Qu’est ce que sont la VOD, la SVOD, la TVOD, et l’AVOD ? La vidéo sur internet a le vent en poupe ces dernières années. Screenshot du marché de la VOD en 2016 et décryptage de la chronologie des médias. Netflix, Prime Vidéo (Amazon) et Molotov au crible. 

 

TV, VOD et Cinéma

Vous avez remarqué ? Tout le monde se tire la bourre en ce moment dans le monde de la télé. Canal+ a entrepris une refonte globale pour stopper l’hémorragie de sa perte d’abonnés. Pendant ce temps-là, SFR s’en prend au monopole de Canal+ sur le contenu Premium, et raflait notamment fin 2015 les droits exclusifs de la Premier League, pour mettre en place un bouquet sport réservé à ses abonnés. Et pour cause, la TV traditionnelle se fait bousculer par le digital au point de se dissoudre dans l’univers de la vidéo.

 

Peut-on dire que la TV est morte ?

Clairement non. Elle dispose de nombreux atouts comme ses programmes très captifs en direct, le sport ou encore de grands évènements. Là, l’instant est très important ! Vous me rejoindrez sur le fait qu’à ce niveau, le digital grappille du terrain. Des solutions live proposées par les réseaux sociaux tels que Périscope, Facebook ou Snapchat, au grignotage du sport à l’instar de Twitter qui obtient les droits de diffusion des matches de NFL du Jeudi soir. Cependant, face aux changements d’usages la TV se réinvente c’est certain. Tant dans le fond (ses programmes et de nouveaux concepts éditoriaux) que dans la forme avec le replay notamment. Je vous invite à consulter cet article: Vers la fin de la TV linéaire ? La question est posée !

 

Intéressons-nous de plus près à ces agitateurs digitaux. Un terme vient de plus en plus perturber nos consciences: celui de vidéo à la demande, la VOD (de l’anglais video-on-demand).

 

La VOD c’est quoi ?

Comme son nom l’indique, c’est le fait de pouvoir regarder une vidéo quand on le souhaite. Film, série, documentaire… Démocratisée grâce au digital, la VOD n’est jamais que la modernisation de nos vidéo-clubs. Aujourd’hui, on parle de VOD essentiellement lorsque l’on loue ou achète un film sur sa télévision ou sur une plateforme internet (desktop ou mobile).

Il désigne trois types de service, à savoir:

  • La VOD transactionnelle (ou TVOD en anglais pour Transactional vidéo-on-demand) qui comprend
    • l’achat unitaire et définitif d’une vidéo (ou EST en anglais pour Electronic Sell-Through)
    • la location d’une vidéo (ou DTR en anglais pour Download To Rent)
  • La VOD par abonnement (ou SVOD en anglais pour Subscription video-on-demand)
  • La VOD gratuite financée par la publicité (ou AVOD en anglais pour Advertising video-on-demand)

À noter qu’en français nous trouverons souvent (dans les publications d’organismes publics principalement) ces termes francisés: VàD pour VOD et VàDA pour SVOD.

 

Une histoire de VOD

L’idée de la vidéo à la demande n’est pas récente. Les vidéo-clubs ont connu leur âge d’or au début des années 80. Proposer un catalogue de vidéos sur internet pour se les faire livrer par voie postale quand on veut, où l’on veut, pendant le temps que l’on veut, c’est Reed Hastings qui en a eu l’idée en lançant Netflix aux États-Unis en 1997 en même temps que le DVD sortait.

Puis l’ADSL arrive en 1999 en France et nos connexions 512ko laissent présager la potentielle distribution d’un flux vidéo sur internet. C’est Loïc Ader qui fût le premier en France à lancer sa plateforme VOD avec NetCine.

Il faut attendre 2005 pour que d’autres plateformes de ce genre fleurissent avec Vodeo, TF1 Cinema, NetCine qui après plusieurs rachat devient CanalPlay. C’est bien entendu cette même année qu’apparaît le premier accord interprofessionnel sur la chronologie des médias.

Itunes Vidéo est arrivé en 2008, FilmoTV et M6VOD un an plus tard. Netflix lance sa plateforme de SVOD en 2010 aux États-Unis pour arriver en France en 2014.

 

C’est quoi la chronologie des médias ?

Bien loin de la chronologie des médias américaine moins restrictive, notre réglementation française impose des délais entre la sortie en salle d’un film et sa sortie sous quelque forme que ce soit: VOD, DVD, TV payante, TV gratuite et SVOD (Cf. infographie).

Pour ses partisans, c’est ce qui protège l’industrie du cinéma et ses différents acteurs. La chronologie des médias permet de donner de la valeur au film à sa sortie en salle.

Sans chronologie de diffusion, le film pourrait être très vite essoré (multiplication des diffusions avec une perte d’impact).

Du point de vue de ses détracteurs, c’est “ce qui empêche” un film de sortir plus tôt. Raccourcir les délais de cette chronologie donnerait alors davantage d’impact aux plus petites productions cinématographiques.

 

Infographie de la chronologie des médias

Infographie La chronologie des médias

 

La chronologie des médias de manière vulgarisée, c’est pour que chaque diffuseur ait sa part du gâteau. Sans chronologie des médias, tous les diffuseurs s’opposeraient en frontal, et on devine facilement qui en seraient les vainqueurs. Et cela au risque de perdre certains financements et de n’avoir pour productions que des films voulus pour la TV, à cycle court, avec moins de valeur donc moins d’impact.

Les investissements de Canal dans l’industrie du cinéma sont tels que le Plus ne souhaite pas voir la sortie d’un film sur les services de SVOD se rapprocher de sa sortie sur ses services. On imagine assez simplement une forme de lobbying et de protectionnisme face à ces géants que sont Netflix et Amazon. 

La France est un pays de cinéphiles et le cinéma se porte plutôt bien à en croire les derniers chiffres du Centre National du Cinéma (CNC) avec en 2016, 212 millions d’entrées contre 205 millions en 2015 (+3.6%).

La contrainte réglementaire que pose la chronologie des médias fait que les choses se portent encore bien aujourd’hui, mais comment prédire les effets en salle dans le cas d’un raccourcissement drastique des durées imposées par ces accords ?

 

La bière est du day-and-date. Vous pouvez boire une bière chez vous ou aller en boire une au bar. Tout le monde fait les deux.” Ted Sarrandos, Chief Content Officer de Netflix au sujet de la chronologie des médias.

NDLR: Heureusement pour certains, malheureusement pour d’autres, la réglementation actuelle fait que l’on ne nous propose pas entre boire des bières à volonté chez soi pour 9.99€ par mois ou bien boire une bière dans un bar pour le même prix.

 

Le marché de la VOD

Les services de vidéo à la demande transforment le paysage télévisuel traditionnel. Cela en offrant des fonctionnalités uniques telles que la haute qualité des flux vidéo, une expérience utilisateur drivée par la data et des contenus éditoriaux exclusifs.

Le marché est tiré par quelques principaux facteurs. D’abord l’augmentation des dépenses de consommation sur internet et l’adoption croissante de devices mobiles pour regarder des vidéos en ligne.

Ensuite, l’augmentation poussive de la puissance des réseaux mobiles a permis à la VOD de fournir des services de streaming et de téléchargement plus rapides aux utilisateurs.

La demande de contenu personnalisé et de confort d’utilisation (sans publicité notamment) complète la croissance du marché de la VOD.

La VOD a encore de beaux jours devant elle comme les usages (ATAWADAC) et les chiffres semblent le montrer. Son chiffre d’affaire a augmenté de plus de 21% en 2016 en France. La SVOD semble tirer son épingle du jeu en ayant doublé le sien (+100% par rapport à 2015). À l’inverse, nous pouvons observer un léger recul similaire aux années précédentes de la VOD à la location (-4%).

Marché de la VOD 2016

La meilleure opportunité de croissance aujourd’hui pour la SVOD réside en Asie Pacifique. La région qui comptait un peu plus de 40 millions d’abonnés à un service de SVOD en 2015 devrait en compter près de 160 millions d’ici 5 ans. Principales raisons à cela, d’abord le développement de l’équipement et des usages mobiles. Viennent ensuite l’expansion du très haut débit tant sur le mobile que sur les réseaux domestiques. Et enfin l’amélioration du pouvoir d’achat vient compléter ces raisons.

panorama_svod

 

Netflix, Amazon et Molotov

 

Netflix

Le premier service de SVOD mondial n’en finit pas d’imposer son style et son mode de consommation de la vidéo. C’est son cœur de métier et en tant que leader sur le marché, le service se doit d’anticiper les besoins de ses utilisateurs. En investissant de manière considérable dans la création et l’acquisition, Netflix offre un catalogue exhaustif bien que pas toujours très Logo Netflix VODqualitatif. Une expérience utilisateur unique pour un tarif allant de 7,99€ / mois à 11,99€ / mois selon le nombre d’écrans disponibles en simultané souhaité.

Netflix c’est l’ATWADAC par excellence: Any Time, Anywhere, Any Device, Any Content

Côté séries, Netflix propose ses célèbres Originals: Narcos, Orange is the new black, House of cards, Stranger Things… et de nombreuses autres séries à binge watcher (visionner en rafale). Côté film, on retrouve principalement des films de plus de 3 ans, chronologie des médias oblige, du classique au nanar. L’une des grandes spécificités de Netflix est de proposer beaucoup de contenu régional et une grande variété de documentaires.

 

Le cas particulier de Molotov 

Molotov c’est quoi ? Une nouvelle plateforme lancée courant 2016, qui vient transformer l’expérience télévisuelle en donnant la main à son utilisateur sur la gestion du direct, lui permettant un léger différé, ou de revenir dans le passé de l’émission en Logo Molotv TVcours. D’autres groupes de chaînes TV le font déjà, c’est le cas de TF1, M6… Mais Molotov englobe en une seule application toute cette diversité. Le contenu des 36 chaînes TV de la TNT est gratuit incluant 10 heures de “bookmarks” comme Molotov les appelle (comprendre « enregistrement ») avec 3 extensions payantes à 9,99€ / mois pour avoir accès aux chaînes Ciné+, 3,99€ / mois pour obtenir 100 heures de bookmarks supplémentaires et 9,99€ / mois et plus de 30 chaînes supplémentaires.

 

« Molotov est à la TV ce que Itunes a été à la musique il y a 15 ans. »

 

Prime Vidéo (Amazon)

Avec un investissement considérable pour la création et acquisition de contenus, Prime Vidéo n’a pourtant pas vocation à concurrencer Netflix dont c’est le cœur de métier, selon moi. Pour le prix, Amazon est disponible pour 5,99€ / mois avec une offre de lancement à 2,99€ pLogo Amazon Prime Video VODour les 6 premiers mois. Néanmoins, ce service packagé avec d’autres avantages encore, Amazon Premium devient de plus en plus séduisant…

 

Petite astuce pour les non-inscrits: Allez sur le lien Amazon Premium ci-dessus. Vous voyez la petite ligne “Entre 18 et 24 ans ? Essayez Premium Jeunes: 6 mois d’essai offerts” ? Relativisez votre âge et foncez !

Au niveau du contenu, le service propose l’assez célèbre série « The Man in the High Castle » mais aussi « Transparent » et « Mozart in the Jungle » pour les plus connues. Amazon réussit un coup sur « The Grand Tour », la version 2.0 de Top Gear, émission la plus regardée au monde. Cette nouvelle version détient également un autre record. Celui du nombre de téléchargement illégaux (18,9 millions pour 3 épisodes, plus que Game of Thrones).

 




par Matthieu Deboeuf Rouchon et Lionel Tardy

 

Et le téléchargement illégal, on en parle ?

Bien longtemps certains ont cru qu’une réglementation punitive pourrait mettre fin au téléchargement illégal. À l’échelle du consommateur avec Hadopi par exemple. Ou à une plus grande échelle pour fermer les célèbres sites de streaming ou de téléchargement illégal. Comme zonetelechargement nous l’a encore prouvé dernièrement, un phénix renaît toujours de ses cendres. Se battre contre le téléchargement illégal est-il utile ? Le téléchargement illégal a toujours remis en question le modèle traditionnel des droits d’auteur. Peut-on voir en la VOD une réponse au téléchargement illégal ? Pour Loïc Ader, favorable à une adaptation de la chronologie des médias, La question n’est pas, via quel tuyau je regarde un contenu mais est ce que je paie ou non pour regarder ce contenu.” Pour beaucoup aujourd’hui, la sortie DVD (en même temps que la VOD, +4 mois suivant la sortie en salle) correspond à la date de sortie du torrent équivalent illégal…

 

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Je vous invite également à suivre Pascal Lechevallier, grand spécialiste de la dématérialisation et des médias.