent de leur rôle de garant de la confiance en centralisant les échanges. Elle est comme « un coup de pied dans la fourmilière » obligeant de nombreux secteurs d’activités à revoir profondément leur mode organisationnel voire même leur business modèle sur le long terme.

« L’économie du XXIe siècle se caractérise par une verticalité et une centralisation forte des organes dépositaires de la confiance : ces banques sont les tiers de confiance garants du système financier, les assureurs sont les tiers de confiance garants de la gestion collective du risque, l’état est le tiers de confiance garant de la sécurité, du droit et de la monnaie. La technologie blockchain offre la possibilité d’un changement brusque de ce modèle organisationnel grâce à un déplacement des dépositaires de la confiance. »4

Dans cette vidéo de Widoobiz, Philippe Rodriguez auteur de « La révolution blockchain » est interviewé au sujet des perspectives de business autour de la blockchain. On découvre ainsi 5 grandes notions qui découlent de la confiance auxquelles pourront répondre la blockchain.




L’avantage qu’induit la décentralisation c’est la désintermédiation des échanges et des transactions. En décentralisation les échanges, on réduit naturellement le nombre d’intermédiaires, de ce fait il y a un impact sur le coût des échanges et les délais de transactions qui sont revus à la baisse.

Il n’est plus nécessaire d’avoir un intermédiaire pour valider les échanges, plus besoin de rémunérer ou de perdre du temps en attendant la validation d’un tiers de confiance pour faire le lien entre deux acteurs ou pour transférer une donnée d’un point A à un point B.

OK, mais comment cela est possible ?

Grâce au « pair à pair » (peer to peer) entre autre.

Faisons un point technique. Le principe de la blockchain est de ne plus stocker les données sur un seul serveur mais sur une multitude de serveurs qui sont représentés par les ordinateurs des utilisateurs du réseau. Les données sont échangées en « pair à pair « c’est à dire d’une machine à une autre machine (sans intermédiaire ou sans organe central). Chaque ordinateur va détenir une copie ou une part de la donnée qui circule sur la plateforme. C’est pourquoi on parle de système de gestion décentralisé.

C’est grâce à ce système qu’on transfère tout simplement la responsabilité de l’exactitude des données (la confiance) vers des milliers d’ordinateurs qui vont nous garantir la fiabilité de l’information. On accorde ainsi notre confiance à un réseau d’ordinateurs plutôt qu’à une organisation humaine.

Pour schématiser un peu, voici une façon de se représenter les interconnexions entre machines :

Organisation architecture blockchain

Architecture traditionnelle vs celle de la blockchain qui est décentralisée

Une blockchain publique (contrairement à la blockchain privée) est ouverte à tous en terme de :

  • Lecture
  • D’usage, d’utilisation, d’écriture
  • De participation au fonctionnement du réseau.

Comme la plateforme est ouverte à tous, elle devient donc lisible, accessible et permet d’avoir facilement la traçabilité de l’information.

On vient de voir la première spécificité de la blockchain et ce n’est pas la seule caractéristique qui rend la blockchain si spéciale. Si vous souhaitez connaître les 2 autres atouts qui font la force de cette plateforme, je vous invite à me suivre pour lire mon deuxième article sur le sujet.

A très bientôt,

A.C.

Sources:

1: Gilles Babinet, Digital Champion pour la France, et Clément Jeanneau, co-fondateur de Blockchain France.

1 Philippe Herlin, lors d’une interview accordée au journal Le Monde en octobre 2015.

2 Par Gilles Babinet, Digital Champion pour la France, et Clément Jeanneau, co-fondateur de Blockchain France

3 Axelle LEMAIRE, ancienne secrétaire d’état aux numérique et à l’innovation, préface du livre « Big Bang Blockchain. La seconde révolution d’internet » de Stéphane Loignon.

4 Blockchain : La finance, moteur des investissements, Delphine Cuny,

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