L’arrivée et le développement de l’informatique a laissé place à la révolution numérique. Nous rentrons dans cette nouvelle ère qui fascine tout autant qu’elle questionne. Le changement met à l’épreuve notre capacité à s’adapter mais surtout notre capacité à apprendre. Nous devons accompagner nos enfants dans ce tournant technologique afin qu’ils développent leur esprit critique, notamment avec l’émergence de l’intelligence artificielle. La maîtrise du codage est le premier outil qui leur permettra d’appréhender au mieux les enjeux de demain. Il est essentiel de s’engager sur un programme de société basée sur l’éducation et la formation.


Nous devons préparer les enfants pour des métiers qui n’existent pas encore et qui permettront de résoudre des problèmes qui n’ont pas encore été identifiés, en utilisant des technologies qui n’ont pas encore été inventées.

Chercheur Thomas Frey, directeur du Da Vinci Institute
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Avant d’aller plus loin, démystifions le codage avec le mot « code » . Le code informatique est un langage qui permet à un humain de programmer un logiciel ou un ordinateur. C’est à l’aide du code informatique que l’on conçoit des jeux vidéo, des sites Internet, des applications mobiles ou même des robots. Il s’agit d’une langue, que l’on appelle langage de programmation

Le codage, une méthode empirique

Bien avant la révolution numérique, dans le années 1960, le pionnier de l’intelligence artificielle, Seymour Paperte mettait en lumière l’intérêt des nouvelles technologies sur l’apprentissage.Les travaux de Jean Piaget (psychologue et biologiste) à travers le lien existant entre l’enfant épistémologue et la cybernétique ont servi de base à la réflexion de Seymour Paperte. Ainsi, le père de l’informatique éducative à développé au MIT (Massachussetts Institute of Technology) le langage de programmation Logo. Cette petite tortue permet à l’enfant de programmer l’ordinateur, en établissant une relation intime avec lui et s’exerce à l’art de bâtir des modèles intellectuels. Il s’agit notamment d’apprendre par la manipulation comme on le ferait avec une langue étrangère.

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IREM Paris Nord

L’importance de l’école et des institutions publiques dans la révolution numérique

L’éducation est un levier qu’il faut considérer avec la plus grande attention dans cette révolution numérique. Il s’agit de donner à nos enfants les clés afin d’être armés pour ces nouveaux métiers dont la quasi-totalité seront concernés par le numérique.

Un des rôles de l’école doit être de préparer les enfants à vivre dans un monde qui n’existe pas

Albert Camus

Le système éducatif Français a pris conscience de l’intérêt de programmer pour apprendre avec le développement des activités de fabrication et de création autour des objets numériques dès l’école primaire (programmation de robots par exemple). Ainsi, le Plan numérique pour l’éducation lancé en 2016, comprend également une sensibilisation aux algorithmes dès l’école maternelle et ensuite une initiation au codage en école primaire. Le code devient une matière obligatoire entre le CP et la 3ème et la programmation fait partie des épreuves du brevet.

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Algorithme à l’école maternelle – webinstit.net

Cet engagement de l’état doit encore s’accentuer. En effet, Laurent Alexandre va jusqu’à demander un « état d’urgence éducatif », afin de remettre à plat le système éducatif français. Il est certain que nous sommes encore loin du mouvement lancé par Barack Obama en 2013 demandant à tous les jeunes américains, à travers le codage, de créer leur propre jeu vidéo.

La volonté de faire avancer les choses se retrouve également à travers la Code Week (6ème édition 2018) où les différents pays Européens célèbrent pendant deux semaines l’apprentissage du code et la programmation. Des ateliers permettant d’initier les jeunes au codage et à la culture numérique de manière ludique avec la dimension de citoyenneté numérique. L’école doit « apprendre à apprendre » pour faire face à la révolution numérique. A titre d’exemple, à l’Ecole 42 créée par Xavier Niel, les étudiants évoluent sans professeurs, apprenants par eux même à maîtriser de nouveaux langages informatiques.

Acquérir la maîtrise du codage, c’est acquérir des compétences humaines

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Nous pensons que si nos enfants sont trop proches des ordinateurs, ils se coupent des autres et réduisent les interactions avec eux. Or, leur donner accès au langage informatique, c’est mettre l’accent sur une éducation créative, critique et responsable au numérique. C’est un levier puissant qui leur permet de comprendre comment le monde fonctionne pour devenir des citoyens maîtrisant les nouveaux usages numériques. Nous parlons aujourd’hui de plus en plus de soft skills sur le marché de l’emploi, c’est à dire, que les employeurs recherchent avant tout un savoir être plutôt que des compétences techniques. La capacité à acquérir de nouvelles connaissances sera plus importante que la connaissance elle-même. Notre rôle en tant que parents est de transmettre des valeurs permettant aux enfants d’être des futurs adultes respectueux qui appréhendent les nouveaux enjeux sociétaux de la révolution numérique.

L’apprentissage du code a un rôle à jouer en insufflant des qualités intrinsèques. Grâce à la programmation et au code, l’enfant va apprendre en expérimentant. Il va développer un esprit logique et un esprit de synthèse en simplifiant le besoin. Contrairement à la culture américaine, nous avons du mal en France à rebondir sur l’échec. Or, dans cet univers informatique, l’enfant expérimente par l’erreur et ne ressent pas de frustration car il peut la corriger immédiatement. Se tromper, n’est plus une peur mais un moyen pour atteindre son objectif et acquérir une expertise.

Tant que l’environnement est bienveillant, il va développer également sa créativité et sa capacité à concevoir tout en conservant un esprit rigoureux et concentré. L’expérimentation permet également de développer la collaboration, l’intelligence collective et la résolution de problèmes complexes. Coder, c’est leur transmettre une philosophie, au-delà de la simple technique. Il s’agit d’un atout incontestable dans cet ère de la révolution numérique.

Coder, c’est les préparer au futur monde du travail

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Selon un rapport de Dell et de l’Institut pour le Futur, la notion même du travail sera modifiée avec la disparition de certains métiers au profit de l’avènement du numérique et de la robotisation. Les salariés seront beaucoup plus nomades dans leur carrière notamment avec un nombre très importants de Freelance. Les experts participants ont déterminé 3 phases de développement numérique :

  • Simple imitation de la pensée logique
  • Avènement d’une véritable intelligence cognitive, capable d’imaginer des solutions, d’interpréter des données, même imparfaites
  • Apparition de l’être humain virtuel, pour après 2030.

Les ateliers de codage, des outils pour nos enfants

Aujourd’hui, des acteurs engagés nous donnent les moyens d’initier les enfants au codage informatique. Au regard de l’essor des nouvelles technologies, ces acteurs sont de plus en plus nombreux et j’ai fait le choix de faire un focus sur deux portraits inspirants.

Coder sans écran avec des enfants de 3 ans avec Amélia Matar

Combien de fois avons-nous entendu dire que les enfants sont des éponges ? C’est avant l’âge de 6 ans qu’ils apprennent la langue maternelle et, selon la pédagogie de Maria Montessori,  l’enfant bénéficie d’une période de sensibilité particulière entre 3 et 6 ans, où il apprend avec aisance. S’initier au langage codé à cette période, permettrait une assimilation optimale.

Amelia Matar, fondatrice des ateliers pédagogiques Colori, propose des ateliers de découverte du code et de la technologie d’inspiration Montessori, pour les 3-6 ans. Elle conçoit ses propres outils à l’aide de jeux développés par une start-up incubée au MIT, Learning Beautiful et le robot Cubetto.Ce robot en bois destiné aux enfants de moins de 6 ans, développé avec des éducateurs Montessori, apprend à l’enfant les bases de la programmation informatique par le jeu et l’imaginaire. L’enfant réalise une ligne d’instruction grâce à des blocs introduits dans un panneau en bois. Le robot exécute le programme de l’enfant sur une nappe posée au sol, le but étant pour les enfants de manipuler et de comprendre que les robots ont des émotions et un fonctionnement différents d’eux. https://www.colori.education/

Ateliers pour les enfants de 6 à 15 ans avec Claude Terosier

Il ne faut pas subir le numérique, il faut le comprendre. Le codage informatique est une question de pédagogie, à commencer le plus jeune possible

Claude Terosier

Le code gère nos vies privées et notre quotidien. Tout est passé au format numérique. Les enfants doivent être sensibilisés au fait que derrière chaque application, chaque outil du quotidien au sens large, il y a une action humaine. Le numérique est une opportunité d’inventer des solutions aux nouveaux enjeux de demain. Les profondes mutations sociétales dans lesquelles grandiront nos enfants doivent être intégrées dans leur système d’apprentissage. Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers, démystifie le code et apprend aux enfants à donner des instructions à une machine. Elle s’appuie sur un logiciel d’apprentissage du code en accès libre, Scratch Junior, développé par des chercheurs en sciences sociales du MIT, avec les méthodes de la pédagogie active. L’enfant raisonne, expérimente et il est fier de créer quelque chose à la fin de chaque stage.

Le numérique est un moyen d’accéder à la parité. Aujourd’hui, seulement 27% des emplois numériques sont occupés par des femmes. Claude Terosier, lauréate du prix de l’innovation Elles de France, porte fièrement cette idée que les petites filles peuvent aussi prendre le pouvoir sur la technologie pour ne pas se priver d’une carrière demain. A l’heure de la révolution numérique, il est essentiel que cette discipline plutôt masculine, soit également saisie par les filles. https://www.magicmakers.fr/

Pour conclure…

Les débats autour du temps passé devant les écrans sont nombreux mais l’important est de fixer un temps dédié et de le respecter. Programmer le numérique, c’est devenir acteur et utiliser de nombreuses compétences. A travers les robots par exemple, la partie écran est toujours présente mais l’enfant touche les composants, réfléchit à la conception. Il faut mettre en place une « hygiène digitale » comme l’explique Maxime Kouchnir, le cofondateur de MoonKeys : « Nous aurons beau les interdire, aujourd’hui, les écrans sont là, nous ne pourrons plus faire sans ». Il propose des ateliers de reporter digital et de storytelling pour transmettre aux enfants une culture générale du numérique afin de maîtriser la révolution numérique.

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire:

Sources: